Plus d’un citoyen se demande sur les raisons de l’agitation de Me Lirwana Abdrahamane, avocat de Mahamane, dans la gestion du prétendu contentieux électoral. Son activisme inquiète même les juristes. Tenez : il a déposé un recours en rétractation demandant à la Cour Constitutionnelle de constater l’inexistence de son arrêt qui valide le second tour de la présidentielle du 21 février dernier. Mais les jurisconsultes vous diront que la loi organique sur la Cour constitutionnelle et la constitution elle-même ne prévoient pas un tel recours.
Me Lirwana a dérouté les profanes et tous ceux qui tiennent à la doxa selon laquelle les arrêts de la Cour constitutionnelle ne sont pas susceptibles de recours. Dans sa posture de mauvais perdant, Mahamane Ousmane prête le flanc aux élucubrations de Me Lirwana, qui est capable surtout du pire dans son propre domaine. Le candidat malheureux du RDR Tchandji s’est autoproclamé vainqueur, puis il a osé contesté l’arrêt de la plus haute juridiction. Ce qui le met dans la position d’un iconoclaste, un anti républicain et anti conformiste au soir de sa carrière politique.
La semaine dernière, contre toute attente, Me Lirwana informait l’opinion publique en ces termes : « J’ai déposé ce soir à la Cour constitutionnelle (CC) une requête en rétractation demandant à la Cour de constater l’inexistence de son arrêt N°023/CC/ME/2021 du 21 mars 2021, portant proclamation et validation des résultats définitifs des élections présidentielles du 2nd tour du 21/02/2021, au motif pris de ce que la CC a violé sa propre loi (N°2012-35) de procédure, comme en_2003_et_2009 elle était saisie de ce genre recours et elle a annulé_3_arrêts de 2003. Le président de l’époque a démissionné de lui-même pour avoir bonne conscience et se conformer à son serment, malgré qu’il n’est pas juriste de formation.
En vérité, nous a confié un juriste, ‘’la rétractation n’existe pas devant la Cour constitutionnelle. Sa requête sera purement et simplement déclarée irrecevable. La jurisprudence de 2003 à laquelle il fait allusion est irrégulière. En 2009, la Cour l’a rappelé au Président Tandja, en déclarant irrecevable sa requête en rétractation’’. Me Lirwana doit souffrir du fait que la loi organique sur la Cour constitutionnelle et la constitution elle-même ne prévoient pas un tel recours. Il voudrait peut-être impressionner les profanes du droit.
Pour les jurisconsultes, Me Lirwana voudrait semer la confusion dans le pays et également tenter de se remettre en selle en redorant son blason d’avocat controversé. En effet, même les profanes du droit savent que les arrêts de la Cour constitutionnelle sont insusceptibles de tout recours. Qui plus, la Cour, en tant que juge électoral, elle est bel et bien dans son élément.
D’aucuns se demandent également si Me Lirwana ne joue pas aux prolongations pour permettre à son client d’être en phase avec ses alliés au regard de leur posture politique anti républicaine. Certes, Me Lirwana, comme l’a dit un autre juriste qui le connait bien, fait plus dans le show médiatique que dans la défense de son client, mais il y a lieu de se poser des questions sur les conséquences de son juridisme béat. Mais au regard de l’aventure ambiguë dans laquelle se trouve Mahamane Ousmane, nul doute que le jeu trouble de Me Lirwana pourrait s’avérer comme un lot de consolation. On constate que Mahamane Ousmane a été désavoué par ses collègues députés, qui se sont allègrement positionnés au sein du parlement, malgré son mot d’ordre aux députés de son obédience de ne pas siéger du tout à l’Assemblée nationale. Dans cette situation où Mahamane Ousmane se trouve victime du deal faustien qu’il a contracté avec Hama Amadou, Me Lirwana joue bien le rôle de ‘’l’idiot utile’’ pour permettre à son client de faire bonne impression qu’il respecte les termes du deal. Le recours de Me Lirwana pourrait être comptabilisé comme action héroïque dans la défense de la victoire supposée être détournée. Ce serait croire au père Noel.
