C’est un truisme de dire que notre pays perd de plus en plus de batailles. Les terroristes sèment la désolation dans le pays de sorte que plus d’un citoyen se pose mille et une questions sur l’efficacité de la stratégie de nos sécurocrates. Il urge, à notre humble avis, de changer de paradigme. Autrement l’exemple des villages d’Anzourou pourrait faire tache d’huile tant il y a péril en la demeure.
Ces derniers temps, notre pays est durement éprouvé par des attaques terroristes aussi barbares que lâches. Des compatriotes, militaires et civils, y ont malheureusement perdu la vie en défendant l’honneur de la République. Ils ont perdu la vie en nous défendant contre des individus aux desseins criminels. Leur sacrifice suprême doit être honoré par chaque citoyen. L’une des façons de le faire, c’est que chacun de nous se considère comme un soldat de la République face à des hordes d’individus qui ne vivent que du sang et des larmes des hommes et des femmes qui n’aspirent qu’à vivre dans un Etat organisé. La désertion des populations d’Anzourou n’est que le corollaire de ce drame où de plus en plus nous perdons des batailles. Nous perdons également la bataille de la communication de sorte qu’au bout du compte, il y a ces derniers temps toujours plus de militaires tués que de terroristes. Et si on ajoute les civils, le bilan s’aggrave après chaque attaque. Certains concitoyens inconsciemment ou non ont choisi de faire le jeu des terroristes en partageant les images savamment ventilées par les terroristes. Le comble de l’inconscience c’est quand des nôtres publient des images des corps mutilés de nos soldats. N’est-ce pas contribué à saper le moral de nos militaires ?
Il n’y a pas lieu de se méprendre : les terroristes s’en prennent indistinctement à tous. C’est pourquoi, nous devrons être tous mobilisés derrière les Forces de défense et de sécurité dans une vaste chaine de solidarité nationale et considérer que le Niger est en guerre. Il est en guerre contre des forces obscurantistes, des forces du mal, des forces qui tentent d’aliéner notre souveraineté, notre cohésion nationale et le vivre-ensemble. Il est en guerre contre des promoteurs des contre-valeurs, des promoteurs de la mort gratuite.
Nous n’avons qu’un seul pays qui s’appelle le Niger. Tout le combat que nous allons faire doit s’inscrire dans la logique de le défendre contre toute agression extérieure. En d’autres termes, un front commun doit être érigé contre le terrorisme, qui est l’ennemi commun aux Nigériens. C’est pourquoi, il est intolérable que des concitoyens relayent consciemment ou non la propagande des terroristes à travers les réseaux sociaux. Il y en a même qui croient trouver une occasion en or pour en découdre avec le régime en place. Ils se trompent de combat et d’objectif. Rien ne vaut le sentiment national indépendamment de toute autre considération politique qui est conjoncturelle. Ils ne doivent pas croire que les terroristes vont leur déblayer un boulevard pour accéder aux plus hautes charges de l’Etat. S’ils ont cette conviction, c’est qu’ils sont dépourvus de toute logique, de tout bon sens. Les terroristes détruisent les Etats. C’est pourquoi, ils ne peuvent constituer d’alliés objectifs ou subjectifs de quelque cause politique que ce soit.
Ce que nous avons à faire, c’est de soutenir les FDS et d’encourager le gouvernement à être davantage à leur écoute. Car nous avons des Forces compétentes et dévouées. Malheureusement, nous avons une frontière avec le Mali où l’Etat a cessé d’exister dans cette partie-là. Du coup, aucune force malienne n’est déployée à notre frontière avec ce pays. Malgré tout, nos FDS tiennent bon, et continueront à tenir bon. Elles ont besoin de savoir que nous sommes tous mobilisés à leurs côtés pour le triomphe des valeurs de la République, des valeurs humanistes.
La question sécuritaire ne doit pas être lue avec des lunettes de politiciens. C’est une cause nationale qui engage l’ensemble des enfants du pays. Il n’y a donc pas de dividende politique à tirer par un bord politique ou un autre. Arrêtons donc d’instrumentaliser cette question. Battons-nous plutôt pour protéger notre nation face aux forces du mal. Pour rassurer les Nigériens, il importe de changer de paradigme. Le Burkina vient de nous indiquer la voie. Il faut des actions offensives musclées dans le sens de traquer l’ennemi jusque dans ses derniers retranchements. Le politique et le militaire doivent considérer qu’ils sont dos au mur. Les citoyens observent avec une certaine peur panique le déroulement peu flatteur de nos soldats face à l’ennemi. Et ce n’est pas rassurant d’entendre certains ressasser cette idée : est-ce que tout le monde a intérêt qu’on mette un terme à la lutte anti terrorisme ?
Elh. M. Souleymane
Niger Inter Hebdo N°21