Eau, hygiène et assainissement dans la Région de Maradi : L’Unicef installe une mini-AEP multi villages à Gomozo (CU de Tibiri)

Pour améliorer l’accès à l’eau potable dans la commune urbaine de Tibiri (Région de Maradi), une mini adduction d’eau potable (mini-AEP) multi villages vient d’être réalisée par l’Unicef avec le soutien financier du Comité National Allemand (ainsi que ses partenaires Südwest Presse et Gardena). Les villages bénéficiaires sont Gomozo, Katakata, Garin Elh Sami, Tsabiro et Garin Maman. Les populations locales s’estiment soulagées des souffrances qu’elles ont longtemps endurées, des souffrances liées à l’accès difficile à l’eau et la fréquence des maladies d’origine hydrique.

L’ouvrage a été construit à Gomozo, un village situé à une quarantaine de km de Maradi et peuplé de 1280 habitants et pour desservir les autres villages, un réseau de conduites d’eau a été mis en place au bout duquel ont été placées des bornes fontaines.

Au niveau d’une des 3 bornes fontaines dont le village est bénéficiaire, Saâ Abdou est venu s’approvisionner en eau à l’aide d’un gros bidon jaune. C’est dans une joie à peine contenue qu’elle témoigne : « Nous remercions ceux qui ont fait ce travail dans notre village. Auparavant, nous souffrions beaucoup pour avoir de l’eau. Nous passions plus d’une heure ou deux au puits pour remplir un seul récipient d’eau. On allait et revenait plusieurs fois par jour. Puiser de l’eau était vraiment pénible et constituait pour nous la plus grande des corvées. Nous avons deux puits au village et tous sont très profonds ».

Des puits très profonds, en effet, et Moudi Inoussa Labo en sait quelque chose. C’est un quadragénaire, père de 12 enfants, que nous avons croisé entre la grande place centrale de Gomozo et l’un des puits en question. « Les deux puits de notre village sont profonds de 60 à 64 mètres », explique-t-il.

Il faut souligner que les puits sont ici à ciel ouvert, sans protection digne de ce nom face aux déchets que peuvent soulever les vents et charrier les eaux de pluie. « Il y a des jours que des personnes indélicates y jettent des carcasses d’animaux morts. C’est sans compter la fiente de bétail et autres saletés apportées par les vents », souligne Moudi Inoussa Labo.

Une situation alarmante qui est la même partout dans les 5 villages que dessert la mini-AEP et au-delà dans beaucoup d’autres localités qui leur sont proches ou lointaines dans la commune urbaine de Tibiri.

Pour le Chef de village de Gomozo, Ibrahim Agada, « L’eau-là, c’est l’Unicef qui nous l’a amenée. Nous avons eu l’eau propre à Gomozo et dans 4 autres villages voisins. Au-delà des habitants des 5 villages concernés par le château, même ceux qui sont des villages environnants en profitent, sont heureux et soulagés tout comme nous. Nous remercions beaucoup l’Unicef d’avoir pensé à nous ».

Il n’oublie pas les conditions de ses administrés par le passé. «Lorsqu’il n’y avait pas de l’eau potable à Gomozo, nous avons beaucoup souffert et les femmes beaucoup plus parce que c’est elles qui partaient de nuit comme de jour pour nous chercher de l’eau aux puits ou dans les marigots. L’eau du puits ou du marigot était impropre à la consommation. Elle contenait des têtards, des vers de toutes sortes et d’autres saletés indescriptibles qui nous obligeaient à la filtrer tant bien que mal à tout moment avant de la boire », explique-t-il.

Le manque d’eau potable n’est pas sans conséquences pour la santé pour les populations locales. Le Chef de village de Garin Elh Sami, Saddi Souley rappelle : « Nous avions souffert de manque d’eau, nous-mêmes, nos bêtes, nos femmes et nos enfants. Nous allions à 2, 3 ou 4 km de notre village à Gomozo, à Kaoudjé, Taoudé, chercher de l’eau. Nous avions soif et nous buvions de l’eau insalubre des marigots et des puits. Ce qui nous rendait souvent malades et surtout nos enfants. Maintenant, nous ne pouvons que remercier Dieu. Nous avons maintenant de l’eau pure, une eau saine et facile d’accès. Contrairement au passé quand le forage n’existait pas, c’est une question de minutes maintenant pour remplir ton bidon et elle ne coûte pas chère. C’est 10 F CFA le bidon de 25 litres. Dieu merci. Merci à l’Unicef qui nous a amené cette eau pure. Nous sommes vraiment contents ».

