Le Président de la République vient de passer le cap des 100 jours. Dans son édition spéciale 100 jours, Niger Inter Magazine a recueilli les impressions des intellectuels et de certains leaders de la société civile qui ont bien voulu apprécier les faits et gestes du nouveau Président.
Quel est votre commentaire sur les 100 jours du Président Bazoum aux commandes du Niger ?
Dr. Adamou ISSOUFOU, Enseignant-chercheur à l’Université de Dakar
Cent jours ne me paraissent pas suffisants pour évaluer un mandat. Mais cent jours, c’est aussi cette étape symbolique à laquelle le Président Franklin D. Rossevelt a donné toute son importance en 1933 aux Etats-Unis d’Amérique. Cette période qui a suivi son accession à la présidence fut marquée par une série de mesures économiques et financières spectaculaires par lesquelles il a réussi à changer le contrat social sauvant du coup la démocratie et le capitalisme durement affectés par la crise économique de 1929.
Au Niger, en cent jours, la perception, par les nigériens, tant de la personnalité que de la gouvernance du Président Bazoum a beaucoup évolué. En dehors du discours d’investiture qui continue de faire rêver plus d’un nigérien, je constate qu’il y a eu peu d’annonces mais beaucoup d’actes perçus comme une véritable révolution de la gouvernance nigérienne. En effet, les premières touches du Président Bazoum dévoilent l’ange caché derrière les critiques diabolisant le candidat Bazoum Mohamed :
- En dépit des contraintes liées aux alliances politiques, la taille comprimée du gouvernement annonçait déjà les prémisses d’une gouvernance améliorée ;
- La nomination sélective des conseillers à la présidence de la République, tirés sur le volet, est une preuve élégante de la rigueur et de la prudence avec lesquelles le Président entend exécuter sa part du contrat social ;
- L’arrestation d’un militant influent et proche du pouvoir rassurait les plus sceptiques sur l’engagement du Président à tenir sa promesse de lutter contre le népotisme et la corruption ambiants. De l’avis général, les fonctionnaires et autres agents publics sont moins enclins à percevoir ou à s’emparer de l’indu ;
- Le premier déplacement présidentiel, en Europe avec une short délégation empruntant le transport en commun, ôtait le doute sur la frugalité de la gouvernance Bazoum ;
- La ligne diplomatique en matière de défense prônant la défense des africains par les africains achevait de convaincre sur sa détermination d’affirmer la souveraineté nationale et sur la prééminence revendiquée des armées nationales dans la lutte contre le terrorisme au Sahel ;
- Le déplacement de Diffa en marge duquel il s’est rendu sur le front pour encourager nos forces de défense et de sécurité est la preuve éloquente de sa confiance et de sa foi en notre armée nationale ;
- Les efforts de sécurisation du Lac Tchad (côté Niger) et de réinstallation des habitants de Baroua et des villages environnants tout comme ceux d’Anzourou pour qu’ils reprennent leurs activités économiques pourraient à eux seuls constituer un bilan de fin de mandat.
En seulement cent jours à la tête du Niger, le Président Bazoum donne raison à ses partisans et conquiert le cœur de plus d’un de ses anciens opposants. Il avance surement, courageusement et dignement vers un Niger meilleur.
Honorable Hassana Gaoh, député nationale
Investi le 2 Avril 2021, le Président de la République Bazoum Mohamed a totalisé le 10 Juillet dernier, 100 jours à la tête du Niger. 100 premiers jours marqués par le lancement de son programme de Renaissance acte 3.
Le bilan de ces 100 jours est positif. A travers le discours d’investiture d’abord, la déclaration de politique générale du gouvernement et les actions qui ont suivi, nous constatons qu’il y a une volonté de renforcement de la sécurité et d’une gouvernance démocratique.
Les actions du Président Bazoum Mohamed s’inscrivent dans la continuité de la politique de renaissance acte 1 et 2. Nous observons que le Président a déjà rencontré les représentants des différentes couches socio-économiques du pays pour leur expliquer la vision et les objectifs de son gouvernement et aussi recueillir leurs préoccupations. Ce dialogue initié par le Chef de l’État montre une volonté de bâtir un pays sur fond du dialogue constructif. Il faut continuer à rassembler les Nigériens afin de consolider la cohésion sociale. C’est le pari du président Bazoum.
