L’acteur de la société civile Inoussa Saona se prononce sur les questions brûlantes d’actualité. Le processus électoral, le débat sur la nationalité de Bazoum et la posture de l’opposition politique, le leader de SOS Tabagisme Niger en parle sans tabou.
Niger Inter Hebdo : Quelle appréciation faites-vous du processus électoral en cours dans notre pays ?
Saouna Idi Inoussa : Je voudrais tout d’abord vous féliciter pour votre initiative de la parution de Niger Inter Hebdo. Votre détermination et votre sérieux dans la presse font qu’aujourd’hui vous êtes un groupe de presse qui a le vent en poupe.
En réponse à votre question, dans un premier il faut rappeler l’engagement du Président de la République Issoufou Mahamadou de créer toutes les conditions d’une alternance démocratique dans notre pays entre un président de la République élu à un autre. Cet engagement sans cesse renouvelé dans le respect strict de notre constitution. Pour matérialiser cela, le gouvernement sur instruction du Président a engagé un dialogue inclusif entre les différents acteurs qui participent aux élections. Ainsi, le Code électoral a été toiletté, une Commission électorale nationale indépendante (CENI) a été mise en place de manière que toute les couches ont été représentées avec un comité pour l’élaboration du fichier électoral biométrique. Durant trois ans, les différents acteurs se sont acquittés de leur devoir, malgré toutes les tentatives de sabotage et de déstabilisation. En effet, il faut rappeler que, malgré la bonne volonté des autorités gouvernementales et des membres de la CENI, l’opposition politique a décidé, volontairement, de boycotter les travaux de la CENI. Cette posture, mainte fois dénoncée, a malheureusement été maintenue jusqu’à la dernière minute. C’est une stratégie contreproductive de l’opposition qui n’a pas été sans conséquences sur les résultats obtenus aux élections locales telles que proclamées par la CENI.
Après plusieurs années d’attente, le peuple nigérien s’est mobilisé, massivement, le 13 décembre, pour accomplir, dans la paix et la quiétude, son devoir d’élire ses représentants au niveau local. Cette élection de proximité est l’expression évidente de la maturité politique de notre peuple. Dans ce même élan, ce dimanche 27 décembre, le peuple s’est à nouveau exprimé pour désigner le prochain président de la république et également les députés nationaux. Avec 30 candidats en lice, ce scrutin est le plus inclusif et le plus transparent que notre jeune démocratie n’ait jamais connu. A cette heure, on ne déplore aucun incident sur tout le territoire national. C’est le lieu de saluer et féliciter la CENI et le gouvernement pour avoir réussi à relever un grand défi pour notre pays. Nous espérons aussi que, dans les heures qui suivent, les résultats seront proclamés et que chacun va accepter avec Fair Play son résultat. De manière générale, ce processus électoral a fait grandir encore une fois notre nation, et, c’est, pour moi, l’occasion de féliciter le Président Issoufou, pour sa hauteur et sa dignité pour assurer à notre pays cette alternance dans une sous-région bouleversée par des changements de constitution pour se maintenir au pouvoir.
Niger Inter Hebdo : Quelle est votre opinion sur le débat de la nationalité du candidat Bazoum Mohamed. ?
Saouna Idi Inoussa : Je pense que cette question est derrière nous. La plus haute juridiction l’a traitée, malgré le harcèlement dont elle a été victime. Mais sur cette question, j’ai eu vraiment mal et honte pour certaines personnalités qui tombent dans les égouts de ce débat nauséabond qui n’honore pas les gens qui en ont fait tout un agenda politique. À l’avenir, je demande aux acteurs politiques d’avoir plus de retenue sur ce genre de questions qui risque de saper le fondement de notre nation à savoir l’Unité Nationale. Je pense que le peuple s’est exprimé depuis hier et il va répondre clairement à toutes ces personnes sur l’origine de Bazoum. Et balle à terre !
Niger Inter Hebdo : Quelle analyse faites-vous de l’alliance conclue entre Hama Amadou et Mahamane Ousmane ?
Saouna Idi Inoussa : Je me suis exprimé sur cette question sur d’autres médias et je pense honnètement que cette alliance n’est pas une alliance électorale. Comme vous l’avez constaté c’est à trois jour de la fin de la campagne que cette alliance a été annoncée. Si la volonté était d’aider Mahamane Ousmane à gagner les élections cela serait intervenu dès le lendemain de la publication de la liste des candidats ayant vu la candidature de Hama Amadou rejetée. Mais garder le suspense et laisser les militants dans la confusion jusqu’à la veille des scrutins, ce n’est pas responsable et ni politiquement correct. Ma conclusion est qu’il s’agit d’une alliance de contestation des résultats des urnes. Lumana étant bien installé à Niamey et que le parti de Mahamane Ousmane semble aussi avoir une bonne place à Zinder ville, cette alliance a pour objet juste d’allumer deux foyers de contestation post-électorale dans les deux grandes villes de notre pays. C’est une alliance pour contester le choix du peuple tant qu’elle n’est pas favorable à leur camp.
Niger Inter Hebdo : L’opposition politique a refusé de siéger à la CENI. Elle vient finalement de participer activement à toutes les élections. Comment expliquez-vous ce paradoxe ?
Saouna Idi Inoussa : Depuis 2016, l’opposition politique, dans notre pays, a opté pour une stratégie de contestation du processus électoral. Donc cette année encore, c’est la même chose, ils ont passé des mois en train de pourfendre la CENI et tout son travail et on constate, à la dernière minute, qu’ils appellent leurs représentants à prendre place dans les structures de la CENI au niveau local et bien évidemment leurs candidats prennent part au scrutin. C’est une méthode périlleuse qui consiste, en vérité, à contester les résultats dès lors que c’est eux qui perdent. Donc leur refus de participer va constituer un argumentaire avec l’appui de leurs observateurs électoraux qu’ils ont préparés pour le travail de la contestation. Voilà, en fait, en quoi consiste cette posture que même leurs militants n’arrivent pas à comprendre. Il faut surtout noter qu’en vérité notre opposition n’a pas préparé les élections, elle a plutôt préparé la contestation des élections et c’est à cela que nous allons assister dans les heures à venir si leurs candidats sont battus. Il faudrait tout simplement rester vigilants pour protéger le choix du peuple.
Propos recueillis par EMS
(Niger Inter Hebdo N°001)