Me Amani Yahouza, Avocat à la Cour

Tribune : Le manifeste dicté du Dimanche

 Me Amani Yahouza, avocat à la Cour a réagi sur le manifeste des intellectuels appelant au sursaut patriotique. Il fait des observations sur ce texte truffé des non-dits, des préjugés et d’ambiguïté. 

Le dimanche 31 janvier 2021 a été une journée de publication d’un manifeste appelant au sursaut patriotique par un nouveau mouvement sans aucune mention de son caractère politique ou apolitique. L’examen attentionné de la substance et de la composition des membres signataires dudit manifeste démontre sa teinture et un message incomplet.

En effet, nous apprécions l’opportunité d’un manifeste dans l’atmosphère politique actuelle marquée par l’usage de tous les coups entre les acteurs mobilisés pour la conquête du fauteuil présidentiel. Pour se faire, il est impérieux d’avoir un scrutin propre au Niger d’où notre solidarité au manifeste sur ce plan uniquement.

Mais retenons dans la présente analyse la teinture et le message incomplet du manifeste.

  1. La teinture du manifeste

Le manifeste du Dimanche dernier sonne comme une dictée d’un mouvement en renfort politique avec des préjugés comme postulats de repère.

  1. Un mouvement de renfort politique

Les signataires du manifeste du 31 janvier 2021 déduisent que « (…) la patrie atteinte dans sa cohésion et dans son unité (…) » et « (…) la transformation progressive du territoire nigérien en plate tournante des trafics en tout genre, notamment, celui des armes et de la drogue. » C’est pourquoi qu’entre autres leur mouvement est créé pour épargner le Niger de graves périls. La plume choisie, dosée et acceptée par des confrères à plus d’un quart des signataires balaie la retenue attendue, car il est question du pays et non des hommes.

 Aussi est-il important de remarquer que les signataires du manifeste dans leur ensemble reflètent le Niger en miniature traduisant ainsi l’unité et la cohésion de la patrie.

Le déséquilibre compositionnel au profit d’un bord politiquement connu donne un caractère politique, et non, apolitique du nouveau mouvement. Peut être l’auteur de la présente analyse s’expose-t-il à un procès d’intention sauf qu’il est resté fidèle à sa science.

Dissimuler un mouvement politique à la veille de l’élection présidentiel pour le second tour épargne sans doute ses auteurs au traitement démocratique comme opposants politiques.

Le manifeste est dicté sur la base des préjugés comme postulats de repère.

  1. Les préjugés comme postulats de repère

Osons parler du candidat du Parti au pouvoir par probité intellectuelle. En effet, ce dernier a fait l’objet de beaucoup de griefs sur la scène juridico-politique.

 Nous avions, à son temps, participé aux débats par une contribution d’ordre juridique au titre de l’enrichissement doctrinal. La thématique développée par le manifeste a accès sur le candidat précité d’autant plus que le second n’était pas associé à la gestion et à la continuité du pouvoir politique au Niger. En effet, les références à la patrie atteinte dans sa cohésion et dans son unité mettent en relief d’énormes préjugés.

 Le choix politique du candidat pour le fauteuil présidentiel relève du vote démocratique et populaire. Le combat se devait de contribuer au bon déroulement du scrutin pour garantir sa transparence et non pour le prendre en otage en s’octroyant une mission de guide politique.

On peut retenir que le manifeste a juste envoyé un message politique incomplet.

  1. Le message politique incomplet du manifeste

La mission du guide politique pour l’élection présidentielle du 21 février 2021 est marquée par l’absence du choix du candidat et par un engagement boiteux de lutte politique.

  1. L’absence du Choix du candidat dans le manifeste

 Il appartient aux signataires du manifeste d’aider les groupes cibles à marquer leur préférence entre les deux candidats retenus par la Cour Constitutionnelle.

 L’intellectuel averti ne se contente pas seulement de critiquer ou d’accuser mais plutôt de prendre clairement partie en montrant l’exemple par des directives de son choix politique.

Il doit pour faire ce choix politique, passer sous les règles du laboratoire scientifique en retenant les atouts bénéfiques pour le peuple de chaque candidat.

Or le manifeste apparaît comme un acte d’instruction à charge sans aucune preuve en appui.

L’analyste est abandonné pour son compte dans une expectative enchevêtrée des revanches pour des combats perdus sous d’autres cieux, d’où l’engagement boiteux de lutte politique.

  1. L’engagement boiteux de lutte politique

L’illustre manifeste du Parti communiste pour raison écrite a été toujours sur une ligne de conduite par conviction affirmée et non par une aventure sur des Appalaches d’idées au gré des circonstances. Nous nous attendons à un appel de vote pour un candidat précis dans un sursaut patriotique, hélas les ingénieurs n’ont pas achevé la construction du pont tant attendu.  Le camarade Nouhou Arzika a été plus clair et indicatif en parlant du choix du candidat à l’élection présidentielle comme entre Ebola et Coronas virus d’actualité.

Pour nous, il n’y a pas de choix entre un frère et un ami pour « bongoniser » l’expression.

Les deux candidats ne sont pas à présenter au peuple nigérien car ils sont tous issus de la composition et de la recomposition de la scène politique.

 L’analyste n’ayant pas de mission de guide politique préfère garder sa plume libre et indépendante dans son essence scientifique.

Par Me Amani Yahouza

Avocat à la Cour