Affaire/commande des vaccins au ministère de l’élevage : Beaucoup de zones d’ombre à élucider !

L’affaire d’achat et de livraison de « 7 millions de doses de vaccins contre la Péripneumonie contagieuse bovine, 22 millions de doses de vaccins contre la Peste des Petits Ruminants (PPR) et 29 millions de doses de diluants », commandés par le ministère de l’élevage, à travers le Projet Intégré de Modernisation de l’Elevage et de l’Agriculture au Niger (PIMELAN), placée sous sa tutelle, continue à faire grincer des dents au Niger.

De plus en plus, des voix s’élèvent pour non seulement dénoncer la manière dont le marché à été attribué à la société « Camavet Sarl » mais aussi le flou qui entoure l’achat et la réception desdits produits.

S’agissant de l’attribution du marché qui s’élève à plus d’un milliard de Fcfa et dont l’Appel d’Offres International lancé en 2021 avait été annulé pour « vice de procédure » comme en atteste la correspondance en date du 27 janvier 2022, adressée par le secrétaire général du ministère de l’élevage aux soumissionnaires pour les informer de « l’annulation dudit marché », des zones d’ombre persistent encore sur comment et pour quelle raison, la société « Camavet Sarl » a été rappelée, une dizaine de jours après que ledit marché ait été annulé, pour lui être attribué finalement.

Des préoccupations toutes légitimes surtout que le marché attribué à « Camavet Sarl » a été fait par « entente directe », apprend-on.

Tout comme les soumissionnaires écartés du marché, des acteurs de la société civile œuvrant pour la transparence dans la gestion des affaires publiques parlent d’affairisme à travers « la violation des procédures de passation de marché », notamment « la mise en concurrence préalable », mais aussi de « rupture d’égalité de chance d’accéder à une commande publique ».

Des faits graves pour lesquels il importe aux services compétents de l’Etat de mener des investigations pour éclairer la lanterne des nigériens sur les raisons ayant guidé au choix de la société « Camavet Sarl » pour exécuter le marché.

Plus grave dans ce dossier, l’on parle de fraude dans la livraison des produits commandés. Ainsi, en réaction à un point de presse qu’aurait tenu le coordonnateur du PIMELAN, annonçant l’arrivée et la réception, le 28 février et le 7 mars 2022 de tous les produits commandés, à savoir « les 29 millions de doses de vaccins et 29 autres millions de doses de diluants », Anawar Abdoulaye, un activiste des réseaux sociaux qui s’est intéressé à cette commande, a émis des grosses réserves, documents à l’appui, quant à l’acquisition, par l’Etat du Niger, de cette quantité de doses de vaccins et diluants.  Après vérifications au niveau des services SUMMA de l’Aéroport International Diori Hamani de Niamey et de la douane sur la base des détails des vols qu’a donnés le coordonnateur du PIMELAN, a souligné Anawar Abdoulaye, « nous avons procédés à des vérifications. Dans tout ce qu’il a annoncé, on a pu retrouver seulement que les traces de 5,9 tonnes sur un total d’environ 40 tonnes de doses de vaccins à réceptionner sans compter les diluants ». Et la valeur marchande de ces 5,9 tonnes de doses de vaccins, ajoute-t-il, est d’environ « 200 millions de Fcfa pour un marché de plus d’un milliard de Fcfa ».

A en croire l’Internaute Anawar, « en annonçant l’acquisition de tous les produits commandés, alors que l’on ne retrouve pas leurs traces au niveau de l’aéroport et des services des douanes, le coordonnateur du PIMELAN a voulu tout simplement protéger certaines personnes ayant un lien avec la commande de ces produits ». C’est dans le même ordre d’idée, souligne-t-il, que « le coordonnateur du PIMELAN a fait sortir une liste de répartition par régions, des vaccins réceptionnés, alors que « tous les produits (doses de vaccins et diluants) ne sont pas arrivés tous, à Niamey », dénonce-t-il.

Pour ce travail de veille, devait expliquer l’activiste Anawar Abdoulaye, « nous l’avons mené parce que le président de la République, à sa première rencontre avec la société civile, avait clairement demandé à cette dernière de dénoncer toutes les tares dans la gestion des biens publics et de l’aider à bien gouverner le pays. C’est alors notre contribution au Chef de l’Etat dans sa volonté d’assainir ».

Au regard de la gravité des faits rapportés et dénoncés, par-ci et par-là, en lien avec l’attribution et l’exécution de ce marché de plus d’un milliard de Fcfa  alors, l’impératif pour l’Etat, à travers ses différentes services et institutions de contrôle s’impose afin que toute la lumière soit faite sur cette affaire. C’est en agissant de la sorte que le président de la République qui s’est engagé à lutter contre les mauvaises pratiques dans la gestion des biens publics et de promouvoir la bonne gouvernance dans tous les pans de l’administration, qu’il parviendrait à tenir cette promesse auprès de son peuple.

 Oumar Issoufa