Le prestigieux prix Mo Ibrahim vient d’être attribué à SEM Issoufou Mahamadou. C’est un rappel, en 2006, Mo Ibrahim crée la fondation Mo-Ibrahim qui a pour mission d’aider l’Afrique à se débarrasser de ses dictateurs corrompus. En 2007, la Fondation inaugure le prix Mo-Ibrahim pour un leadership d’excellence en Afrique. Le prix, d’un montant de cinq millions de dollars, financé sur la fortune personnelle de Mo Ibrahim, se complète d’une pension annuelle à vie de 200 000 dollars doublée si l’ex-dirigeant fonde une œuvre caritative.
Les Nigériens viennent d’élire le successeur du Président Issoufou Mahamadou qui a épuisé ses deux mandats. Quelle que soit l’issue du scrutin au niveau de la Cour Constitutionnelle, notre pays vient de réaliser ainsi sa première alternance démocratique où, pour la première fois, un président démocratiquement élu passe le témoin à un autre président démocratiquement élu. C’est une première, un événement on ne peut plus historique qui mérite d’être célébré par les Nigériens.
Le mérite revient au peuple nigérien d’abord puis au Président Issoufou qui a ignoré le vent de sirènes en vogue sur le continent, où certains chefs d’Etat s’octroient un troisième mandat, au grand dam du peuple souverain. En cela, Issoufou Mahamadou a marqué à jamais l’Histoire au Niger. Il sort par la grande porte, avec l’image d’un grand président qui aura une influence certaine en Afrique et dans le monde. Ce choix d’Issoufou de ne pas triturer la constitution du Niger a beaucoup pesé sur la décision du jury du Comité de la Fondation Mo Ibrahim, apprend-on.
Un grand leader visionnaire célébré…
Houphouët Boigny a dit : « Les hommes passent, quels qu’ils soient, mais le pays reste et demeure, et c’est le pays qu’il faut considérer ». C’est la première leçon qui vient à l’esprit en analysant cette sortie honorable du Président Issoufou. C’est cela un leadership, visionnaire, d’un dirigeant qui a pleine conscience qu’il n’est pas irremplaçable. « Le temps des hommes qui s’autoproclament providentiels et donc irremplaçables, des hommes qui cherchent à s’incruster à vie au pouvoir, tire à sa fin. Cela se traduira par des alternances plus fréquentes et par une respiration démocratique qui consolident les institutions démocratiques dont nos peuples ont tant besoin », a martelé Issoufou Mahamadou à l’ouverture de la 5ème législature du parlement de la CEDEAO.
Parlant de leadership, un grand maitre en développement personnel, l’Américain Robert Greene, auteur du livre « Les 48 lois du pouvoir », disait ceci : « La qualité principale de ceux qui veulent progresser, c’est la capacité de concentration, ce focus nécessaire pour avancer et ne pas se laisser distraire par des broutilles. Et aussi leur capacité de résister, et de rebond après un échec ». L’opposant historique d’hier, après dix ans d’exercice du pouvoir, a mis en évidence son potentiel de faire du Niger un pays émergent. C’est comme qui dirait un coup d’essai qui vient de s’avérer un véritable coup de maître.
Le Président Issoufou a l’habitude de dire : « Le bon politique, c’est celui qui sait gagner la guerre avant de la déclarer ». Cela traduit véritablement un leadership visionnaire de cet homme qui a surpris ses adversaires qui ont tout fait pour courcicuiter ses mandats.
