Beaucoup l’ont crié haut et fort. Hama Amadou a bénéficié d’une évacuation sanitaire sur Paris, en France, le 7 avril 2021, sur demande de son avocat et ce n’est pas pour rester en exil. Seulement, voilà 9 mois que cela dure. Après plusieurs demandes de dérogation par Hama Amadou, aujourd’hui, même ses codétenus, le général Moumouni Boureima dit Tchanga et consorts se demandent si l’égalité des citoyens n’est pas un vain mot. Qu’est-ce qui justifie l’attitude mi-figue, mi-raisin de Hama Amadou à travers son évacuation sanitaire ?
En juin 2021, trois mois après, nous écrivions à la manchette de Niger Inter Hebdo : « Evacuation sanitaire de l’autorité morale de Lumana : Hama Amadou aurait-il pris le large ? » Neuf mois après, Hama Amadou joue toujours les prolongations. L’occasion fait le larron, dit-on. Dans une interview accordée à Jeune Afrique, le président Mohamed Bazoum, parlant de Hama Amadou, avait tenu des propos très magnanimes : « On m’a présenté un bulletin médical indiquant que Hama Amadou était malade et que le meilleur cadre pour le soigner était celui que lui offrait son médecin parisien. J’ai aussitôt donné mon accord, sachant qu’à l’issue de son traitement, il s’est engagé à se remettre à la disposition de la justice. Je constate comme chacun, qu’il a adopté un comportement raisonnable et qu’il ne se livre pas à des déclarations politiques. Je n’ai aucun problème avec cela ».
N’est-ce pas une aubaine pour le célèbre fugitif qui a l’habitude de s’octroyer, dans les mêmes circonstances, un exil doré. Hama Amadou sait surtout prendre des risques mesurés quand il se sait dans le traquenard. D’ailleurs, c’est cette façon trop facile de se jeter dans la gueule du loup qui prouve que le gourou de Lumana est plus tacticien, manœuvrier que stratège. C’est pourquoi, dans son duel face au fin stratège Issoufou Mahamadou, il s’est toujours cassé le visage.
Dans une posture non stratégique, sans aucune vision, le fugitif a essayé la même chose encore et encore. « La folie, c’est se comporter de la même manière et s’attendre à un résultat différent », écrivait Albert Einstein. D’aucuns se demandent n’est-ce pas le comble de la lâcheté que de provoquer une situation et prétexter une maladie pour ne pas s’assumer ?
La soif de Hama Amadou de dominer…
On se souvient, avant, pendant et après les élections, en voulant jouer son baroud d’honneur, l’autorité morale de Lumana FA, a fait montre de témérité. Il a cru bon de jouer le tout pour le tout dans l’optique de se remettre en selle. Machiavel a dit que « la soif de dominer les hommes est la dernière passion qui s’éteint dans le cœur de l’homme ». En animal politique, Hama Amadou a osé agir pour remettre les compteurs à zéro. Et comme chacun le sait, le célèbre fugitif n’est pas allé en prison par témérité. Il a misé sur la capacité de ses camarades et alliés à inverser la situation pour que sa cause soit entendue. A la fin du processus électoral, Hama Amadou se retrouve comme un mouton de sacrifice. Très déçu par ses amis politiques, il a actionné son stratagème, à savoir prétexter un état presque de vie à trépas pour bénéficier d’un avion médicalisé qui finira par être un exil doré. Aujourd’hui, plus d’un citoyen se demande à quand le retour de Hama Amadou à Filingué ? Ce qui en dit long sur la reddition du pourfendeur N°I du Président Bazoum. L’homme qui a fait le serment d’empêcher par tous les moyens au destin de Bazoum de se réaliser. Après avoir bénéficié de plusieurs reports, Hama Amadou se trouve dans un dilemme cornélien : faut-il revenir à la case prison au moment où ses alliés et partisans sont dans une logique de positionnement ? C’était une erreur de casting pour l’opposition nigérienne qui ne compte que sur lui pour exister. Du moins, le rôle qu’il a joué pendant les dernières joutes électorales en dit long sur sa posture anti républicaine. Mais à la différence du lion, Hama Amadou sait prendre des risques mesurés pour sauver sa peau. C’est ce qui justifie son attitude mi-figue, mi-raisin à travers son évacuation sanitaire.
Les frasques de Hama Amadou
L’ancien primo de la majorité sans âme dont les frasques, les controverses, les erreurs stratégiques, l’égo surdimensionné et la boulimie du pouvoir ont irréversiblement ruiné la carrière politique se voudrait donc à nouveau un partenaire fiable. Belliqueux mais souvent perdant de grandes batailles qu’il provoque, il est affaibli, le poids de l’âge contre lequel nul ne peut rien, Hama Amadou multiplie les manœuvres pour poursuivre son séjour à l’extérieur pendant que ses camarades d’infortune qu’il a manipulés et utilisés séjournent en prison en attendant leur jugement. Une demande d’évacuation sanitaire de deux semaines qui dure aujourd’hui neuf (9) mois !
Hama Amadou est poursuivi dans les affaires de violences post-électorales qui ont coûté la vie à un élément de la Garde nationale du Niger et occasionné plusieurs blessés ainsi que la destruction des biens publics et privés. Il serait le conspirateur en chef de ceux qui ont tenté de mettre le pays à feu et à sang sous prétexte que le candidat qu’ils soutiennent à l’élection présidentielle n’est pas élu.
Personne n’est surpris de l’attitude cavalière de Hama Amadou. Il a toujours pris la clé des champs pour échapper à la prison. Il ne veut pas garder prison soit par lâcheté, soit parce qu’il s’est laissé convaincre par les diseurs de bonnes aventures qu’il y crèvera. Il oublie qu’on rencontre sa destinée par des chemins qu’on prend pour l’éviter. Des exemples de ce genre sont légion dans l’histoire.
Un bagarreur qui fuit la bagarre à la première occasion si bien qu’un confrère le qualifiait au moment de sa gloriole de « pyromane mais lâche ». Les habitudes ont la vie dure. Hama Amadou ne semble pas avoir changé d’un iota. Que l’on ne se méprenne pas, il n’est pas un enfant de chœur. De la même manière qu’il a instillé des relents racistes et haineux dans les cœurs de ses supporteurs, il pourra à la première occasion nuire à la nation toute entière. La bête est dans l’agonie, disait un de ses lieutenants pendant les tournées de proximité, mais elle mourra quand même.
Une posture révélatrice d’un état d’esprit
« Ce qu’on dit des hommes tient souvent autant de place dans leur vie et surtout dans leur destinée que ce qu’ils font », écrit Victor Hugo dans Fantine (Les Misérables, Tome 1). Cette assertion a déjà été vérifiée pour Hama Amadou. Il n’y a que certaines personnes qui s’accrochent à un espoir chimérique, peut-être à force de ressasser des mensonges ont-ils fini par s’en convaincre.
Cette posture est révélatrice de l’état d’esprit de Hama Amadou et de ses troupes. Elle sonne comme un aveu d’impuissance, n’ayant pas pu imposer un rapport de force qui leur est favorable, y compris en usant des moyens non républicains. Ce qui ne leur laisse guère d’autres choix que de fantasmer sur ce qui paraît à leurs yeux comme la seule alternative : une alliance politique. Force est de reconnaitre qu’à ce jeu également, ils semblent ignorer comment s’y prendre. C’est une manœuvre du gourou de Lumana pour sortir du trou. Il sait faire des concessions et des subterfuges pour se remettre en selle.
Tiemago Bizo et Oumou Gado