Avant d’entamer la rédaction de cet article, j’ai pris le soin de me renseigner un peu partout au Niger sur les pratiques qui ont cours dans ce domaine. D’abord les lieux de vente. Il est loisible de voir des points de vente de gaz à la limite archaïques pour ne pas dire anarchiques.
En effet, aujourd’hui au Niger, on vend du gaz comme on vend des beignets chez la bonne dame du coin de la rue ou des oignons chez le tablier du marché djémadjé. Pour un produit à très forte charge explosive comme celui-là, la vente se fait sans aucune précaution de sécurité dans des emplacements pas du tout indiqués, de fois dans la rue en plein air et même en plein soleil, sans la présence du moindre extincteur de flammes à plus forte raison une bouche d’incendie en cas de secours des pommiers. Pourtant, le risque est là et il est à découvert. Il suffit pour cela d’une petite erreur de manipulation comme par exemple un bouchon mal serré d’une bouteille et d’une étincelle provoquée par un mégot d’un fumeur de cigarette imprudent ou encore d’un accident d’un véhicule qui finit sa course dans le dépôt, et c’est le brasier pour ne pas dire l’enfer en miniature.
Malheureusement, cela se passe au vu et au su des services techniques chargés du contrôle de la vente des produits inflammables, des donneurs de leçons de la société dite civile qui pourtant sont promptes à s’inviter de fois même par effraction dans ce qui ne les regarde pas et des citoyens lambda inconscients qui ignorent tout du risque qu’ils encourent en côtoyant ces » marchands de mort » en sursis. Pire, ces vendeurs informels qui ne paient certainement pas d’impôts ou qui en paient très peu font une concurrence déloyale au peu de dépôts formels en y introduisant du gaz fraudé donc à la qualité douteuse.
Comment peut-on être laxiste à ce point et jouer avec la vie des gens? Ou bien attend-t-on qu’un drame se produise pour nous aligner des « considérants » à n’en point finir? Il faudra donc rapidement trouver une solution à ce problème à travers l’application rigoureuse de la réglementation en vigueur avant que le pire n’advienne. N’a-t-on pas coutume de dire qu’il vaut mieux prévenir que guérir ? Pour cela, pourquoi pas, la création des stations formelles de vente de gaz à l’image des stations de distribution d’essence disponibles partout et interdire en même temps ces cabanes de vente de gaz. Ensuite le prix. Le gaz est l’un des produits dont le prix est fixé par arrêté du ministre du commerce et qui doit être le même pratiqué sur toute l’étendue du territoire national. Mais au lieu de cela, il est aisé de constater que les prix varient d’une région à une autre, de fois au sein d’une même région et même d’un point de vente à un autre dans la même localité, alors que pour l’essence par exemple, le prix est le même au niveau d’une station qu’elle soit située à Arlit, Torodi ou Niguimi. Par exemple en cas de remplissage, à Agadez le prix de la bouteille de 12 kg est de 4.000f, à Arlit 5.000f, à Bilma 8.000f, à Niamey 3.500 à 4000f, à Zinder 3.000f à 3.500f, à Diffa 5.000f. Cela ressemble tout simplement à une libéralisation qui ne dit pas son nom. Ces écarts ne sont pas du tout normaux pour un produit dont le prix est fixé donc contrôlé à priori.
Pour rendre ce produit accessible à toutes les bourses dans un cadre sécurisé et afin de lutter contre la déforestation, il faudra faire en sorte que le prix pratiqué soit d’abord abordable et le même partout au Niger, et qu’en plus le produit soit disponible. Pour ce dernier point, il faudra multiplier les points de ventes formels avec le maximum de garantie de sécurité. Enfin, il me semble aussi que nous ayons fait une transition naturelle comme l’est le gaz en passant du bois à ce dernier, alors même que ce changement dans le mode de consommation de l’énergie domestique aurait dû faire l’objet d’un très grand déploiement de communication aussi bien sur les avantages que les précautions à prendre pour l’utilisation de ce produit. En effet, alors que dans les pays développés la distribution du gaz jusqu’aux domiciles se fait par canalisation pour éviter tout risque lors de son transport manuel, ici au Niger, il est fréquent de voir des parents envoyer des enfants à vélo pour aller chercher ce produit. Imaginez seulement le drame que pourrait causer la chute d’une bouteille de gaz transportée dans ces conditions car un impact au sol pourrait provoquer par exemple un desserrement du bouchon de la bouteille, et ça sera un voyage, pas au tapis mais dans les airs certainement sans retour à la vie du transporteur et de tous ceux qui auront la malchance de passer par là au même moment, sans exclure un possible déferlement d’incendie si d’aventure d’autres produits inflammables se trouvaient dans les environs. Les Hausa disent : « In kunne yaji, jiki ya sira » autrement dit « un homme averti en vaut deux ».
Pour finir, une digression mais pas tout à fait parce que cela a quand même une relation dialectique avec le gaz, je veux parler du charbon minéral produit par la SONICHAR. Je n’arrive toujours pas à comprendre, certainement vous avec, pourquoi hésite-t-on encore à vulgariser ce charbon qui aurait été un palliatif utile pour ceux qui utilisent encore du bois notamment pour la cuisson? Pourquoi ne pas sensibiliser voir contraindre les gros consommateurs de bois de chauffe tels que les bouchés vendeurs de viande cuite, particulièrement ceux des villes à n’utiliser que le charbon minéral de la SONICHAR ? Ce charbon est non seulement moins cher, moins polluant et surtout plus économique. Mieux, son utilisation nous aurait permis d’économiser les centaines de tonnes de bois consumées chaque jour, et par ricochet de limiter la destruction rampante de nos forêts. A bon entendeur salut.
Kossey Sanda