Le 16 juillet 2021, à Accra au Ghana, a été organisée une cérémonie d’hommage à l’ex-Président de la République du Niger, Issoufou Mahamadou en présence de plusieurs Chefs d’Etat et autres hautes personnalités africaines. L’ex-Président nigérien est le Champion de la Zone de Libre Echange Continentale (ZLECAF) pour l’Union Africaine.
Cette cérémonie d’hommage est une consécration pour les efforts par lui accomplis pour que voient le jour ce que d’aucuns appellent à demi-mots le marché commun de l’espace africain. Elle représente toute la considération que lui portent ses pairs pour le leadership dont il a fait preuve, leadership qui a permis la mise en place de ce gigantesque marché commun qui couvre la totalité du continent noir soit une population d’un milliard trois cent millions de personnes. Une nette avancée dans l’intégration et l’unité africaines, un rêve longtemps nourri par Kwame N’Krumah du Ghana, Patrice Lumumba du Congo, Diori Hamani du Niger, le Négus Haïlé Sélassié de l’Ethiopie, Habib Bourguiba de la Tunisie et tant d’autres qui se sont battus et se battent encore pour une Afrique unie et indivisible.
Dans le cadre de cette célébration du Président Issoufou par l’Afrique réunie au Ghana, une stèle lui a été dédiée au cœur même du siège de la ZLECAF.
Sous les yeux du Président Mohamed Bazoum, son successeur à la tête de l’Etat du Niger, il a prononcé, au cours de la cérémonie du dévoilement de ladite stèle, un important discours qui, certainement fera date dans les annales de l’histoire du continent.
Dans cette prestation qui est la sienne, l’ancien Président Issoufou Mahamadou, a commencé par remercier les chefs d’Etat ayant effectué le déplacement d’Accra afin de lui rendre hommage, notamment, son hôte, Nana Akufo Ado, le Président Ghanéen avant de décliner toute « sa satisfaction d’avoir été distingué et de recevoir cette distinction ici à Accra, la Mecque du panafricanisme ». Pour Issoufou Mahamadou, l’honneur qui lui est rendu, l’est au peuple nigérien qu’il a eu l’honneur de diriger pendant dix ans.
« Je lui dédie cette distinction en même temps je la dédie à toutes les générations de panafricanistes, notamment aux pères fondateurs qui, dès l’accession de nos pays à l’indépendance, avaient uni leurs efforts pour créer, en 1963, l’Organisation de l’Unité Africaine (OUA) ».
Depuis cette date, d’après le Président Issoufou, « un long chemin a été parcouru avec des étapes décisives : en 1979, la déclaration de Monrovia mentionnant pour la première fois la nécessité de créer un marché commun Africain ; en 1980, le plan d’action de Lagos précisant la notion du marché commun Africain ; en 1991, le traité d’Abuja sur l’union douanière continentale ; en 2000, la création de l’Union Africaine (UA) ; en 2012, l’Adoption du plan d’action pour stimuler le commerce intra-africain (BIAT); en 2013, l’adoption de l’agenda 2063 qui définit l’Afrique que nous voulons quand nos enfants et nos petits-enfants fêteront, dans une quarantaine d’années, le double centenaire des indépendances et de la création de l’Organisation de l’Unité Africaine (OUA) ».
S’agissant de la Zone de Libre Echange Continentale Africaine (ZLECAf), celle-ci « n’aurait jamais vu le jour sans la forte volonté politique et le soutien de l’ensemble des chefs d’Etat de notre continent. Les chefs d’Etat ont compris l’absurdité du maintien, en cette ère de globalisation, d’une Afrique balkanisée avec 84000 Km de frontières qui bloquent la circulation des personnes, des biens et des services ».
Pour l’ex-Chef d’Etat nigérien, les dirigeants africains « ont compris que notre salut est dans l’intégration. Ils ont fait preuve de leadership en définissant la vision de l’Afrique que nous voulons et les valeurs partagées qui constituent le ciment de notre unité ».