Le gouvernement a manifesté un engagement sûr dans le renforcement de la culture démocratique basée sur le développement intégral et l’efficacité de l’action gouvernementale. Nous observons actuellement une réorganisation de l’administration centrale en réduisant le nombre des ministères pour diminuer les charges. Il y a également une lutte contre la fraude et la corruption qui s’observe ces derniers jours, gage de la bonne gouvernance.
Toutes les actions menées jusqu’ici par le Président sont conformes aux promesses de sa campagne électorale. Le bilan de ces 100 jours est largement positif car il est caractérisé par l’action et la constance de la parole donnée.
Pr Mounkaïla Abdo Serki, Enseignant-chercheur à l’Université Abdou Moumouni
Cent jours c’est trop court pour dresser le bilan d’une action politique prévue pour être étalée sur cinq ans, soit la durée du mandat que le Président Mohamed Bazoum tient du peuple nigérien souverain. À l’épreuve des faits, force est toutefois de constater que, durant ce laps de temps, le Chef de l’État n’a pas perdu de temps pour aller à l’essentiel, faisant du coup, un parcours sans faute.
Dans cet ordre d’idées et sans entrer dans les détails, on peut noter, pour s’en réjouir, qu’aucun domaine important de la vie nationale n’a été négligé durant ces cent premiers jours de gestion de la cité par le Président Bazoum. C’est un excellent présage pour la suite du mandat.
Avec un patriotisme, une détermination, une constance, une hauteur de vue, une clairvoyance et une maîtrise du sujet sans faille, il a su avancer, tout en consolidant les importants acquis engrangés durant les deux mandats consécutifs du Président Issoufou Mahamadou.
Qu’il s’agisse de l’éducation, de la santé, de la sécurité, de la diplomatie, de la lutte contre la corruption, etc., le Président Bazoum, en homme de terrain averti et en phase avec les aspirations profondes des populations nigériennes, n’a ménagé ni son temps ni son énergie pour résolument entamer la mise en œuvre du programme politique sur la base duquel il a été élu.
Dès lors, c’est sans surprise que ce qu’il convient de qualifier de « méthode Bazoum » a abouti à une large adhésion de nos concitoyens à sa vision et à sa façon de gérer le pouvoir d’État, y compris de la part de ceux qui l’avaient combattu et voué aux gémonies pendant la campagne électorale passée. Puisse Allah continuer de le guider pour le plus grand bonheur du peuple nigérien.
Issa kassoum, ancien SG du Syndicat national des enseignants du Niger (SNEN)
Après les cents premiers jours du Président de la République Bazoum Mohamed, quoi que insuffisants pour juger, force est de constater que le commun des nigériens observe très facilement la constance et la cohérence dans le discours de Campagne du Candidat Bazoum Mohamed, dans le message d’investiture du vainqueur des dernières élections, dans les chantiers que le tout nouveau Président du Niger inaugure mais surtout dans la consolidation des acquis des actes 1 et 2 du programme de renaissance. Avant même l’adoption de la Déclaration de politique Générale de son Gouvernement, le président s’est imposé un marathon de rencontres avec les partenaires Techniques et Financiers, les centrales syndicales, les syndicats et la société civile active en éducation pour le partage des préoccupations contenues dans les axes prioritaires de son programme en matière d’éducation. Ceci est la preuve que le tout nouveau président de la République est fermement décidé à faire de l’Education sa priorité. En matière de sécurité, sans populisme, il a imprimé une novelle lecture de ce que doit être le rôle de notre armée, la responsabilité des citoyens et en plus, il a créé une nouvelle marque de ce que doivent désormais être les relations de coopération militaire entre nos pays et la communauté internationale. Lorsque le système de réfugiés est en train de transformer nos populations en mendiants et éternels assistés, le Président Bazoum marque ses cent jours en redonnant confiance aux déplacés qui se mobilisent depuis lors pour retourner sur les terres de leurs ancêtres et participer à l’effort de la sécurisation nationale. Ce qui force l’admiration dans les cents jours du Président Bazoum, c’est la quasi-unanimité des nigériens y compris les plus sceptiques sur la nécessité de la sainte alliance de tous pour consolider l’unité nationale et accepter la main tendue qu’il prônait depuis son investiture à l’image de son prédécesseur. Ce crédit de bonne facture dont joui notre Président en cent jours d’exercice, il le doit à la leçon tirée de son discours, qui semble habiter désormais l’esprit du Nigérien : « savoir apprendre de nos erreurs » pour avancer. On sent bien qu’à cette entame, que le Président Issoufou n’a pas seulement passé un témoin à un président démocratiquement élu, mais il lui a transmis toute l’âme du leader charismatique qu’il incarnait jusque-là.
