États-Unis : Joe BIDEN, « La démocratie a triomphé »

Le 20 janvier 2021, Joseph Robinette Biden Jr., dit Joe Biden, a prêté serment, en qualité de 46ème président des États-Unis d’Amérique. La cérémonie a eu lieu sur le front ouest du Capitole, siège du Congrès, devant un public restreint de deux mille invités, pour des raisons de sécurité et à cause de la covid-19.

 Le nouveau président célèbre la démocratie, appelle ses compatriotes à l’unité et entreprend de reconstruire l’image de l’Amérique dans le monde. Dans l’immédiat, la lutte contre la covid 19, qui a emporté plus de 400 000 Américains, et mis l’économie dans une mauvaise posture, est prioritaire.

« Aujourd’hui, nous célébrons le triomphe non pas d’un candidat, mais d’une cause, la cause de la démocratie … À cette heure, mes amis, la démocratie a triomphé. » Tels sont les premiers mots de Joe Biden au peuple américain. Sa façon de rappeler l’assaut contre le Capitole des partisans de son prédécesseur, Donald Trump, deux semaines auparavant. La cérémonie d’investiture a été fortement marquée par cette attaque, qui était aussi une remise en cause des résultats des élections du 02 novembre 2020.

Le Capitole était entouré de hautes clôtures et de barrières en béton. Environ 25 000 soldats de la Garde nationale et d’autres forces de sécurité étaient mobilisés pour protéger la ville contre les partisans violents de Trump. Sur le National Mall, ou Esplanade nationale, parc ouvert au public du centre-ville de Washington, DC, qui s’étale devant le Capitole, 200 000 drapeaux soufflaient dans le vent, pour représenter les invités officiels habituels qui ne pouvaient assister à la cérémonie. Ce peuple, qui aime les fêtes démonstratives et les spectacles géants, était invité à suivre l’investiture à la télévision ou de manière virtuelle.

Appel à l’unité

Dans son premier discours, Joe Biden a, également, appelé le peuple américain à l’unité, mise à mal par Trump. Il recoudra le tissu social, en combattant trois phénomènes : « l’extrémisme politique et le suprémacisme blanc », ainsi que l’antisémitisme. Joe Biden répondra aussi au « cri pour la justice raciale », comme en écho à la campagne des Afro-Américains, connue sous le slogan de « Black Lives Matter » ou « La vie des Noirs compte », à la suite de l’assassinat de George Floyd par un policier blanc.

Pour manifester la volonté de l’Amérique reprendre sa place sur la scène internationale, Joe Biden a annoncé, quelques heures après son investiture, le retour de son pays dans l’Accord de Paris sur le climat, « pour sauver la planète ». Cet accord, signé en 2016, limite les émissions de gaz carbonique par les pays développés. Dans le même ordre d’idée, il va promouvoir l’énergie éolienne, le solaire et d’autres énergies jugées propres. Les États-Unis vont, également, retourner à l’Organisation mondiale de la santé (OMS) dont l’administration Trump avait retiré le pays, pour protester contre ce qu’il avait nommé « la collusion » entre celle-ci et la Chine ainsi que son « échec à contrer la crise du coronavirus ». Les États-Unis sont le premier contributeur de l’OMS.

Le nouveau président se propose de prendre la lutte contre la pandémie de la covid 19 à bras-le-corps : près de 2 000 milliards de dollars seront dépensés pour fournir des vaccins à la population et pour aider les Américains touchés par la pandémie. En outre, il va généraliser l’obligation du port du masque dans tous les édifices fédéraux publics, à bord des avions et dans les bus voyageant entre les différents États de l’Amérique.

La politique d’immigration de Joe Biden prendra le contre-pied de celle de son prédécesseur. Il va demander au Congrès de légaliser la situation administrative de millions de migrants vivant aux États-Unis, dont 10 millions de Mexicains. L’interdiction de voyager aux États-Unis, qui frappe les ressortissants de certains pays à majorité musulmane, sera levée. Jo Biden va arrêter la construction du mur, à la frontière mexicaine, entreprise par l’administration précédente.

Ces grandes décisions montrent que Joe Biden est parti pour être un des présidents les plus innovants des États-Unis. Sa vice-présidente, Mme Kamala Harris, ancien sénateur de Californie, est la première femme noire, la première personnalité d’origine asiatique et aussi la première femme à occuper ce poste. Son époux, l’avocat Doug Emhoff, qui a dû quitter son cabinet, sera le « premier gentleman » d’Amérique ou le premier homme à quitter ses fonctions pour servir la carrière de son épouse, à ce niveau. Une joie immense, pour les féministes américaines. Par ailleurs, l’Amérique n’aura jamais compté autant d’élus issus des minorités » : au nouveau Congrès siègent 61 élus noirs, 44 Latinos et 26 Asiatiques.

Et l’Afrique ?

L’idée centrale pour Joe Biden est de renouer des liens diplomatiques de proximité avec l’Union africaine et les gouvernements du continent. Cette restauration passera par l’organisation d’un sommet de chefs d’État africains, comme l’avait fait Barack Obama en 2014. À l’occasion, les États-Unis vont réaffirmer leur engagement à soutenir la démocratie, la gouvernance, le développement économique et la résolution des questions sécuritaires. Joe Biden se soucie en particulier de la jeunesse africaine.

Il veut revitaliser le programme Young African Leaders Initiative (Yali), créé Barack Obama et que Trump avait mis en veilleuse. Yali permet à des centaines de jeunes Africains d’obtenir une bourse et de séjourner dans des universités américaines. Le nouveau président a, également, un programme d’amélioration des conditions administratives, économiques, sanitaires et éducatives de la diaspora africaine vivant aux États-Unis, une première.

Enfin, côté affect, les Nigérians sont enchantés de découvrir deux de leurs compatriotes dans l’équipe de Joe Biden : Wally Adeyemo (39 ans), Secrétaire adjoint au Trésor et Osaremen Okolo, 26 ans, Conseillère dans la riposte à la Covid-19.

André Marie POUYA