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Terrorisme dans le Bassin du Lac Tchad : après la mort de Shekau et de Al Barnawi, Boko Haram est-elle, pour autant, décapitée ?

 

 

 

Le Gouvernement nigérian et les populations du Bassin du Lac Tchad ont de quoi se féliciter. Le leader de l’ISWAP (Etat Islamique en Afrique de l’Ouest) branche  dissidente de Boko Haram et alliée à l’Etat Islamique, Abu Mosab Al Barnawi, a trouvé la mort. C’est du moins ce que l’on apprend de la bouche-même du commandant en chef des forces armées nigérianes, le Général Lucky Irabor.

C’était au sortir d’une rencontre hebdomadaire avec le Président Buhari au Palais de la Présidence de la République Fédérale du Nigéria, rencontre ayant porté sur la situation sécuritaire du pays. D’après le Général nigérian, « Abu Mosab est mort. Aussi simple que cela. Il est mort et il reste mort. » Au cours de cette déclaration faite à la presse le 14 octobre 2021, le Commandant des forces armées nigérianes a aussi donné d’amples explications sur les opérations en cours et qui impliquent les forces de défense et de sécurité des pays de l’Afrique de l’ouest et du centre touchés par le terrorisme de Boko Haram.

L’annonce de la mort d’Abu Mosab Al Barnawi par les autorités nigérianes est venue confirmer ce que plusieurs sources locales et certains médias ont relayé et qui était devenu presque un secret de polichinelle. Le Chef de l’ISWAP, aurait succombé à ses blessures suite à de violents combats qui ont opposé sa branche avec celle anciennement dirigée par Abubakar Shekau.

Abubakar Shekau, chef historique de Boko Haram, avait, lui aussi, trouvé la mort dans des circonstances similaires il y a quelques mois. Après sa disparition, Boko Haram n’a jamais communiqué sur son remplacement. La nébuleuse sanglante a, tout simplement, connu que de secousses liées à des combats fratricides entre ses éléments qui veulent continuer la lutte et ceux qui veulent se rendre aux autorités nigérianes. Beaucoup sont morts à ces occasions. Les éléments qui l’ont quittée pour se rendre aux autorités de leur pays se comptent par milliers. Ce qu’il faut souligner, les défections des rangs de Boko Haram ne se font jamais dans le calme. Elles sont l’occasion de violents affrontements.

Les affrontements et les morts dans les rangs des éléments de la branche anciennement dirigée par Shekau en rajoutent aux combats meurtriers qui les opposent fréquemment aux terroristes de celle dissidente dirigée par le désormais mort, Abu Mosab Al Barnawi.

Shekau est mort, Al Barnawi, aussi. Voilà la très violente secte terroriste, la tristement célèbre Boko Haram, devenue orpheline. Shekau, mort il y a quelques mois, n’a pas été remplacé à plus forte raison Al Barnawi qui n’a succombé à ses blessures que, seulement, quelques jours plutôt.

Est-ce là le début de la fin pour la triste et ténébreuse Boko Haram, la nébuleuse terroriste qui a plongé les populations des pays du bassin du Lac Tchad dans la tristesse et l’angoisse des lendemains ?

Depuis sa division en deux branches antagoniques, nombreux sont les analystes qui ont su comprendre que la nébuleuse terroriste a commencé à sortir au grand jour tous les germes de sa propre dislocation.

Outre les opérations militaires des pays du Bassin du Lac Tchad (Niger, Nigéria, Tchad et Cameroun) qui lui occasionnent de milliers de pertes en hommes, se sont, aussi, ajoutés des combats fratricides entre les éléments de ses deux branches et, tout récemment, entre ceux qui veulent rester dans ses rangs et ceux qui veulent se rendre aux autorités.

Face à ce désordre qui, de plus en plus, la réduit à sa plus simple expression, Boko Haram est-elle, pour autant, décapitée ? On le saura avec le temps.

Bassirou Baki Edir