Massaoudou Ibrahim, Consultant National en Gouvernance démocratique
Au bout de ses 100 jours à la présidence du Niger, S.E.M Mohamed Bazoum a marqué d’une empreinte indélébile, la réceptivité d’un peuple qui s’attendait chaque fois à une gouvernance meilleure. En effet, le début de mise en œuvre du Programme de la Renaissance Acte 3 sous la marque de la continuité, a renforcé la confiance que l’écrasante majorité du peuple nigérien a placée au Régime actuel. Ainsi, les témoignages de satisfaction accompagnés d’innombrables invocations d’ALLAH (SWT) ne font que pleuvoir en faveur du Président Mohamed Bazoum.
Au plan national, le Président a engagé un dialogue franc avec les partenaires sociaux (Centrales Syndicales, OSC et Patronat), il a trouvé des solutions idoines aux problèmes d’insécurité, aux problèmes des réfugiés et des personnes déplacées internes des régions de Diffa, Tahoua et Tillabéri. Il a trouvé des solutions aux problèmes de l’école avec le début de mise en œuvre à Niamey du Programme Ecoles sans paillottes, ce programme se poursuivra progressivement sous ses différentes formes dans l’ensemble du pays. La construction des routes et la réhabilitation de celles dégradées est en cours. D’un autre côté, le Président Mohamed Bazoum est hostile à certaines dépenses publiques, ce qui prouve sa volonté intrinsèque de combattre les pratiques des temps révolus, la corruption et autres infractions assimilées.
Au plan international, en sa qualité d’ancien chef de la diplomatie nigérienne, le Président Mohamed Bazoum a donné un nouveau souffle à la coopération entre le Niger, la France et l’Allemagne, pour faire en sorte que la sécurité, la stabilité au Sahel et l’économie africaine bénéficient d’un regain d’investissement susceptible de renforcer la résilience de nos états aux différents chocs qui les assaillent.
Hamani ASSOUMANE, juriste et Vice-Coordonnateur du CODDHD
Les 100 premiers jours du Président BAZOUM Mohamed restent marqués, selon moi, par une gouvernance d’ouverture centrée notamment sur le volet éducatif, la question sécuritaire et bien d’autres domaines conformément aux engagements et orientations contenus dans son programme de renaissance Acte 3. Je constate que sur le plan éducatif, on peut mettre à l’actif des nouvelles autorités, l’élaboration suivie de la présentation assez fournie de la politique éducative aux partenaires techniques et financiers et aux partenaires sociaux dudit secteur que le Président de la République a rencontrées à plusieurs reprises ;étant entendu que l’éducation constitue la priorité de son programme.
Rappelez-vous que dans son discours d’investiture, le Président BAZOUM a pris l’engagement de veiller personnellement sur le système éducatif dont les faiblesses actuelles tirent les performances de notre pays vers le bas. Je dirais même que c’est désormais un domaine « réservé » du Président. C’est un acquis de taille qui mérite d’être souligné.
Sur le plan sécuritaire, l’opinion note des actes de gestion conséquents appuyés de moyens octroyés aux Forces de Défense et de Sécurité ; toute chose ayant permis aux vaillantes forces militaires de prendre progressivement le dessus sur l’ennemi. La conséquence immédiate de la paix relative sur les différents fronts est le retour volontaire, avec enthousiasme, des déplacés internes notamment des régions de Tillabery et de Diffa, dont les populations civiles étaient contraintes d’abandonner leur terroir d’attache depuis 2015 pour des zones plus sécures.
Sur le plan de la gouvernance classique, l’opinion est unanime à reconnaitre la volonté du Président d’apporter sa vision personnelle dans la transformation du « quotidien » de ses concitoyens aculés par la pauvreté endémique, l’insécurité, le désespoir, etc…Les défis sont donc énormes et fortes sont les attentes des nigériens. Sinon, pour l’essentiel, le style et la marque de fabrique de la gouvernance « Bazoum » est en train de prendre forme.