Ses ambitions pour le Niger…
S’agissant du Niger, il exprimait ses ambitions constamment en ces termes : « Mon objectif est de faire renaître le Niger et, au-delà, de contribuer à la renaissance du continent. Pour ce faire, il est important de méditer notre histoire afin d’en tirer les leçons qui nous permettront de mieux construire notre avenir. Pour renaître, nous devons cesser de douter de nous-mêmes, nous devons retrouver cette confiance en soi indispensable aux grandes actions, nous devons avoir une vision, nous devons nous prendre en charge et affirmer un leadership, nous devons promouvoir des valeurs, nous devons, pour paraphraser le Président Kennedy, nous demander ce que nous devons faire pour nos pays et non ce que nos pays doivent faire pour nous. »
Au bilan de sa décennie, l’on comprend aisément pourquoi la renaissance culturelle vient en tête de ses priorités : « En effet, on constate que notre pays s’enfonce dans une situation d’arriération prononcée comme l’illustrent le recul de l’éthique du travail notamment dans la fonction publique, le développement d’une mentalité d’assistés, notre rapport avec le temps, notre comportement par rapport aux biens publics, aux questions démographiques et à l’école, particulièrement s’agissant de la scolarisation des filles. »
Pour surmonter ces obstacles, il faut créer les conditions d’une renaissance culturelle qui passe par la réhabilitation de certaines de nos valeurs sociales et par l’emprunt à d’autres sociétés de valeurs qui y ont fait leur preuve », estime le Président Issoufou dès sa prise de fonction. Cette révolution culturelle ou du moins ce changement de mentalité que le président Issoufou préconise pour le Niger s’avère nécessaire. Et c’est là une approche essentielle qui attaque le mal à la racine afin de l’extirper définitivement.
En lisant un article de Benedicte Herson, Spécialiste de la conduite du changement alliant l’efficacité du leadership au développement personnel, « 5 qualités à développer pour un grand leader », l’on comprend aisément que le Président Issoufou incarne ces attitudes dont :
– Un leader est, par nature, totalement convaincu par ce qu’il propose. Il croit, au plus profond de lui-même, à ce qu’il met en œuvre. Il puise, dans sa conviction, son dynamisme, l’énergie d’emmener les foules et la motivation d’aller toujours plus loin.
– Pour se mettre en mouvement, tout un chacun a besoin de comprendre où aller. Un grand leader sait communiquer la direction qu’il propose, en précisant à la fois le pourquoi et le pour quoi, en deux mots, de son choix. Il inscrit ainsi sa proposition dans la continuité entre le passé de la situation d’hier et le futur de l’avenir qu’il construit.
– Le développement du rayonnement du leader passe par sa capacité à savoir s’entourer et à mettre en valeur chaque membre de son équipe. C’est en rendant chacun de ses équipiers uniques pour la valeur qu’ils apportent au groupe, qu’il leur permet de donner le meilleur d’eux-mêmes. Un grand leader attire les meilleurs pour travailler à ses côtés car ils savent qu’ils vont apprendre et se développer à son contact.
– Un grand leader inspire le mouvement qu’il facilite en jalonnant le chemin pour ceux qui choisissent de le suivre.
Un confrère africain, rencontré à New York, aux États-Unis, parlant de notre Président, me disait que le Niger a désormais un Président qui fait la fierté de notre continent tant son sens de leadership est bien perçu non pas seulement par les Nigériens mais aussi par des citoyens du monde. Je lui répondis qu’il me semble, selon la catégorisation de Machiavel du prince, du leader, que Issoufou Mahamadou fait partie de ceux-là qui conçoivent eux-mêmes c’est à dire ceux qui dirigent véritablement. La meilleure catégorie dans la stratification de machiavel. C’est justement ce trait de caractère du dirigeant qui pense par lui-même qui fait que notre président est très à l’aise et à jour dans les grandes préoccupations du monde. En attestent sa conférence inaugurale à Harvard sur le développement de l’Afrique et le Niger… et bien d’autres occasions.
Promesse tenue malgré les adversités….
Les contradictions politiciennes existent partout ailleurs, mais quand on a le sens de l’État, la qualité de citoyen exige de nous qu’on accompagne les actions qui participent du salut public. Le président Issoufou opposant à Tandja a eu le mérite d’encourager et de motiver son prédécesseur, lorsque celui-ci agissait pour le bien du peuple. Il a fait une opposition constructive en tenant compte des intérêts du Niger.
Et qui plus que Sanoussi Tambari Jackou pour dire ces deux qualités du Président Issoufou : la patience et le sens du sacrifice. Cette patience qui l’a maintenu au-dessus de la mêlée, malgré les insultes et provocations de tout ordre.
