La vitalité d’une démocratie se mesure à travers la qualité des institutions que l’Etat s’est données. Une démocratie est forte c’est-à-dire au service du citoyen lorsque les institutions le sont effectivement. Nulle place pour la complaisance, pour les arrangements, pour les demi mesures.
Sans courir le risque de l’autosatisfaction, on peut reconnaître que les institutions fonctionnent à plein régime au Niger. En d’autres termes, la démocratie fonctionne bien au Niger. Nous devrons nous en féliciter et inciter davantage les institutions à jouer toute leur partition. C’est ça le sens du devoir.
On peut se féliciter de ce que le Conseil Supérieur de la Communication (CSC), face au déni du droit du public à l’information et d’atteinte à la confraternité, a jugé utile de convoquer une réunion avec le Réseau des Radios et Télévisions Indépendantes du Niger (RRTIN). Cette structure associative a refusé la diffusion sur les chaines privées du point de presse de Maître Souleye Oumarou, avocat d’une citoyenne qui a porté plainte pour diffamation contre Ali Idrissa. Il se trouve que ce dernier qui a agi en tant qu’acteur de la société civile est membre de ce Réseau. L’intéressé n’a pas apporté les preuves de ses allégations contre cette citoyenne injustement traînée dans la boue. Le Réseau s’est même offert le luxe de s’en prendre au groupe de presse Niger Inter dont le tort a été de révéler l’imposture dans ce dossier.
Il fallait recadrer le Réseau car les allégations de Ali et la réaction de Maitre Souleye sont du domaine public.
Ce n’est pas parce qu’on est acteur de la société civile ou politique qu’on peut estimer avoir plus de droits que les autres. Ces acteurs publics n’ont pas licence à tout dire sur des citoyens. La justice fait diligence de ce point de vue pour protéger les citoyens. Autant elle a entendu cet acteur de la société civile, autant elle a fait interpeller Dr Manzo Haboubacar, un militant du PNDS, que Soumana Sanda et Oumarou Dogari du parti Lumana accusent de diffamation. En effet, lors des dernières manifestations violentes à Niamey, orchestrées par des jeunes en violation du couvre-feu, Dr Manzo a pointé du doigt les responsables du parti Lumana d’en être les instigateurs. La police judiciaire vient de l’interpeller dans le cadre de l’enquête préliminaire. Les plaignants vont prouver qu’ils ont été diffamés, et l’accusateur doit donner des éléments de preuves de ce qu’il a écrit. Du reste, le dossier concernant ces vandales de nuit est sur la table du Procureur de la République.
C’est important que l’on sente une diligence dans le traitement des plaintes pour diffamation, et surtout constater un traitement non complaisant selon que l’on soit de la majorité ou de l’opposition, de la société civile ou simple citoyen. La justice est égale pour tous. Cela est d’autant plus important que la justice semble marquer « tolérance zéro » en matière de diffamation contre les personnes. Dans un Etat de droit, le respect du droit de la personne est une donnée importante. Chacun doit assumer ses responsabilités, et y répondre le cas échéant en apportant les preuves des allégations que l’on porte. Le principe de l’Etat de droit, c’est qu’il fonctionne de manière indistincte.
Tiemago Bizo