Spéculation autour du prix du gasoil : Abba Issoufou vent débout pour résorber la pénurie du gasoil !

C’est un secret de polichinelle, la crise des hydrocarbures notamment le gasoil, inhérente à la crise russo-ukrainienne affecte le monde entier. Dans la sous-région les titres de nos confrères du Sénégal, du Burkina Faso, du Bénin, du Togo, de la Cote-d’Ivoire, du Nigeria, etc. en disent long sur l’acuité de la pénurie dans ces pays. Face à la spéculation autour du prix du gasoil, les autorités nigériennes décident de suspendre l’exportation de ce produit ainsi que la fermeture des stations-services prises en flagrant délit d’exportation frauduleuse ou de spéculation sur les prix à la pompe lesquels restent inchangés. D’autres mesures vigoureuses prises par le ministre du pétrole sont en passe de résorber conséquemment la pénurie observée il y a quelques jours

 

Suspension de l’exportation du produit

Dans un communiqué publié en fin mai, le Ministère du Commerce et le Ministère du Pétrole décident de la suspension immédiate de l’exportation du gasoil à partir du mercredi 1er juin 2022 et la fermeture des stations-services prises en flagrant délit d’exportation frauduleuse ou de spéculation sur les prix à la pompe. Le communiqué souligne que le marché international des produits raffinés « connait aujourd’hui une perturbation sans précédent en raison de la guerre en Ukraine ».

Selon le communiqué conjoint du Ministère du Commerce et du Ministère du Pétrole, « cette crise a entrainé une hausse substantielle des prix à la pompe dans la plupart des pays du monde. » C’est ainsi que le cours du baril du pétrole brut est passé de 80 dollars en janvier 2022 à 123 dollars aujourd’hui. Une situation qui semble entrainer la spéculation sur le prix du gasoil « ainsi qu’un début de raréfaction de ce produit consécutif à des ventes frauduleuses des quantités destinées à la consommation nationale vers l’extérieur. Ce, malgré une augmentation de 30% de l’approvisionnement en gasoil sur le marché domestique », ajoute le même communiqué.

Autre raison qui explique la hausse des prix du gasoil, serait, selon le chargé de communication de la SONIDEP, Abdourahamane Bio, rapporté par la presse, le retrait de 100 millions de litres de gasoil « suite à un excès de méthanol qui ne répond pas aux spécifications du Nigeria ». Naturellement, poursuit-il, « les villes frontalières du Nigeria viennent au Niger, dans les stations, pour acheter des produits. Il y a des jeunes nigériens qui ont fait de ça une opportunité et qui en font une activité et il y a des nigérians qui viennent pour prendre ». Selon Abdourahamane Bio, certains marketeurs qui achètent pour la vente à l’intérieur du Niger créent des subterfuges pour les vendre au Nigeria. « Cette situation a eu comme conséquences une vente à forte croissance du gasoil dans les stations-services, ce qui crée la rareté du produit sur le marché », explique-t-il.

Pour faire face à toute éventualité, la SORAZ a fait un stockage supplémentaire (de 46 citernes pour le programme journalier de la SONIDEP, il passe à 60 citernes). « Mais le stock de la SORAZ est épuisé », se désole-t-il. Face au problème d’approvisionnement qu’elles rencontrent dans leur approvisionnement en fuel lourd « qui n’est plus accessible sur le marché international », deux sociétés d’électricité ont demandé du gasoil à l’Etat à travers la SONIDEP. « Nous avons orienté 10 citernes à ces sociétés là, ce qui fait que dans les 46 citernes, c’est 36 qui nous reste, parmi lesquels, nous envoyons 4 à l’exportation pour honorer les engagements pris avec les clients. A partir du 3 mai passé, on a arrêté de prendre de nouvelles commandes », a indiqué Abdourahamane Bio.

La boulimie de certains marketeurs en cause…

Le communiqué conjoint du Ministère du Commerce/Ministère du Pétrole, explique que pour sécuriser la consommation nationale, depuis le 03 mai 2022, « l’exportation du gasoil a été réduite de 75% et des mesures ont été prises par la SONIDEP et la SORAZ pour préserver et enforcer le stock national de sécurité », explique la même source. » Pour autant, le Ministère du Commerce et le Ministère du Pétrole ont tenu à rappeler aux marketeurs, que « les prix à la pompe restent inchangés et qu’ils s’exposent à des sanctions administratives et pénales en cas de non-respect de la réglementation en vigueur et de la structure des prix ».

