SEM Mohamed Bazoum, nouveau Président élu de la République du Niger

Mohamed Bazoum Président : The game is over !

The game is over ! Expression anglaise que l’on peut traduire par : La récréation est terminée ! Le choix de la stabilité a triomphé sur l’incertitude et le chaos. La Cour constitutionnelle a déclaré Mohamed Bazoum, le candidat du PNDS Tarraya, vainqueur, avec 55,66% contre 44,34 % pour le candidat du RDR Tchanji, Mahamane Ousmane, le dimanche 21 mars 2021. Mohammed Bazoum succède ainsi au Président Issoufou Mahamadou, qui quitte le pouvoir, démocratiquement, après deux mandats aux commandes du Niger. Le Niger vient de réaliser sa première alternance démocratique à savoir la dévolution pacifique du pouvoir d’un président élu à un autre président élu par le peuple souverain.

La Cour constitutionnelle a annulé les résultats de 73 bureaux de vote, ce qui a légèrement modifié les résultats à elle transmis par la Commission électorale nationale indépendante (CENI). Selon le président de la Cour constitutionnelle, le mandat du Président Bazoum commence à partir du 2 avril prochain, à minuit.

Cette proclamation des résultats globaux définitifs par la Cour constitutionnelle vient de mettre fin au suspense et à la polémique truffée d’antivaleurs savamment entretenue par quelques-uns de nos compatriotes.

 

Le choix de la stabilité conforté

À propos du contexte politique actuel, nous avions, très tôt, prévenu les électeurs que la Mouvance pour la Renaissance du Niger (MRN), c’est-à-dire la coalition qui a accompagné le Président Issoufou, depuis son initiative de formation du gouvernement d’union nationale (GUN), constitue le gage de la stabilité du Niger, à la différence de l’offre politique de Mahamane Ousmane adossée par la Cap 20-21.

Et le plus important à retenir, c’est que l’expérience de la MRN a fait justement montre d’une garantie de stabilité politique et institutionnelle pour le Niger, à la différence de l’offre de Mahamane Ousmane, qui rappelle la cohabitation qui est synonyme d’instabilité, d’incertitude et de chaos. En effet, la cohabitation, c’est le souvenir que les Nigériens gardent de son expérimentation à travers le combat de titans qui a opposé Mahamane Ousmane et Hama Amadou en 1995. Une période caractérisée par la guéguerre au sommet de l’Etat où le président de la République peut observer des grèves pour ne pas présider les Conseils des ministres ; et pour le punir de cet acte, le Premier ministre le prive des moyens de fonctionnement. Bref, la cohabitation de ce genre, c’est mettre l’État à terre et faire courir au pays des périls majeurs dont l’instabilité, qui constitue une menace réelle pour notre développement, dans un contexte d’insécurité et de bien d’autres menaces exogènes comme la Covid 19. Disons-le tout net, la cohabitation, comme offre politique de Mahamane Ousmane, est synonyme de conflits de personnes et de négation des valeurs républicaines.

C’est dire que la victoire de Mohamed Bazoum rassure les Nigériens, après le doute qu’a fait planer la posture de Mahamane Ousmane et ses alliés de la Cap 20-21. C’est donc sans aucune surprise que Bazoum est proclamé vainqueur parce qu’il avait, effectivement, gagné les élections, dès le premier, à considérer ses résultats au niveau des locales, des législatives et des présidentielles.

Avec la majorité parlementaire très confortable qui l’accompagne, Mohamed Bazoum va œuvrer pour la construction nationale et, par ricochet, garantir la stabilité des institutions et du Niger. Mohamed Bazoum a la chance de présenter aux Nigériens une offre politique pertinente sans risque de tensions et de guéguerre inutiles.

Le choix cornélien de Mahamane Ousmane…

Au regard de la posture postélectorale de Mahamane Ousmane et ses alliés de la Cap 20-21, la victoire de Mohamed Bazoum, proclamée par la Cour constitutionnelle, résonne comme un camouflet. La Cap 20-21 a amené son candidat à franchir le Rubicon en s’autoproclamant vainqueur du second tour de la présidentielle, en lieu et place de la CENI, et ce, avec la complicité de son iconoclaste avocat, Me Lirwana pour ne pas le nommer. En le faisant, Mahamane Ousmane se pose comme juge et partie, en violant la loi électorale. Le camp de Mahamane Ousmane a exercé une rare pression sur le juge électoral, qui frise l’outrage aux membres de la Cour. Et que dire des actes de vandalisme ou disons la guérilla urbaine observée à Niamey après la proclamation des résultats provisoires par la CENI ? Cette violence ciblée vers les hommes politiques qui ont soutenu Mohamed Bazoum, les journalistes, les biens publics et privés n’avait rien de spontané et Mahamane Ousmane ainsi que ses alliés ne se sont pas démarqués de cet extrémisme violent commis par leurs militants, instrumentalisés par certains alliés en perte de vitesse.

