Un peu plus d’une semaine après le verdict rendu par la Cour de justice de la CEDEAO dans le différend qui l’oppose à l’Etat du Niger, le candidat malheureux au second tour de la présidentielle du 21 février 2021, Mahamane Ousmane, également président du RDR Tchanji, a finalement brisé le silence. Il s’est adressé le 9 juin dernier dans un message qu’il dit adressé au « peuple nigérien », mais qui, dans les faits, est destiné à ses militants et alliés qui ont soutenu sa candidature à la présidentielle. A tous ses soutiens, Mahamane Ousmane dit avoir « pris acte de ce délibéré en attendant de recevoir l’arrêt de la Cour », puis de leur expliquer les principales motivations qui l’ont conduit à « exercer un recours judiciaire » devant la Cour de justice de la CEDEAO.
Dans cette adresse, Mahamane Ousmane a d’abord rendu hommage aux différentes coalitions des partis politiques qui l’on aidé à réaliser un score appréciable au deuxième tour de la présidentielle passée. « Ce résultat, je le dois en grande partie en réalité à leurs efforts constants, fécondés par la large Coalition qui m’a accompagné », a-t-il souligné.
Il a en outre tenu à remercier tous ceux qui ont été sensibles à sa vision et qui lui ont témoigné de leur soutien dans sa lutte pour la conquête du pouvoir d’Etat. « Je remercie chaleureusement les militantes et militants des partis politiques et des organisations de la société civile et autres leaders d’opinion ainsi que leurs militantes et militants, qui m’ont soutenu dans cet exercice de recherche d’un renouveau démocratique et républicain pour notre pays », s’est-il réjouit.
S’exprimant à propos de la détention de certains de ses militants et alliés, une détention qu’il qualifie d’ailleurs d’« illégale », dont celle de Hama Amadou (autorité morale de Lumana) qui fût son plus grand allié et du général à la retraite, Moumouni Boureima, Mahamane Ousmane a exigé de l’Etat du Niger, « la libération immédiate et sans condition ainsi que celle de tous ces prisonniers politiques et d’opinion ».
Aussi, tout en reconnaissant avoir « épuisé toutes ses voies de recours judiciaires », Mahamane Ousmane a tenu, toutefois a expliqué à ses militants, les motivations pour lesquelles il a saisi la Cour de justice de la CEDEAO d’une plainte contre l’Etat du Niger pour violation de ses droits.
Il énumère ces motivations en 13 points, dont entre autres : « faire rétablir la vérité des résultats issus des urnes par l’annulation des tous les chiffres indument proclamés suite à des violations des dispositions légales en vigueur, tant sur le plan national qu’international » ; « des élections organisées en violation des dispositions, non seulement du Traité Révisé de la CEDEAO et du Protocole sur la Démocratie et la Bonne Gouvernance, mais aussi en violation de certaines dispositions de nos textes législatifs et règlementaires nationaux » ; « le refus délibéré de l’Etat du Niger, en violation des textes de la CEDEAO, de créer et mettre en place le cadre, les moyens et les structures chargées de régler certaines questions relatives aux élections avant la tenue de ces dernières pour qu’elles puissent se dérouler de manière apaisée » ; « le blocage du CNDP à dessein » ; « une CENI perçue par les compétiteurs que nous sommes, comme non indépendante…» ; « les braquages avec des armes à feu contre les délégués de l’opposition…, » ; « organisation des fraudes massives lors du scrutin » ; « la précarité de la vie quotidienne des nigériens.. » ; etc.
Mahamane Ousmane d’expliquer aussi avoir « choisi cette voie de droit, en toute responsabilité, de manière à préserver notre pays des conséquences très fâcheuses, généralement constatées dans de nombreux pays aux situations comparables ».
Mieux, a-t-il souligné, « nous avons estimé qu’un pays comme le nôtre, très fragile, tant du point de vue de sa position géopolitique et géostratégique, que de sa situation intérieure, ne doit pas être exposé à des situations de violences encore plus difficilement gérables », avant de confesser que « jamais, je ne privilégierai la force sur le droit » et d’ajouter que « la démocratie se fonde aussi sur le respect des lois et règlements qui régissent l’Etat de droit ».
Oumar Issoufa
Niger Inter Hebdo du Mardi 14 juin 2022