Très malheureusement c’est le manque de patriotisme et la cupidité de certains marketeurs qui est en cause dans la pénurie constatée il y a quelques jours dans les stations. En effet, profitant du contexte international favorable à leurs affaires, les distributeurs ont préféré perturber le circuit de distribution au niveau national en exportant le gasoil destiné à la consommation domestique.

C’est justement pour résorber la forte demande domestique créée de toutes pièces par des marketeurs véreux que le ministre du Pétrole Sani Issoufou Mahamadou a instruit la SORAZ à procéder dès dimanche 4 juin dernier au chargement de 38 camions citernes de gasoil soit 2,2 milions de litres. La SORAZ est également instruite pour charger 46 camions citernes tous les jours à compter de ce lundi 6 juin 2022. Grâce à la prompte réaction du jeune et dynamique ministre du pétrole, il n’y aura pas de crise de gasoil au Niger. Les choses commencent déjà à se stabiliser. Les consommateurs se rendent comptent à l’évidence de la disponibilité de la précieuse ressource à la pompe.

Il faut noter qu’au Niger, le gasoil est consommé, pour l’essentiel par les camions, notamment ceux de transport de marchandises. La rareté ou le renchérissement du prix d’un tel produit risque d’avoir des répercussions sur les prix de certains produits de première nécessité. C’est pourquoi après une réunion de crise avec l’ensemble des acteurs notamment la SORAZ, la SONIDEP et les marketeurs, le ministre Sani Issoufou Mahamadou a annoncé des mesures pour une meilleure desserte du circuit de distribution nationale à la grande satisfaction du consommateur.

Face aux défis, Abba Issoufou ne désarme pas…

L’affirmation de la souveraineté nationale est, sans conteste, l’autre challenge du jeune ministre Abba Issoufou. Il y tient comme à la prunelle de ses yeux. Tenez : au moment où quelques-uns ont trouvé le malin plaisir de créer cette pénurie artificielle, des cadres expatriés de la SORAZ ont osé aggraver la situation en perturbant l’approvisionnement de la SONIDEP. N’eut été la diligence et la fermeté du ministre du pétrole, ces cadres chinois allaient apporter de l’eau au moulin des marketeurs véreux. Et la situation allait être plus compliquée. Ce n’est qu’un aspect des actions de sape que gère le ministre du pétrole en tenant à réaffirmer la souveraineté nationale. C’est pourquoi il entend, sans complexe aucun, asseoir la bonne gouvernance dans le secteur du pétrole. Il y va de l’intérêt de notre pays. Au regard de la disparité de traitement entre les cadres nigériens et les cadres chinois à la SORAZ et à WAPCO, Abba Issoufou est en passe de poser les jalons d’une administration juste et équitable dans le traitement fait aux uns et aux autres. Pour le jeune ministre, l’écart abyssal du traitement fait aux cadres nigériens et les cadres chinois est tout simplement scandaleux. C’est une question de bonne gouvernance et il entend attaquer ce problème même si par ailleurs cela n’est pas du goût de certains partenaires. Et que dire du transfert de la technologie ?  Le ministre Sani Issoufou Mahamadou a son plan et il entend à moyen et long termes que les nigériens soient à jour dans ce domaine. Abba Issoufou entend faire bouger les lignes avec le soutien du président Bazoum qui a pris l’engagement de voir l’Etat du Niger assumer la plénitude de sa souveraineté dans ce secteur stratégique. C’est conscient de tous les enjeux pour notre pays que le ministre Abba Issoufou a réitéré à l’endroit de nos partenaires que l’Etat n’accepterait aucun chantage.

C’est pour cette raison qu’en dépit de toutes les spéculations autour des hydrocarbures, le Niger a su conserver le luxe d’avoir le prix le plus bas à la pompe pour le pétrole comme pour l’essence dans la sous-région. « Même si cela pourrait constituer un manque à gagner pour la SONIDEP et la SORAZ, l’Etat a décidé de privilégier les besoins nationaux à savoir les intérêts du consommateur », nous a confié Abba Issoufou contacté par nos soins.

Tiemago Bizo et Almoustapha Aboubacar

Niger Inter Hebdo N°66 du mardi 07 juin 2022