Pour avoir contracté un deal faustien, Mahamane Ousmane se trouve dans un dilemme cornélien, même après la sentence de la Cour constitutionnelle : il n’a pas su se ressaisir tant il est pris en otage par ses soutiens qui ont un autre agenda. De la posture de mauvais perdant, Mahamane Ousmane n’a plus qu’un choix à savoir soit prendre acte des résultats validés par la Cour, soit braver l’autorité de l’Etat en engageant une épreuve de force, ce qu’un confrère avait pompeusement appelé « le troisième tour » ou l’arbitrage du peuple. À bien des égards, certains observateurs créditent toujours Ousmane de républicain et de démocrate, en ce sens qu’en dépit de l’agenda insurrectionnel de la Cap 20-21, il a, jusqu’ici, préféré être légaliste. C’est, entre autres, le cas après l’interdiction de la marche suivie de meeting du 20 mars dernier. Tout comme, tout en s’autoproclamant président élu, il a formulé, tout de même, un recours auprès de la Cour constitutionnelle. Mais, Mahamane Ousmane n’est plus maitre du jeu, il est prisonnier du cadeau empoisonné de son allié encombrant, Hama Amadou, qui a jeté son dévolu sur lui, en mettant en avant son propre agenda, qui tranche d’avec les principes démocratiques. Et aujourd’hui comme à la mafia, Ousmane se trouve incapable d’initiative historique ou de volonté politique. Il faut donc comprendre cette réalité pour tenter de sauver le soldat Ousmane.

On l’aura compris, nous l’écrivions au moment des alliances, Hama Amadou constitue l’obstacle majeur qui a fait de Mahamane Ousmane un candidat clivant et méfiant aux yeux des autres leaders politiques. Tout se passe comme si le combat de Mahamane Ousmane se réduit à la seule cause de Hama Amadou. Ce qui, en soi, ne rassure guère les éventuels alliés.

Ce que signifie le triomphe du camp Bazoum

La victoire de Bazoum est désormais incontestable. Vouloir la contester, c’est défier l’autorité de l’Etat. Même Mahamane Ousmane n’a plus le droit de la contester, comme il le faisait avant le 21 mars 2021, au risque de s’exposer à la rigueur de la loi. Mais il importe de souligner que Mohamed Bazoum est élu Président du Niger, le Président de tous les Nigériens y compris ceux qui ont voté Mahamane Ousmane. La fonction présidentielle a ses exigences. Elle est faite de sacrifices. Le Président de la République doit être au-dessus de la mêlée. Comme tout père de famille, il lui incombe de créer les conditions de possibilité d’une famille, une et indivisible. Et au regard de tout ce qui s’est passé, le Président Bazoum doit être animé d’abord par le sens du pardon et de la répartie. Il est tenu de pardonner aux brebis galeuses et ne pas écouter les siens qui seront tentés de lui conseiller la posture du vainqueur. Les défis qui assaillent le Niger exigent du Président élu, dès sa prise de fonctions, d’envoyer des signaux forts pour un nouveau départ, pour refonder l’unité nationale et détribaliser, à jamais, l’arène politique au Niger, comme l’a toujours prôné le Président Issoufou. Et déjà en tendant la main à Mahamane Ousmane, on pourrait dire que le nouveau président est dans une bonne prédisposition d’esprit. Il doit élargir cet élan dialogique à toute l’opposition politique qui accepterait, dans un sursaut patriotique, d’apporter sa pierre à l’édifice. Si l’opposition renonce à son projet anti républicain, le Président Bazoum pourrait créer un climat apaisé nécessaire pour la stabilité du Niger. C’est à deux qu’on casse la calebasse, dit-on.  Il est aisé de démontrer que la bonne volonté de Bazoum n’y suffit pas, sans la coopération de l’opposition politique. Une posture politique c’est une chose, mais mettre en avant les intérêts du pays, c’est également une autre chose. Les Nigériens observent les gagnants comme les opposants, pour voir qui voudrait tirer notre pays vers bas. Qui vivra verra !

 

Elh. M. Souleymane