Opposition politique : La CAP 20-21 s’enfonce dans son sommeil dogmatique !

Au lendemain du drame qui a endeuillé de nombreuses familles suite à l’incendie qui a ravagé l’école Pays-Bas et causé la mort d’une vingtaine d’enfants, la Coalition pour l’Alternance Politique en 2021 (CAP 20-21) a rendu publique une déclaration. Elle s’était réunie à cet effet au siège du RDR Tchandji, le parti politique de Mahamane Ousmane, candidat malheureux à l’élection présidentielle du 21 février 2021. A cette occasion elle a tiré ses propres conclusions sur la situation sociopolitique consécutive aux récentes élections qui se sont déroulées dans notre pays.

La déclaration de la CAP 20-21 semble être moins un témoignage de compassion à l’égard des nigériens endeuillés qu’une suite de récriminations contre la gouvernance de l’ex-Président de la République Issoufou Mahamadou et de revendications sur la victoire de Mahamane Ousmane.

En effet, selon la CAP 20-21, le drame survenu à l’école Pays-Bas n’a d’autre cause que « la situation chaotique que vit notre pays depuis dix (10) longues années ». Les 10 longues années dont elle parle ici, allez savoir, c’est justement les deux mandats du Président Issoufou qui sont arrivés à leur terme le 2 avril dernier.

La gouvernance de l’ancien Chef de l’Etat a, d’après la Coalition, failli « dans tous les domaines, notamment celui de la sécurité, comme l’ont illustré récemment encore les massacres de Zaroumdarey, Tchombangou, Banibangou, Tillia ».

Dans la foulée, elle tire la conclusion que « l’incendie du mardi 13 avril 2021 de 25 classes paillotes au quartier Pays-Bas de Niamey, indique que notre pays a franchi le seuil de l’intolérable ».

Les partis politiques membres de la CAP 20-21, disent ne pas comprendre « qu’un lopin de terrain, coincé à l’angle d’une ruelle, soit érigé en école, en plus avec des classes paillotes ». D’où cette question par eux-mêmes posée quant à ce « que sont devenus tous les espaces réservés à la construction d’établissements accueillant du public ».

Ces partis de l’opposition politique estiment savoir qu’en réalité, « tous ces espaces définis dans le Schémas Directeur d’Aménagement et d’Urbanisme ont été morcelés, détournés et bradés à une clientèle politique véreuse qui excelle dans la captation d’espace public, le pillage de deniers publics et des réserves foncières ».

La Coalition CAP20-21 fait fi des enquêtes que mènent les services spéciaux de la police et de la protection civile afin d’éclairer la lanterne des nigériens quant aux origines de l’incendie meurtrier qui endeuilla les populations du quartier Pays-Bas. Elle réclame, pour sa part, qu’une « enquête indépendante » soit diligentée, pour faire « la lumière sur ce tragique sinistre ».

Selon toute vraisemblance, l’ombre de l’ex-Président Issoufou plane toujours sur toutes les initiatives de notre opposition politique. En effet, d’après sa conception à elle, le drame du quartier Pays-Bas « symbolise l’échec et l’incapacité notoires de l’ex-président Mahamadou Issoufou et du régime de la renaissance à protéger ce que nos valeurs de civilisation chérissent par-dessus tout : l’enfance, incarnation par excellence de l’innocence et de l’espoir ».

C’est après avoir déversé tout son état d’âme sur l’ancien Chef de l’Etat et sa gouvernance que la CAP 20-21 revient sur le processus électoral et expose à la face du monde le réel état d’esprit dans lequel elle reste encore engluée.

De ce processus électoral, dans ses rêveries, elle ne retient que ce sur quoi elle ne lâche pas encore du lest malgré la honte bue suite à son échec prouvé à l’élection présidentielle du 21 février 2021.

Elle revient encore, en effet, sur la supposée victoire de Mahamane Ousmane, le chantre du « changement » pour qui, selon elle, les nigériens « ont voté massivement ».

Plongée dans son sommeil dogmatique, la CAP 20-21 proclame dans sa déclaration que « notre peuple a accordé la victoire à SE Mahamane Ousmane », cependant, l’on tente de voler « cette victoire, fruit de la libre expression du peuple nigérien souverain, par de multiples artifices (intimidations, harcèlements, arrestations, manœuvres judiciaires) ».

Ce qui est déroutant, c’est moins sa revendication de la victoire en faveur de l’ex-Président Mahamane Ousmane, mais c’est surtout cet espoir qu’elle cherche à maintenir dans les esprits de ses militants quant à la possibilité d’une accession au pouvoir de ce dernier.

Malgré l’organisation du 2ème tour de la présidentielle du 21 février 2021 de manière transparente, libre et dans le calme, malgré tous les messages de félicitations adressés par les observateurs internationaux au Niger et au Président Issoufou pour la parfaite organisation du scrutin, malgré la proclamation des résultats globaux provisoires faite par la CENI et qui donnait Mohamed Bazoum victorieux avec 55,75% des suffrages, malgré l’Arrêt de la Cour Constitutionnelle qui a proclamé ce dernier élu Président de la République avec un score de 55, 66% des suffrages exprimés valables, malgré un 2 avril 2021 où le monde entier a assisté à l’investiture de Mohamed Bazoum comme Président de la République du Niger pour un mandat de 5 ans, malgré tout cela, si la CAP 20-21 ne se reconnait pas encore vaincue, il y a alors de quoi s’inquiéter quant à sa conception du jeu démocratique et des principes républicains.

Seule contre tous, elle clame que sa « victoire ne sera pas confisquée. La requête pendante devant la Cour Constitutionnelle, réclamant la victoire du Président Ousmane, à hauteur de 54,70 % des voix, illustre et aggrave la persistance du contentieux électoral, gage de notre détermination à se battre jusqu’à la manifestation de la vérité sortie des urnes ».

La Coalition CAP20-21 insiste ne pas reconnaitre « l’élection du sieur Bazoum à la Présidence de la République » et, dans cette posture de déni des réalités, elle réclame la libération sans conditions de plusieurs personnalités de l’opposition et des individus arrêtés suite aux émeutes du 23 février 2021.

Tout en réaffirmant son soutien à Mahamane Ousmane, la Coalition rappelle à ses militants le respect du mot d’ordre de ce dernier quant à « leur participation active dans la Résistance démocratique, républicaine et citoyenne contre le vol électoral sur toute l’étendue du territoire national jusqu’à son investiture ». Comme quoi, il est aussi permis de rêver même à l’état de veille.

Bassirou Baki Edir

Niger Inter Hebdo N°17