Trafic international de drogue : un rapport d’experts des Nations-Unies dément les allégations à propos des 17 tonnes de drogue au Niger

Les allégations du groupe de presse internationale ‹‹ Global initiative ››, d’un article sur le net et intitulé ‹‹ Strange days for hachish trafficking in Niger ›› ou  ‹‹ les jours étranges pour le trafic de hachish au Niger ›› en français viennent d’être démenties par le rapport d’un groupe d’experts de l’ONU. Ce rapport renseigne plutôt que ce sont  les arrestations et les saisies opérées à Niamey qui ont perturbé les opérations du trafic de haschisch.  Lisez un extrait de ce rapport et vous comprendrez le contour de la saisie de 17 tonnes de drogues opérée par les infatigables agents de l’Office Central de Répression du Trafic Illicite des Stupéfiants (OCRTIS).

Les opérations de trafic de hachich ont en outre été perturbées par la saisie et les arrestations opérées à Niamey en 2018 (voir S/2020/785/Rev.1, par. 77) 68 et les sanctions de l’ONU qui ont été prises en conséquence à l’encontre de Mohamed Ben Ahmed Mahri (MLi.007), dit Rouggy, désigné par le Comité du Conseil de sécurité créé par la résolution 2374 (2017) concernant le Mali pour inscription sur la liste relative aux sanctions. Des initiés impliqués dans le trafic de hachich disent que ses homologues marocains cherchent des réseaux alternatifs au Niger, peut-être pour éviter complètement le Mali69 . 76. Après les saisies de hachich, les saisies de cocaïne sont en hausse à Bamako, avec près de cinq kilogrammes confisqués à deux soi-disant passeurs de drogue à l’aéroport international de Bamako au cours du premier semestre 2021. Des Maliens ont également été impliqués dans deux importants transferts de cocaïne, en provenance d’Amérique latine, qui ont été saisis dans les ports de la Gambie et d’Abidjan en Côte d’Ivoire, sans qu’aucune information ne vienne indiquer un transport ultérieur par voie terrestre par le Mali ou d’autres pays du Sahel (voir annexe XIII). 77. Le Groupe d’experts ne voit pas dans l’augmentation des saisies au Mali le signe d’une intensification du trafic après le coup d’État d’août 2020, comme l’ont laissé croire certains commentateurs 70 . Compte tenu de ce qui précède, on aurait pu s’attendre plutôt à une stagnation du trafic passant par le nord du Mali. Des témoignages anecdotiques donnent à penser que la désorganisation de l’implication des services de sécurité de l’État a plutôt favorisé les saisies, ceux qui ont été écartés du pouvoir étant moins en position de protéger les trafiquants dont ils sont complices. __________________ respectivement à Sherif Ould Taher et à Hussein Ould Ghaname ou Khanam, alias Guigoz (voir S/2020/785/Rev.1, par. 83 et 94). Ce dernier a finalement acheminé la cargaison, avec l’aide de son frère Ahmed et d’un ressortissant algérien, Fethi Benyadi, après la prise en otage d’un ressortissant marocain associé au fournisseur [source officielle (confidentielle)], le 14 décembre 2020 ; et entretien avec des sources confidentielles à Gao et à Bamako en mai 2021). 66 Voir également Alessandro Ford « Hashish and hatred: the desert conflict in Western Sahara », Organized Crime and Corruption Reporting Project, 26 mars 2021. 67 « El Guerguerat : saisie de plus de deux tonnes de hachich, un quinquagénaire interpellé », par le 360, 24 décembre 2020. 68 Condamnés à cinq ans de prison, les meneurs de l’opération, Sid’Ahmed Ben Kazou Moulati, alias Zaneylou et Khalef Elmehri, ont été libérés en avril et en mai 2021 respectivement. Tous deux sont passés par Gao en route vers le Maroc et l’Algérie respectivement. 69 Source officielle (confidentielle), le 25 mai 2021. 