Saouna Inoussa, acteur de la société civile
Merci pour votre question me permettant de donner mon point de vue citoyen sur les 100 jours de la Gouvernance de S.E.M. Mohamed Bazoum. Je voudrais tout d’abord remercier le Bon Dieu qui a permis à notre pays de sortir par le haut d’une transition démocratique ayant permis pour la première fois à notre pays d’assister à une alternance démocratique.
Je voudrais aussi rendre hommage à S.E. M. Mahamadou Issoufou qui a permis à notre pays de vivre ses moments historiques et devenir un exemple dans cette sous-région, marquée par les coups d’Etats militaires et les modifications constitutionnelles pour permettre à certains Chefs d’Etat de se maintenir au pouvoir.
En fin, je rends grâce à Dieu qui a également permis à notre peuple d’élire à sa destinée, un homme visionnaire, un démocrate dans l’âme et un homme qui porte des valeurs pour son pays.
Durant les joutes électorales, les nigériens ont été bernés par des hommes politiques qui n’ont rien à proposer et en cela, ils se sont pris de la manière la plus violente à leur challenger, S.E. Mohamed Bazoum.
Aujourd’hui, à l’épreuve seulement de 100 jours, le peuple découvre un homme d’Etat préparé et engagé pour diriger son pays et le conduire vers son développement socio-économique.
Nantis de son expérience de syndicaliste, militant de la démocratie, homme d’Etat, c’est donc en homme averti que Bazoum a pris la tête de notre pays. Trois mois seulement lui ont suffi pour imprimer sa marque dans la gestion de l’Etat.
En 100 jours, il faut retenir son engagement à faire apaiser le climat sociopolitique, assurer la sécurité par tous. Son objectif phare est d’assurer une éducation de qualité à nos enfants, seul gage d’un avenir meilleur.
Voilà ce que je peux dire de ce bilan de 100 jours du Président de la République. Pendant ces 100 jours, c’est la direction qui est montrée aux nigériens et nous sommes à l’aise de dire que nous autres qui ont pris l’engagement de le soutenir pour toutes ses valeurs et son projet de société, nous sommes très fiers.
Mme Maiga Halimatou Salissou, Association Jeunesse active et citoyenne (JAC)
A mon avis, ce qui force l’admiration des 100 jours du Président de la République SEM Mohamed Bazoum, c’est surtout sa volonté à remettre les nigériens au travail. Son attachement à unir les filles et fils de ce pays et son courage à mettre fin à certaines pratiques.
Mais le plus intéressant, c’est son humilité avec laquelle il arrive à convaincre même les plus sceptiques et je pense qu’il garde fraîchement en mémoire qu’il a juré sur le Saint Coran de travailler pour le peuple et dans l’intérêt unique de ce dernier.
Ces 100 jours nous marque tant et en même temps nous effraie puisque légitimement on se pose des questions du genre : est-ce qu’il va continuer dans la même lancée ? Est ce qu’il pourra tenir, est ce que son entourage ne va pas le changer ? Est-ce que les habituels enfants pourris gâtés de notre République ne vont pas essayer de lui mettre des bâtons dans les roues ?
Nous citoyens du Niger, prierons afin qu’Allah veille sur notre Président tant que ces intentions et ses actions sont axées : sur le développement du monde rural, l’autonomisation des femmes et des jeunes, l’école de qualité accessible à tous, la sécurité renforcée, la santé pour tous et à moindre coût, ce qui signifie développement du Niger. Nous avons le devoir de l’accompagner tant que nous aimons ce pays comme nous le chantons à longueur de journée.
Dr Haboubacar Maman Manzo, Enseignant-chercheur
C’est assez prématuré d’établir un bilan mais ce qui est sûr c’est qu’il y a une situation de référence. En tant que technicien, je sais qu’il y a toujours un point de départ. Sur la base des 10 ans du président Issoufou, le président Mohamed Bazoum a fait un très bon départ sur la base des acquis de son prédécesseur dont il est aussi acteur. Le président Bazoum a eu une très belle situation de référence et il est placé sur un start-up pour bien démarrer. Pour le moment, nous avons un cadre contextuel qui n’est pas du tout facile, mais également nous avons un cadre qui a été stabilisé. Les grands jalons ont été posés et il ne reste qu’à bâtir le chantier du développement. Les 100 jours sont en train d’éclairer les gens sur le personnage de Bazoum sur ses capacités humaines car il a changé carrément leur jugement.
Propos recueillis par Elh. M. Souleymane
Niger Inter Magazine N°29