Par ailleurs, il faut souligner que dans les 5 villages bénéficiaires de la mini-AEP, chaque école a bénéficié d’une borne fontaine dans le cadre des branchements sociaux. Ce qui fait un total de 5 bornes fontaines au profit desdites écoles.

La présence de ces bornes fontaines dans les établissements scolaires est saluée par les élèves. Ali Halilou a 12 ans. Il est en classe de CM2 à l’école de Gomozo. « Nous sommes contents du château construit dans notre village et du travail accompli dans notre école. Nous avons de l’eau propre à tout moment. Nous n’avons plus besoin de demander la permission de courir à la maison ou au puits pour chercher à boire. Par le passé, quand nous rentrions à la maison, par manque d’eau nos parents nous empêchaient de nous laver. C’est tout sales que nous passions les nuits », dit-il avec une voix pleine d’émotion et d’hésitation.

Le bambin n’oublie pas les retards fréquents de ses camarades à l’école à cause de la corvée d’eau. Il souligne : « Nous avons beaucoup souffert avant, quand le forage n’a pas été construit. Nos parents nous envoyaient au puits pour chercher de l’eau sous le soleil, de fois sans chaussures. A cause de la recherche d’eau, nous manquions de venir à l’école à l’heure. Maintenant que nous avons de l’eau potable à portée de main, nous sommes vraiment contents et on peut dire que même les animaux sont soulagés ».

De son côté, le Directeur de l’école de Gomozo, Moustapha Labo, en soutien aux propos tenus par le petit élève, indique : « La corvée d’eau nous cause énormément de problème ici à Gomozo, surtout pour les filles. Elles venaient en retard très souvent et de fois elles s’absentaient carrément.  Quand on leur demandait la raison, elles disaient toujours être parties au puits. De fois elles venaient à l’école à 10 heures passées. D’autre part, il arrivait que les enfants du village insultent les élèves qui se rendaient au puits ».

Ce qui sous-entend que l’accès facile à l’eau potable sur place dans les établissements scolaires crée les conditions de mettre fin à l’absentéisme et au retard des élèves à l’école. C’est ce qu’atteste Moustapha Labo. Il souligne que « depuis la mise en service du forage de Gomozo et l’installation d’un robinet ici à l’école, il n’y a plus ce problème des élèves qui s’absentent ou qui viennent en retard. Nous remercions l’Unicef qui a fait ce travail et veillerons à ce que nous fassions un bon usage ».

Comme évoqué ci-haut, la mini-AEP de Gomozo couvre 5 villages de la commune urbaine de Tibiri qui, au total, sont peuplés de près de 5000 habitants.  Des bornes fontaines y ont été installées et reparties de la manière suivante : 3 à Gomozo, 3 à Katakata,  1 à Garin Elh Sami, 1 à Tsabiro et 2 à Garin Maman. Dans chacun des villages desservis, se trouve une école et chaque école bénéficie d’une borne fontaine dans le cadre des branchements sociaux. Ce qui fait dans l’ensemble un total de 15 bornes fontaines.

La mini-AEP comporte un réservoir de 50 M3 en acier inoxydable installé à 10 m de hauteur. Elle fonctionne grâce à un générateur solaire de 9600wc de puissance et, en relai, un groupe électrogène de 15 KVA.

Sa réalisation vise à améliorer l’accès à l’eau potable pour les populations vulnérables, en particulier les enfants, vivant dans la commune urbaine de Tibiri (région de Maradi) où les maladies d’origine hydrique, notamment le choléra, sont récurrentes.

En 2018, la région de Maradi a été la plus touchée par l’épidémie de choléra qui a secoué le Niger. A elle seule, elle a enregistré 3443 cas sur un total de 3822 enregistrés dans le pays, soit 90% et 60 décès sur 78, soit 77%.

Bassirou Baki Edir