70 Paul Lorgerie « Le Mali, pays de transit de la drogue vers l’Europe », Deutsche Welle, 21 juin 2021. S/2021/714 22/92 21-09738 Connexion malienne de la saisie effectuée à Niamey et personnes arrêtées 78. Le 2 mars, les autorités antidrogues nigériennes ont saisi 17 tonnes de résine de cannabis ou hachich, dans un dépôt sis au quartier Kalley à Niamey. Le hachich était dissimulé dans des cartons contenant prétendument des sachets de ficelles en plastique et arborant des étiquettes de fruits 71. Grâce à un document d’expédition du produit récupéré dans le dépôt, les autorités antidrogues nigériennes ont obtenu des renseignements supplémentaires sur le transport et conclu que le conteneur censé avoir transporté la drogue avait quitté Beyrouth, le 12 octobre pour arriver à Lomé le 9 novembre, puis à Niamey début décembre 2020. Cependant, le transitaire du conteneur a déclaré avoir enlevé un conteneur similaire à Cotonou, expédié par la même entreprise libanaise avec le même contenu, et dans les deux cas pour le compte d’un individu répondant au nom d’Elh Saley de l’Établissement Moubarak sis à Niamey. Cette information a amené les autorités antidrogues nigériennes à conclure qu’il y avait eu deux cargaisons, et que la drogue récupérée dans le dépôt proviendrait plutôt du deuxième conteneur qui avait quitté Beyrouth pour Cotonou le 26 décembre. Au moment de la saisie, le contenu du conteneur passé par Lomé devrait avoir déjà quitté le dépôt et été transporté vers le nord73 . 80. Les autorités nigériennes ont arrêté 14 personnes qui seraient impliquées dans l’affaire : douze ressortissants du Niger et deux Algériens. Deux Libyens qui seraient venus à Niamey pour la transaction ont fui le pays 74. La personne la plus connue qui a été arrêtée est Ghoumour Itouwa Bidika. Dans son précédent rapport final (voir S/2020/785/Rev.1, par. 86 et 102), le Groupe d’experts a fait état de l’implication de ce dernier dans l’affaire de hachich de mars 2018 à Niamey, et dans un mouvement de convoi de hachich le 9 juin 2020 entre le Niger et le Mali, au nord de Tamalel. 81. Bien que l’implication malienne dans les envois de supposé hachich libanais susmentionnés n’ait pas encore été confirmée, le Groupe d’experts a obtenu des preuves de la coopération entre le réseau de Bidika et un responsable militaire influent du GATIA, Moussa Tiliche, pour l’acheminement de plusieurs centaines de plaquettes de hachich du Mali au Niger en février 202175 . 82. Responsable des opérations du GATIA dans le Gourma, Moussa Tiliche est affilié au 8e groupe tactique d’armes combinées des Forces armées maliennes (Groupement tactique interarmes-GTIA) et a une influence sur les combattants du GATIA intégrés dans l’armée malienne reconstituée. Le 29 avril, Tiliche était présent à une cérémonie d’intégration de 422 ex-combattants à Ségou, à laquelle ont assisté également divers représentants des groupes armés favorables à l’Accord, ainsi que le Ministre de la réconciliation nationale, Ismaël Wagué 76 . 83. Fin 2020, le Groupe d’experts a été informé de l’implication de Tiliche dans un mouvement de convoi de hachich le 7 septembre 2020 de la région de Ménaka au Mali vers le Niger. Tiliche a nié devant le Groupe d’experts son implication dans le mouvement de convoi et expliqué qu’il était présent dans la zone à ce moment parce qu’il participait à une opération de recherche de Jörg Lange, travailleur humanitaire __________________ 71 Voir annexe XIV pour les photos des cartons. 72 Communication téléphonique avec le transitaire, le 19 mai 2021. 73 Cette constatation remet en cause un rapport contesté d’Alice Fereday et Matt Herbert, « Strange days for hashish trafficking in Niger », Initiative mondiale contre la criminalité transnationale organisée, 11 mai 2021. Voir annexe XV pour plus de détails. 74 Elh Saley (voir par. 79 ci-dessus) reste introuvable. 75 Source officielle (confidentielle), le 1 er juin 2021. 76 Voir annexe XVI pour les photos de Moussa Tiliche à la cérémonie. S/2021/714 21-09738 23/92 allemand pris en otage à Tillaberi en avril 2018 77 . Tiliche a nié avoir fait des transactions de drogue avec Bidika ou été en contact avec lui à ce sujet, tout en reconnaissant l’existence entre eux de communications sur d’autres sujets en 2019 ou 2020.

Source : Lettre datée du 6 août 2021, adressée au Président du Conseil de sécurité par le Groupe d’experts créé en application de la résolution 2374 (2017) du Conseil de sécurité sur le Mali.