Le Sommet des Chefs d’Etat de la CEDEAO, tenu le 4 juin dernier à Accra, a nommé l’ancien Chef de l’Etat du Niger, S.E.M. Issoufou Mahamadou en tant que médiateur de la CEDEAO au Burkina Faso. Contre toute attente, le Congrès pour la Démocratie et le Progrès (CDP), formation politique de l’ancien président burkinabè, Blaise Compaoré a, dans une déclaration, demandé au gouvernement de la transition, de récuser Issoufou Mahamadou comme médiateur de la CEDEAO. Les raisons de ce combat d’arrière-garde de Blaise Compaoré et ses sbires.
« Monsieur Issoufou, dans un passé récent, s’est illustré comme un acteur déterminant et de premier ordre dans des crises antérieures que notre pays a connues. Il a par ses soutiens politiques, diplomatiques et financiers, contribué à installer la chienlit dans notre pays en 2014. C’est ainsi qu’au Burkina Faso, personne de bonne foi ne peut nier l’implication personnelle de Monsieur Issoufou sur les évènements d’octobre 2014 », affirme le CDP dans une déclaration rendue publique, le 12 juin 2022.
D’aucuns se demandent à quoi rime cette posture peu diplomatique d’un parti politique de la trempe du CDP ? Le médiateur de la CEDEAO n’a-t-il pas un agenda et une mission à lui assignés par l’institution communautaire ?
Pour comprendre les allégations du CDP, il faut se référer à l’histoire récente du Burkina Faso, notamment le putsch manqué du Général Diendéré.
En effet, « l’ancien président du Niger est le seul Chef d’Etat qui s’était opposé ouvertement au Coup d’Etat de Gilbert Diendéré en 2015 au Burkina Faso. Mahamadou Issoufou, était à l’époque, un des médiateurs de la CEDEAO pour le Burkina Faso. Il déclarait faire ‘’confiance au peuple burkinabè’’, c’est un peuple qui a fait preuve d’une maturité politique », peut-on lire sur le site Libreinfo.net
Dienderé et ses acolytes tenus en respect par Issoufou Mahamadou
Lorsque le régime de Blaise Compaoré agonisait, nos Chefs d’Etats n’avaient pas senti ce beau « lever du soleil » qu’est la révolution bis au Burkina Faso.
En forçant la main au contre-révolutionnaire Dienderé et ses acolytes de ce tristement célèbre régiment de la garde prétorienne de Blaise d’aller voir ailleurs, le président Issoufou avait réussi un coup de maître, redorant ainsi le blason de la CEDEAO que d’aucuns considéraient alors, comme un machin, genre « syndicat des Chefs d’Etats ».
En effet, après un compromis boiteux obtenu par Macky Sall et Eyadema junior, le président Issoufou est allé, au nom de la CEDEAO, exiger « le retrait pur et simple du général Diendéré pour respecter l’esprit du peuple burkinabè ».
C’est un fait, Issoufou Mahamadou a réalisé cet exploit, en faisant respecter la volonté du peuple burkinabé qui s’est battu de haute lutte pour se débarrasser des corrompus d’hier, honnis par le peuple et qui voudraient tricher en récupérant les acquis de la seconde révolution de ce pays sous les oripeaux de fallacieux prétextes mettant en avant les principes démocratiques.
Dès la survenue de cette imposture, les observateurs avertis savaient que cette forfaiture est sans lendemain au vu de la détermination du peuple burkinabè à tourner définitivement la page Blaise et ses faucons et également la flagrance de cette mésaventure qui va à contre-courant du sens de l’histoire.
En effet, cette sortie par la petite porte des militaires usurpateurs du pouvoir du peuple burkinabè est non seulement humiliante mais aussi gravera à jamais un très mauvais souvenir de ce général et ses hommes comme étant indignes de l’intrépide peuple burkinabè. Et on le sait, le général Diendéré n’était que le bras armé de Blaise Compaoré depuis qu’ils ont concocté ensemble le plan diabolique d’assassinat de Thomas Sankara.
C’est justement le péché original d’Issoufou Mahamadou aux yeux du CDP et ses pères fondateurs. Mais ce parti de réactionnaires est loin d’incarner l’esprit du peuple burkinabè épris de paix et de justice. Nous avons entendu des burkinabè déclarer : « Qui mieux que le président Issoufou pour accompagner le Burkina Faso à retrouver une vie constitutionnelle normale ? ».
Les burkinabè dignes et progressistes n’ont que de l’estime et du respect à S.E.M. Issoufou Mahamadou qui a pris le risque de se mettre du côté du peuple burkinabè à un moment décisif de son histoire. Blaise Compaoré et sa camarilla sont mal placés pour faire la leçon à Issoufou qui a su sortir par la grande porte de l’Histoire.
A notre humble avis, le Congrès pour la Démocratie et le Progrès (CDP) a raté une belle occasion de se taire. Les Chefs d’Etats de la CEDEAO ont choisi Issoufou Mahamadou pour sa connaissance du Burkina Faso mais aussi et surtout pour les valeurs qu’il incarne. Nul n’est surpris de voir les leaders du CDP ramer à contre-courant de l’Histoire. Cela traduit simplement la posture du grand loser, alias Blaise Compaoré, l’assassin……. de Thomas Sankara.
Elh. M. Souleymane
Niger Inter Hebdo du mardi 14 juin 2022