Porter à la connaissance de l’opinion, l’impact macroéconomique de la pandémie Covid-19 sur l’économie nigérienne et les mesures d’atténuation prises par le Gouvernement, est l’objectif du point de presse animé ce mardi 31 mars 2020 au ministère des Finances. Autour du Ministre des Finances Monsieur Mamadou Diop, le Ministre délégué chargé du budget Monsieur Ahmat Jidoud, le Secrétaire général adjoint du ministère Abdou Rafa Maman Laouali, le DG de la Douane Harouna Abdalah et le DG des impôts Assane N’diaye. En substance, le ministre des finances a brossé l’état des lieux de la situation macroéconomique et annoncé des mesures d’accompagnement.
Il s’agit d’abord pour le Ministre Mamadou Diop de revenir sur les effets néfastes de la crise sanitaire mondiale, liée à la pandémie de coronavirus, puis de mettre en relief les mesures spécifiques ainsi que les mesures d’ordre général, prises par le gouvernement nigérien en vue de soulager la population. Une pandémie qui a induit au niveau planétaire, un ralentissement, voire un arrêt des activités économiques, le gel des investissements publics et privés, la baisse de l’emploi, des salaires, des revenus et de la consommation des ménages.
Au Niger, la crise se propage essentiellement à travers quatre canaux tels que le commerce de biens, les secteurs du tourisme, d’hôtellerie et des transports aérien et terrestre, les flux financiers internationaux et enfin le secteur bancaire et financier.
S’agissant du secteur bancaire, le Ministre des Finances a indiqué que des hypothèses ont été formulées par ses services afin de mesurer l’impact de la crise. « L’hypothèse de travail de base tablait sur la maîtrise de la propagation de la maladie au niveau mondial, d’ici fin juin 2020 », a-t-il déclaré.
Toutefois il a précisé que les résultats vont être mis à jour, en collaboration avec le Fonds Monétaire International (FMI), ce, « en raison de l’évolution de la situation sanitaire de notre pays et des effets des mesures de protection de la population prises par le Gouvernement ». Dans la même foulée, le taux de croissance pour l’année 2020, a annoncé le Ministre Diop, « passerait de 6,9% à 4,1%, soit une perte de 2,8 points de pourcentage ». La contraction de l’activité économique engendrerait une perte d’emplois d’environ 2,4%, essentiellement dans les secteurs secondaire et tertiaire.
En plus, la perturbation de l’approvisionnement en produits de consommation courante et les effets spéculatifs induits, conduiraient le taux d’inflation annuelle de 4,4% à 7,9%.
En outre, des pertes conséquentes seront enregistrées au niveau des droits de douanes et des impôts et taxes intérieurs, d’environ 89,2 milliards de FCFA, soit 1,1% du PIB. « Il en résulterait pour l’année 2020, une dégradation du déficit budgétaire global de 2,6% du PIB à 3,7% du PIB » a fait savoir Mamadou Diop.
A noter également qu’au niveau des échanges extérieurs et du secteur monétaire, il en résulterait une détérioration de solde global de la balance des paiements de 72,9 milliards par rapport aux prévisions initiales pour 2020, et un ralentissement des crédits à l’économie et de la masse monétaire de 3,3 et 4,4 point respectivement.
Des mesures fiscales d’accompagnement
Ainsi donc, pour faire face à la crise sanitaire et prendre les mesures de soutien aux populations et à l’économie, le Ministre annonce que « le Gouvernement a estimé les besoins financiers à 597 milliards de FCFA, soit 7,4% du PIB, dont 159 milliards pour les mesures de soutien sanitaire et lutte contre la pandémie ». A cet effet, sur instruction du Président de la République, l’Etat concède au niveau des opérations de commerce international, l’exonération de droits et taxes sur tous les produits qui rentrent dans le cadre de la lutte contre le coronavirus (masques de protection, gel hydro alcoolique etc..) et la mise en place des facilités de crédit d’enlèvement pour tout importateur qui le souhaite pour une durée de 15 à 90 jours, moyennant la production d’une caution bancaire. Au niveau de la fiscalité intérieure, on note également les mesures dites d’ordre général, s’appliquant à tous les secteurs d’activités et celles dites spécifiques, c’est-à-dire qui s’appliquent à certains secteurs d’activités qui sont très affectés par les conséquences de la pandémie.
Parlant de mesures d’ordre général, on peut citer la prise en charge par l’Etat des factures d’électricité et d’eau pour les tranches sociales pour les mois d’avril et mai 2020, le report de la date limite de paiement de la vignette à fin juin 2020 au lieu du 31 mars 2020 et la suspension des contrôles fiscaux sur place pendant deux mois pour avril et mai 2020.
Des mesures spécifiques
Il faut dire que les mesures spécifiques concernent uniquement le secteur du transport terrestre de personnes, de l’hôtellerie, des agences de voyage, des bars et débits de boissons et des sports et loisirs. Dans ce sens, il y a l’exonération de la TVA pendant toute la durée de la suspension des activités, pour le transport terrestre interurbain de personnes, ainsi que le report jusqu’au 1er mai de la deuxième échéance de paiement de l’impôt synthétique pour le transport urbain de personnes.
Pour l’hôtellerie, les mesures préconisées concernent l’application d’un taux réduit de 10% au lieu du taux normal de 19% en matière de TVA tel que le permet la Directive UEMOA sur la TVA, l’application d’un taux d’amortissement des immeubles de 5% au lieu de 2% pour tenir compte de l’importance des capitaux investis, et l’exonération de l’Impôt Minimum Forfaitaire (IMF) au titre de l’exercice 2019.
En ce qui concerne les agences de voyage, le Ministre des Finances a évoqué la suspension des poursuites en matière de recouvrement des impôts et taxes pendant trois mois, soit jusqu’au 30 juin de l’année en cours. Les bars et débits de boissons ainsi que les sports et loisirs quant à eux vont bénéficier d’une suspension des poursuites en matière de recouvrement des impôts et taxes pendant deux mois à compter du 1er avril 2020.
Par ailleurs, toujours dans le cadre des mesures, le Ministre du budget Ahmat Jidoud a rappelé qu’au niveau de l’UEMOA, la banque centrale va injecter une liquidité de 340 milliards de FCFA, chaque semaine sur le marché monétaire en faveur des banques pour le porter à 475O milliards de FCFA.
Koami Agbetiafa