Quant à l’autre qualité essentielle du président à savoir le sacrifice, c’est son compagnon et camarade Bazoum Mohamed qui témoigne que c’est le sens du sacrifice d’Issoufou qui a fait prospérer le PNDS Tarayya. Un leader toute sa vie n’est que sacrifice. « Un leader sait renoncer pour s’élever » car comme l’a dit John Maxwell dans « Attitudes 101 », le leadership n’a d’autre secret que le sacrifice. La vie des grands hommes comme Mandela, Martin Luther King, les prophètes Youssouf, Mohamed (SAW) et ses compagnons, Malcolm X, etc. traduit cette vérité de l’art de prêcher la vertu par l’exemple. Il va sans dire que, sous cet angle, un bon leader ne saurait être égoïste. Un bon leader sait prendre des risques sans calculs. Un bon leader ne reste pas dans sa zone de confort pour profiter de la situation.
Pour le reste, Robert Greene à la suite de Machiavel nous parle de la tendance, de la psychologie humaine dans notre rapport avec le pouvoir : « Le sentiment de n’avoir aucun pouvoir sur les gens et les événements est difficilement supportable : l’impuissance rend malheureux. Personne ne réclame moins de pouvoir, tout le monde en veut davantage. » En d’autres termes, chacun voudrait, autant que faire se peut, influencer les autres. Mais dans une certaine mesure les vrais leaders influencent positivement les autres parce qu’ils sont conscients que leur vocation est de servir au lieu de se servir. Telle est la principale différence entre les leaders et les manipulateurs.
Et l’on s’en souvient : Issoufou Mahamadou disait, dans son discours d’investiture, que son fil conducteur n’est rien d’autre que l’intérêt général. Et c’est incontestablement ce sens de l’intérêt général qui a fait que jamais les fonds propres de l’Etat du Niger n’ont été utilement investis ces dernières années que sous le mandat du Président Issoufou. A preuve : l’érection de toutes ces réalisations qui crèvent l’œil sous le magistère d’Issoufou Mahamadou. Et c’est une fierté pour les Nigériens de constater que les principales réalisations qui changent aujourd’hui le visage du pays et font rêver les Nigériens sont acquises sur fonds propres du Niger. Une première dans la gouvernance sous l’ère démocratique dans notre pays.
En écrivant ces lignes, très humblement, notre message vise à dire à nos compatriotes faisons attention : il nous faut savoir accompagner les intérêts du Niger car, au finish, Issoufou et bien d’autres après lui passeront mais le Niger sera toujours notre bien commun. La vision de cet homme et son apprentissage à l’opposition lui ont permis d’être un des rares candidats ayant un programme digne de ce nom. Il fait ce qu’il a pu faire.
Nul n’est parfait sur terre. Tout comme nul n’est prophète chez soi, dit-on. Nous écrivions récemment que Seyni Kountché n’est pas un prophète, il a fait autant de belles choses que de vilaines. De même, Issoufou, tout en poursuivant les intérêts du Niger, a eu à commettre des erreurs voire des fautes politiques. Quoi de plus normal ! Nous sommes sur le terrain politique, fait de circonstances sans cesse renouvelées. Le contexte politique détermine le comportement de l’homme politique. L’important est de savoir préserver les intérêts supérieurs de la nation. C’est en cela qu’on reconnait un grand leader. L’adversité politique c’est une chose. L’intérêt général en est une autre.
Le philosophe togolais, Pr Yaovi Akakpo, disait récemment « Etre leader c’est être celui qui indique la direction, être capable, comme un prophète, de dire la direction de l’histoire, être capable de lire les signes des temps. » À l’épreuve des faits, le Président Issoufou a fait montre d’un leadership de qualité pour avoir posé les jalons de l’émergence du Niger. Ce qui donne toute sa pertinence au trait d’esprit de Bénédicte Herson : « Quand les qualités d’un grand leader sont au rendez-vous, impossible de rester indifférent ! »
Elh. Mahamadou Souleymane
Niger Inter Hebdo N°011