Menace à la liberté d’expression au Niger : Moussa Kaka dans le collimateur des réseaux sociaux Lumana Fa

Au Niger, c’est connu, la menace à la liberté d’expression n’est pas seulement du seul fait du prince. Reporters Sans Frontières avait relevé cela en 2014. D’autres groupes de pression tapis dans la société civile et l’opposition posent assez souvent des actes attentatoires à la liberté d’expression.

 C’est justement le cas des réseaux Lumana contre Moussa Kaka, correspondant de RFI à Niamey pour avoir fait son travail. En journalisme, les faits sont sacrés et les commentaires sont libres, dit-on. Le papier de notre confrère Moussa Kaka du 30 mars 2020 diffusé par RFI s’est basé sur les faits.

C’est cette petite phrase qui n’a plus pas à Pedro Abdoulaye, Benkaid et leur commanditaire : « Selon des sources judiciaires, Hama Amadou, à cause de sa condamnation, ne peut plus diriger un parti politique et ne peut plus voter ou être élu, à moins d’une réhabilitation par le président de la République. »

En disant cela, Moussa Kaka a rappelé ce que tout le monde sait. C’est un secret de polichinelle que l’article 8 de la constitution et le code pénal en vigueur ne donnent aucune chance à Hama Amadou d’être électeur ou éligible au Niger. Depuis sa condamnation à un an de prison ferme, les juristes ont clairement dit que la carrière de Hama Amadou est brisée sauf, on ne sait par osmose, s’il obtient une amnistie. Ce qui est improbable dans un parlement où ses adversaires détiennent une majorité très confortable.

« C’est en homme libre que Hama Amadou, 71 ans, a quitté la prison de Filingué, en compagnie de ses fidèles lieutenants venus l’accueillir. Sur la liste des graciés transmise par le ministère de la justice et lue à la radio nationale, Hama Amadou figure à la 1135e position sur les 1 540 détenus, tous libérés, selon le président Mahamadou Issoufou dans son dernier message à la nation, pour des raisons humanitaires et pour désengorger les maisons d’arrêt au vu de l’avancée fulgurante de la pandémie du coronavirus », a dit Moussa Kaka. Là aussi, le fait de dire que Hama Amadou a 71 ans n’aurait pas plus aux lumanistes, apprend-on. C’est pourquoi notre confrère est traité de tous les noms d’oiseaux sauvages, pour avoir dit ce qui est vrai et vérifiable. D’ailleurs ce critère d’âge a milité en plus de sa maladie pour qu’il soit bénéficiaire de la grâce présidentielle. A Lumana, n’a-t-on d’ailleurs trop palabré en décembre dernier sur l’opportunité de la sortie de prison de Hama en misant justement sur son âge ?

Il importe pour la corporation de dénoncer confraternellement ce genre de menace à la liberté d’expression d’où qu’il vient. Il y va de l’intérêt de chacun et de tous. Pourtant, ce sont les mêmes activistes ‘’pyromanes’’ qui ont tendancieusement exploité un papier de Moussa Kaka à l’occasion de la manifestation du 15 mars à propos de l’incendie de Tagabati. Cela traduit toute la pertinence de ce trait d’esprit du journaliste Albert Londres lorsqu’il dit : « Notre métier n’est pas de faire plaisir, non plus de faire du tort. Il est de porter la plume dans la plaie… ».

Tiemago Bizo