Imbroglio à Lumana Africa : Seul maître à bord, Oumarou Noma donne des directives

Le mardi 5 août 2020, Oumarou Noma a été reconnu comme seul habilité à parler et à agir au nom du Moden Fa Lumana Africa. C’est, du moins, ce qui ressort du délibéré du procès en appel de l’affaire qui l’oppose, en tant que Président par Intérim, au Bureau Politique National du parti au cheval ailé. Fier de cette victoire face à l’aile dirigée par les Soumana Sanda et consorts, il a organisé un point de presse ce dimanche, 9 août 2020. A cette occasion, il s’est fait entourer par plusieurs militants et sympathisants de ce principal parti de l’opposition politique nigérienne et non des moindres parmi lesquels ont reconnait Seyni Yacouba dit Méréda, Président de la Coordination Communale du 4ème Arrondissement de Niamey.

Il s’est, donc, agit pour Oumarou Noma d’entretenir les militants et sympathisants qui lui sont restés fidèles, les informer sur la vie du parti et leur rendre compte des perspectives d’avenir. En rappel, de sa création à nos jours, le Moden Fa Lumana Africa a été gangréné par de multiples soubresauts qui se résument à son départ de la mouvance présidentielle en 2013, l’exil de son leader, Hama Amadou et sa division en deux ailes antagoniques qui se mènent une bataille judiciaire implacable.

Dès l’entame de son point de presse, Oumarou Noma a vite fait de peindre le décor en précisant que « le MODEN-FA/ LUMANA-AFRICA est en proie à une entreprise de sape orchestrée de l’intérieur par un groupuscule d’individus auxquels il a, pourtant, tout donné. Ceux qui connaissent mieux ces individus les décrivent comme des personnes ayant développé leur égoïsme à l’extrême ».

En effet, le principal parti de l’opposition nigérienne est englué dans la difficulté de sa condition de parti de l’opposition, des contradictions internes envenimées par des querelles de positionnement entre ses propres leaders et la probable mise hors course de son incontesté poulain, Hama Amadou, des futures élections présidentielles. Ce dernier, il faut le souligner, souffre de la perte de ses droits civiques et politiques à cause de sa condamnation à un an de prison ferme en lien avec son implication dans l’affaire des bébés importés du Nigéria.

Pour l’actuel président par intérim du Moden Fa Lumana Africa, les « individus » qui menacent l’existence-même du parti sont, en l’espèce, ceux-là qui « mettent toujours leurs intérêts personnels au-dessus de tout. L’intérêt général, pour eux, n’a aucune signification. La vie politique ou la vie publique tout court ne peut se concevoir sans eux. Ils préfèrent le suicide collectif à la préservation de la vie des autres. Une dévolution du pouvoir au sein du Parti n’est pas concevable à leurs yeux. Leur crédo, en un mot, est « après moi, le déluge » ».

Dans son point de presse il a, par ailleurs, annoncé que « le délibéré du jugement au fond, que nous attendons  pour  tenir  les  assises du 3ème Congrès ordinaire du Moden Fa Lumana Africa, rendu sous le n° 328 du 5 août 2020, a été on ne peut plus clair. Cette décision du juge au fond répond parfaitement à nos attentes ».

Oumarou Noma n’a pas, aussi, manqué de se réjouir de « l’échec et l’humiliation » écopés par « ceux qui sont dans le faux », tout en saluant « la justice nigérienne qui a dit le droit, rien que le droit. Par cet acte, elle fortifie notre démocratie et donne espoir à notre peuple dans son effort de construction de l’état de droit ».

Son point de presse du 9 août 2020 lui a, aussi servi d’occasion pour présenter, point par point, aux militants de base, le délibéré de la Cour d’Appel de Niamey sur l’affaire qui l’oppose au bureau politique de son parti. Cette présentation lui a valu des tonnerres d’applaudissements de la part des militants et sympathisants venus nombreux pour la circonstance.

Après quoi, Oumarou Noma a souligné que « nous sommes en droit de reprendre les travaux du 3ème Congrès ordinaire du parti suspendu, comme vous le savez, par la décision n° 36/2020 du 21 février 2020 du juge des référés nous ordonnant de surseoir, en attendant justement ce jugement au fond, à la tenue des travaux convoqués pour le 23 février 2020 à Dosso. A présent, nous allons nous y atteler et très prochainement vous serez informés de la date de la tenue de ces importantes assises ».

Il espère que l’issue de ce procès en appel restera, sans nul doute, un simple « épisode douloureux de notre existence en tant que Parti politique » et souhaite que celle-ci soit « le point d’un meilleur départ ».

Une façon à lui de tendre la main à l’autre aile dirigée par les Spoumana Sanda et consorts. Ouvert, donc, au dialogue et à la sauvegarde de l’unité du Moden Fa Lumana Africa, Oumarou Noma a indiqué que « nous devons nous pardonner et proscrire à jamais les idées néfastes et mutilantes. Nous devons mettre en avant, et en toute circonstance, l’intérêt général car la poursuite effrénée des intérêts particuliers divise alors que celle de l’intérêt général rassemble. Nous devons avoir un profond respect pour les textes que nous nous sommes librement donnés »

A l’approche des élections présidentielles, législatives et locales qui s’approchent, Il demande aux militants et sympathisants de « s’atteler résolument à la consolidation des structures du Parti et aux choix des candidats aux différents scrutins. A cet effet, des directives vous seront adressées dans les tous prochains jours ».

Ce qui n’est pas du tout donné si l’on sait que l’autre aile qui a été déboutée lors du délibéré du procès en appel par la Cour d’Appel de Niamey, a la possibilité de conduire l’affaire en cassation.

Au vu du délai très court qui reste aux différentes formations politiques pour préparer les candidatures de leurs militants aux divers scrutins qui s’annoncent, il est peu probable que le Moden Fa Lumana Africa puisse résister à une dislocation au cas où ses deux ailes se retrouveraient dans l’imbroglio d’un ultime pourvoi en cassation.

Bassirou Baki Edir