Qui est Me Lirwana Abdrahamane ?
Cet avocat de formation est le prototype de ce qu’on pourrait appeler un ‘’raté’’. Militant d’un mouvement dit pour ‘’la citoyenneté responsable’’, Me Lirwana a joué un rôle dans l’érection de l’éphémère 6ème République, une forfaiture qui porte sa signature et celle de Nouhou Arzika, son mentor. Il a été propulsé jusqu’à la Cour constitutionnelle par la seule volonté du président du Mouvement pour la citoyenneté responsable (MCR) qui avait, en son temps, une totale influence sur le président Tandja. Et ces Zorros ont bu le calice jusqu’à la lie dans les grâces du tazarce (Continuité en langue Haoussa) pour services rendus au nom de la société civile !
Contre toute attente, ces démolisseurs de la 5ème République ont subitement rêvé être des révolutionnaires à l’occasion du mouvement de la contestation de la loi des finances 2018. Comme le ridicule ne tue pas, Me Lirwana et ses compagnons se sont érigés en prédicateurs donneurs de leçons. Ils ont excellé dans leur posture de ‘’volonté de puissance réactive’’ car leur recette consistait simplement à médire et injurier les gouvernants pompeusement au nom du peuple.
Dans une de ses frasques, invité en direct au JT de Labari TV, il appelle à la sédition : « Sortez, la police est fatiguée », s’adressait-il aux populations de Niamey et environ.
Il fut arrêté et c’est justement cela qui avait provoqué la fermeture de la Télévision Labari. Heureusement que la civilisation adoucit les mœurs, dit-on. Le gouvernement de Brigi Rafini, imbu des valeurs démocratiques, a laissé la justice traiter cette affaire en toute indépendance.
A la maison d’arrêt de Daïkaïna où il est détenu, un jour Me Lirwana surprend plus d’un citoyen en initiant son mouvement de grève de la respiration entrecoupée.
Mais il avait pris soin d’adresser une correspondance au président de la Commission nationale des Droits humains (CNDH) et bien d’autres Institutions de défense des droits humains.
« Cette décision de grève est motivée, selon Me Lirwana Abdourahamane, de l’état d’étouffement de la démocratie et de l’état d’asphyxie suffoquant et nauséabonde des libertés publiques au Niger. C’est pourquoi, il a décidé, ce mardi 24 avril 2018, de couper de temps en temps sa respiration du fait de cette atmosphère d’un Niger, devenu désormais irrespirable et insupportable », rapporte notre confrère Actuniger. Mais, très vite, des personnes sensées ont arrêté cette farce d’un prisonnier qui voudrait maladroitement comme un bébé attirer l’attention sur lui. Depuis cette dernière comédie il était tenu de prendre son mal en patience.
Pour rappel, Me Lirwana avait comparu en flagrant délit pour outrage à magistrat dans l’exercice de ses fonctions, à savoir le doyen des juges du tribunal de grande instance hors classe de Niamey. Il était condamné à une peine d’emprisonnement de 24 mois dont 12 avec sursis et un million de FCFA d’amende.
Lors de cette comparution, l’avocat acteur de la société civile a, selon le juge, « déclaré, publiquement et en pleine audience, que le doyen des juges a accepté une promesse de 30 millions de francs CFA de la part des autorités pour maintenir en prison les 19 activistes de la société civile ». Après avoir reconnu ces propos, il n’a pas pu fournir les preuves, mais déclare que c’est un député de la majorité dont il ne peut pas fournir le nom qui l’a informé. Il s’est toutefois excusé auprès du juge et de sa famille pour ces propos. A la fin de l’audience, le procureur a requis deux ans d’emprisonnement contre Me Lirwana, dont un avec sursis. Au regard de son statut d’avocat controversé, plus d’un citoyen se demande comment Mahamane Ousmane qui avait en 1995 fait recours à Jacques Vergès s’est retrouvé avec le tristement célèbre Me Lirwana ?
Tiemago Bizo