Selon son propre constat, « les Chefs d’Etat, prenant en compte les aspirations des peuples, sont déterminés à réaliser le rêve d’une Afrique prospère, connaissant une croissance inclusive et un développement durable, le rêve d’un continent bien intégré politiquement, s’inspirant de l’idéal du panafricanisme et de l’idée maîtresse de la renaissance de l’Afrique, d’une Afrique bien gouvernée, respectueuse des droits de l’homme, de la justice et de la légalité, d’une Afrique développée par le travail de tous les Africains, une Afrique unie, résiliente et influente sur le plan international »
Issoufou Mahamadou, en panafricaniste averti, a dévoilé devant le parterre de hautes personnalités sa conviction sur notre continent qui, selon lui, « connaîtra une croissance économique plus forte ».
« Cette croissance doit être inclusive afin de réduire la pauvreté », a-t-il expliqué. Grâce à la mise en place de la ZLECAF, « des milliers d’emplois pourront être créés pour les 12 millions de jeunes Africains qui arrivent chaque année sur le marché du travail », a souligné l’ex-Président de la République du Niger.
Cependant, pour que celle-ci « atteigne ses objectifs de manière optimale, il est nécessaire de mettre en œuvre les autres projets et programmes du premier plan décennal 2013-2023 ainsi que ceux du prochain plan décennal 2023-2033 ».
Dans ce cadre, il faut, en particulier, que soit mis en œuvre le Plan de Développement des Infrastructures en Afrique (PIDA). Celui-ci « permettra de surmonter la première limite au commerce intra-africain que constitue le manque d’infrastructures, manque qui induit notamment des coûts de transports et des délais d’acheminement des marchandises deux à trois fois plus élevés que ceux des autres continents ».
Pour l’ex-Président du Niger, « les besoins annuels en financement d’infrastructures du continent (infrastructures routières, ferroviaires, énergétiques, aéroportuaires, portuaires, numériques) sont estimés à environ 100 milliards de dollars par an ».
Il a fait le tour de tous les leviers du développement du continent, son industrialisation, les voies de communications, l’agriculture, le commerce, etc. De nombreux instruments ont été, en effet, mis en place afin de permettre son décollage économique comme le plan d’action pour le développement industriel accéléré de l’Afrique (AIDA) qui donnera un contenu à la ZLECAf, le programme de développement de l’agriculture en Afrique (PDDAA) qui permettra à lui seul de nourrir l’Afrique, le plan d’action pour stimuler le commerce intra-africain (BIAT) qui permettra de lever les contraintes du côté de l’offre dans le commerce intra-africain, etc.
En lien avec tous ces instruments, ces projets et bien d’autres programmes encore, « la ZLECAf permettra une transformation structurelle des économies Africaines et constitue une source d’opportunités énorme pour les états membres, pour les citoyens de l’Union, pour les entreprises africaines, pour les investisseurs étrangers, pour le marché financier et pour les autres nations du monde », a déclaré l’ancien Chef d’Etat nigérien.
Cependant, le manque d’infrastructures, les barrières non tarifaires et le manque de financement peuvent être des obstacles capables de freiner le succès attendu dans la mise en œuvre de la ZLECAF. « La demande de financement du commerce non satisfaite est évaluée chaque année, à près de 90 milliards de dollars », a-t-il relevé.
Il a, enfin, terminé son allocution en soulignant que « j’ai toujours rêvé de servir non seulement le Niger mais l’ensemble de notre continent car il n’y a pas de réelles perspectives de développement pour nos pays pris isolement. L’Afrique doit s’unir ou périr. Chaque Africain doit se répéter chaque jour cette vérité exprimée par Kwame N’Krumah. Chaque Africain, au-delà de son pays, doit avoir une conscience Africaine. J’accepte avec humilité l’honneur qui m’est fait et j’espère que la ZLECAf constitue un grand pas vers la prise de conscience, par tous les Africains, de leur communauté de destin ».
Bassirou Baki Edir