Le samedi dernier, Me Lirwana Abdourahamane a animé une conférence de presse sur le présumé contentieux électoral. Il dit avoir soumis le dossier à la Cour de justice de la CEDEAO qui donne un mois à la partie adverse pour déposer son mémoire de défense. Me Lirwana pense ainsi obtenir la destitution et/ou la démission du Président Bazoum au profit de son client, Mahamane Ousmane au nom duquel il prétend agir. Une histoire à dormir debout.
“Celui qui ne peut faire une prière chez lui fait la messe chez les autres’’, dit-on. Cet adage illustre bien l’attitude surréaliste de Me Lirwana à l’occasion de son face à la presse du weekend dernier. Plus d’un citoyen se demande sur les raisons de l’agitation de l’avocat commis par Mahamane Ousmane dans la gestion du prétendu contentieux électoral.
Me Lirwana sait très bien que la Cour de justice de la CEDEAO n’est pas plus compétente que la Cour constitutionnelle en matière électorale. « Elle n’est même pas habilitée. Tout au plus, elle pourrait, peut-être, que constater la violation d’un texte international relatif aux droits de l’homme auquel le Niger est partie. Et ceci n’aura aucune incidence sur la validité des résultats d’une élection certifiée par la juridiction compétente en la matière, c’est-à-dire la Cour constitutionnelle dont la Cour de la CEDEAO n’a aucune ascendance en ce sens que les deux ont des domaines de compétence et de normes de référence différents. Mieux, les positions des Etats membres sur les différents arrêts rendus par cette juridiction communautaire en disent long sur son impertinence à chaque fois qu’il lui arrive de statuer sur des questions politiques sensibles déjà tranchées par les hautes juridictions nationales’’, nous a confié un jurisconsulte.
A bien écouter Me Lirwana dans son point de presse notamment en langue hausa, sur fond de désespoir, l’avocat appelle de tout son vœu à un coup d’Etat tout en incitant à une insurrection populaire. Ce qui constitue une confusion des genres de la part de cet avocat controversé qui n’est pas à son premier coup d’essai.
Son activisme inquiète même les juristes. Tenez : il a déposé un recours en rétractation demandant à la Cour Constitutionnelle de constater l’inexistence de son arrêt qui valide le second tour de la présidentielle du 21 février dernier. Mais les jurisconsultes vous diront que la loi organique sur la Cour constitutionnelle et la constitution elle-même ne prévoient pas un tel recours.
Me Lirwana a dérouté les profanes et tous ceux qui tiennent à la doxa selon laquelle les arrêts de la Cour constitutionnelle ne sont pas susceptibles de recours. Dans sa posture de mauvais perdant, Mahamane Ousmane prête le flanc aux élucubrations de Me Lirwana, qui est capable surtout du pire dans son propre domaine. Le candidat malheureux du RDR Tchandji s’est autoproclamé vainqueur, puis il a osé contesté l’arrêt de la plus haute juridiction. Ce qui le met dans la position d’un iconoclaste, un anti républicain et un anti conformiste au soir de sa carrière politique. Et selon certaines sources, même certains leaders de l’opposition ne prennent pas la comédie de Me Lirwana et Ousmane au sérieux.
Pour les jurisconsultes, Me Lirwana voudrait semer la confusion dans le pays et également tenter de se remettre en selle en redorant son blason d’avocat controversé. En effet, même les profanes du droit savent que les arrêts de la Cour constitutionnelle sont insusceptibles de tout recours. Qui plus est, la Cour, en tant que juge électoral, elle est bel et bien dans son élément.
D’aucuns se demandent également si Me Lirwana ne joue pas aux prolongations pour permettre à son client d’être en phase avec ses alliés au regard de leur posture politique anti républicaine. Certes, Me Lirwana, comme l’a dit un autre juriste qui le connait bien, fait plus dans le show médiatique que dans la défense de son client, mais il y a lieu de se poser des questions sur les conséquences de son juridisme béat. Au regard de l’aventure ambiguë dans laquelle se trouve Mahamane Ousmane, nul doute que le jeu trouble de Me Lirwana pourrait s’avérer comme un lot de consolation. On constate que Mahamane Ousmane a été désavoué par ses collègues députés, qui se sont allègrement positionnés au sein du parlement, malgré son mot d’ordre aux députés de son obédience de ne pas siéger du tout à l’Assemblée nationale. Dans cette situation où Mahamane Ousmane se trouve victime du deal faustien qu’il a contracté avec Hama Amadou, Me Lirwana joue bien le rôle de ‘’l’idiot utile’’ pour permettre à son client de faire bonne impression qu’il respecte les termes du deal. Le recours de Me Lirwana à la Cour de justice de la CEDEAO pourrait être comptabilisé comme action héroïque dans la défense de la victoire supposée être détournée. Ce serait croire au père Noel.
Au regard de son statut d’avocat controversé, plus d’un citoyen se demande comment Mahamane Ousmane qui avait en 1995 fait recours à Jacques Vergès s’est retrouvé avec le tristement célèbre Me Lirwana ?
« Je me demande quand est-ce que et comment l’ordre des avocats pourrait arrêter les dérives de Me Lirwana qui tient des propos extrêmement graves tendant à remettre en cause l’ordre républicain », se demande un autre juriste, enseignant chercheur.
Tiemago Bizo