Gouvernance : Hama Zada rattrapé par le scandale Taanadi

 

Du gouvernement à la prison, c’est le triste sort de Sieur Hama Zada. Ainsi en a décidé le juge d’instruction du pôle économique et financier dans l’affaire Taanadi/Sopamin. Le délibéré du 9 Mars dernier sur la même affaire a condamné Ibrahim Aboubacar, le Directeur d’exploitation de la microfinance Taanadi à deux ans de prison dont un assorti de sursis. A la suite d’un rapport de la HALCIA, apprend-on, d’autres personnes ont été entendues. Hier, après avoir entendu Hama Zada, ministre de la communication en fonction, le juge d’instruction l’a placé sous mandat de dépôt à la prison civile de Kollo.

Le désormais ex ministre de la communication serait inculpé avec sa propre fille et une autre femme dans la scabreuse affaire de détournement de trois milliards. La fille du ministre serait laissée en liberté, apprend-on.

 

Dans cette AFFAIRE TAANADI-SOPAMIN, plus de trois (3) milliards de FCFA de la SOPAMIN pour un DAT (Dépôt à terme) seraient en cause. Cette importante somme ne serait pas retrouvée dans les livres de la coopérative TAANADI, ce qui a fait couler beaucoup d’encre et de salive. Comment une somme aussi importante a été confiée à une coopérative de micro-finance par Hama Zada quand on se rappelle des déboires de Dame Réki Djermakoye de ASUSU. SA avec la même SOPAMIN ?

Contacté par nos soins, l’acteur de la société civile, Elh Idi Abdou s’insurge en ces termes : « Le scandale TAANADI/SOPAMIN confirme la légèreté qui caractérise la gestion des deniers publics dans notre pays. Une légèreté telle que n’importe qui peut gruger l’État. Sinon, comment comprendre qu’une société d’État puisse effectuer des dépôts d’un montant global de trois (3) milliards de francs CFA auprès de TAANADI SA sans que l’on s’assure de la crédibilité et de la fiabilité du système financier en question », nous a-t-il confié.

A propos de TAANADI, l’activiste Elh Idi Abdou considère que la crédibilité de cette coopérative de micro-finance était remise en cause depuis belles lurettes. « Et voilà en 2019, les dirigeants de TAANADI, placés sous mandat de dépôt suite à une plainte du Projet ‘’filets sociaux’’ ». C’est toujours le contribuable nigérien qui en pâtit de ces dépôts pour le moins hasardeux. « Le gouvernement en général et le ministère des finances en particulier sont interpellés s’agissant des agissements qui semblent caractériser le fonctionnement de ce genre de systèmes financiers », a martelé Elh Idi Abdou.

Les citoyens se posent mille et une questions sur cette rocambolesque affaire où selon les mauvaises langues, plus de trois milliards de FCFA de la SOPAMIN seraient hypothéqués.

En substance, Elh Idi Abdou pense qu’il faut un traitement rigoureux à cette affaire : « Rien ne saurait expliquer ce qui s’est passé et toutes les dispositions doivent être prises afin que l’État soit mis dans ses droits. Le traitement judiciaire de cette affaire doit être exemplaire tel qu’il en dissuadera tous les esprits malsains qui font de l’État, une source d’enrichissement illicite. Les biens publics sont sacrés, il appartient à la justice de les rendre effectivement sacrés », s’est-il indigné.

La présomption d’innocence est la règle, mais dans la nouvelle dynamique de la gouvernance du Niger, il urge de tirer au clair la gestion de la SOPAMIN par le Sieur Hama Zada. D’aucuns se demandent du moment où cette affaire avait été révélée avant les dernières élections, par quelle osmose Hama Zada a été coopté par son parti et accepté pour être dans le gouvernement par les plus hautes autorités du pays ? Ce qui jure d’avec le principe mis en avant par le Président de la République Mohamed Bazoum qui voudrait que « les cadres soient nommés sur la base de leur compétence et moralité ».

 

Tolérance zéro aux indélicats ….

C’est en abordant le défi de la gouvernance que le Président Bazoum avait davantage séduit les Nigériens. C’est comme qui dirait, le philosophe entend nettoyer les écuries d’Augias. « Le défi de la gouvernance est d’autant plus grand chez nous que prévaut une mentalité pas toujours en harmonie avec les valeurs de l’Etat de droit et ses exigences relatives à la primauté de la loi ainsi qu’à l’égalité de tous les citoyens. Sans verser dans une certaine anthropologie philosophique, mon propos consiste à relever que dans notre société nous avons tendance pour diverses raisons à nous accommoder même des comportements qui s’écartent des normes définies par nos lois et nos règlements. Or, il est temps que nous nous ressaisissions et que nous fassions preuve de rigueur ».

Dans ce sens, l’on pouvait s’attendre que le discours d’investiture avait sonné le glas de la fin de la récréation chez les indélicats de tout acabit. Le Président Bazoum avait promis une tolérance zéro à tous ceux qui entendent s’amuser avec les deniers publics. « C’est pourquoi, je voudrais dire clairement ici que quiconque a une responsabilité dans l’administration publique répondra désormais tout seul et entièrement de ses actes. Son parti politique, sa « base », sa famille, sa communauté ne lui seront d’aucun secours au cas où son comportement devrait commander une mesure coercitive à son encontre. Pour cela, j’exigerai de tous les responsables aux différents échelons de l’administration que les cadres soient promus sur la base de leur compétence technique et de leur moralité », a averti le Chef de l’Etat. C’est dire que le Président Bazoum était bien conscient de là où les Nigériens l’attendaient le plus. Il lui reste à joindre l’acte à parole.

En substance, on peut dire que les premiers pas de Bazoum aux commandes du Niger sont frappants. A l’épreuve des faits, il donne l’impression qu’il a son style à lui, il fait rêver les nigériens, il entend gouverner le Niger autrement et en 100 jours, il avait donné tort à ses détracteurs avec une approche dialogique de l’exercice du pouvoir.

Disons-le tout net, les lignes ont significativement bougé avec l’arrestation de Hama Zada et une trentaine de cadres du ministère des finances dans l’affaire Ibou Karadjé et bien d’autres.

L’affaire TAANADI comme l’affaire Ibou Karadjé constituent sans conteste une sorte de ballon d’essai pour jauger l’engagement du Chef de l’Etat à lutter contre la corruption et l’impunité. En prenant un ministre en fonction dans son engouvernement, le Président Bazoum lance un message très fort à tous ceux qui trainent des casseroles ou qui seront pris dans les impairs de gestion.

Disons mention spéciale au président Bazoum qui vient de prouver aux Nigériens qu’il entend joindre l’acte à la parole.

Elh. M. Souleymane