La 61ème session du sommet des Chefs d’Etat de la Communauté Economique des Etats de l’Afrique de l’Ouest s’est tenue ce dimanche 3 juillet 2022 à Accra au Ghana. Cette rencontre statutaire de la CEDEAO a été l’occasion de statuer sur plusieurs questions d’importance pour la communauté.
Les sujets qui ont été les plus en vue étaient la position adoptée par l’organisation sous régionale sur les situations nées de l’irruption des armées sur les scènes politiques dans trois (3) de ses pays membres.
Sur le Mali, les dirigeants ouest-africains ont levé les sanctions commerciales et financières qui étouffaient depuis janvier dernier, ce pays plongé dans une grave crise politique et sécuritaire. « Le sommet a décidé de lever toutes les sanctions économiques et financières à partir de ce jour mais maintient les sanctions individuelles et la suspension du Mali des organes de la CEDEAO jusqu’au retour à l’ordre constitutionnel », a déclaré, lors d’une conférence de presse, Jean-Claude Kassi Brou, président sortant de la Commission de la CEDEAO.
Le Mali, pays enclavé au cœur du Sahel, a été le théâtre de deux coups d’Etat militaires en août 2020 et en mai 2021. La crise politique va de pair avec une grave crise sécuritaire en cours depuis 2012 et le déclenchement d’insurrections indépendantistes et djihadiste dans le nord. « Les Chefs d’Etat ont précisé que conformément à la charte, les militaires de la junte ne peuvent pas être candidats à l’élection présidentielle », a ajouté un autre responsable de la CEDEAO.
L’adoption d’une nouvelle loi électorale ouvrant la voie à la candidature d’un militaire à l’élection présidentielle demeurait un possible point de blocage dans les négociations qui durent depuis des mois.
Autre mesure forte prise au cours du sommet de la Communauté économique des États de l’Afrique de l’Ouest (CEDEAO), l’accord avec le Burkina Faso sur un calendrier de 24 mois avant le retour des civils au pouvoir à compter du 1er juillet 2022. « Sur le Burkina Faso, nous avons demandé à la junte de revoir sa copie. Elle demandait 36 mois. Aujourd’hui, tout le monde est d’accord que c’est 24 mois de transition à compter du 1er juillet 2022 », a également assuré un participant au sommet.
Lors de sa visite samedi dernier à Ouagadougou, le médiateur de la CEDEAO, l’ex-président nigérien Mahamadou Issoufou, a convaincu la junte au pouvoir depuis fin janvier, de baisser la durée de la transition de 36 à 24 mois. Dans ce pays aussi frappé par les attaques jihadistes, M. Issoufou avait salué « l’ouverture au dialogue » des militaires et dit avoir « échangé sur le chronogramme de la transition », présenté mercredi dernier aux leaders politiques. Ces dispositions, ajoutées à la libération de l’ancien président Roch Marc Christian Kaboré ont pesé pour éviter à ce pays des sanctions de la communauté.
Les autorités de la transition burkinabè prévoyaient jusqu’alors les dates du 24 décembre 2024 pour un référendum constitutionnel et du 25 février 2025 pour la tenue d’élections législatives et présidentielle. Le nouveau calendrier n’a pas encore été annoncé.
Sur la Guinée, les leaders ouest-africains ont par ailleurs rejeté dimanche dernier, « les 36 mois de transition proposés par la junte guinéenne sans annoncer de nouvelles sanctions », a indiqué M. Brou. Ils ont nommé un nouveau médiateur, en la personne de l’ancien président béninois, Thomas Boni Yayi, un préalable indispensable pour de nombreux partis d’opposition afin de participer au dialogue voulu par le gouvernement. Par contre, aucune sanction supplémentaire n’a été prise à l’encontre de la Guinée.
En outre, l’organisation s’est choisie un nouveau président en exercice en la personne d’Umaro Sissoco Embalo, président de la Guinée-Bissau, lui aussi victime d’une tentative de Coup d’Etat en février dernier. Le président Embalo présidera ainsi aux destinées de l’organisation, tandis que l’ivoirien Jean-Claude Kassi Brou passe la main au Gambien, Omar Alieu Touray à la présidence de la Commission. Cette dernière a connu également une refonte. Celle-ci passe de 15 commissaires à 7 grâce à la fusion des Départements.
Oumou Gado
Niger Inter Hebdo N°70 du mardi 5 juillet 2022