‘’Trainer les pieds’’ cette métaphore traduit assez bien la posture de l’Opposition nigérienne qui est en train d’abuser de la patience de tous. A preuve, toutes les parties prenantes au dialogue ont désigné leurs délégués depuis belle lurette à l’exception de l’Opposition politique. Mauvaise foi ? Calcul politicien ? Il y a bien longtemps que l’opposition observe la politique de la chaise vide lors des sessions du Conseil National de Dialogue Politique (CNDP) au point où des questions essentielles sont discutées en son absence. Va-t-elle encore rater le train du dialogue ?
Pour autant, le Premier ministre, président du CNDP, Brigi Rafini, à la suite du président de la République, n’a cessé de croire à la possibilité de faire partager avec l’opposition son option dialogique. C’est ce qui a permis la tenue de rencontres séparées entre le président du CNDP et des délégués de l’opposition, de la majorité et ceux des partis non affiliés. Il s’agit sans doute de trouver le chainon manquant pour un dialogue porteur. Au grand bonheur du Premier ministre, tous étaient d’accord qu’il faut renouer les fils du dialogue. La délégation de l’opposition dirigée par Falké Bacharou avait marqué sa disponibilité à s’asseoir autour d’une table avec les autres composantes de la classe politique dans le cadre d’une « Conférence des leaders politiques ».
En raison de 5 délégués par regroupement à savoir la majorité, l’opposition et les non affiliés, une première réunion s’est tenue dans la salle des banquets du cabinet du Premier ministre dans une ambiance bon enfant. Le lendemain, le Premier ministre a coanimé un point de presse avec les représentants de la majorité, de l’opposition et des non affiliés. Face à la presse, Brigi Rafini a fait la synthèse des travaux de la veille à la satisfaction de tous.
Tout est désormais en place pour réunir ensemble les 3 regroupements politiques à raison de 10 délégués par regroupement. Pour une question de transparence, il a été convenu d’associer des représentants de la société civile, de l’Association islamique, de l’Association des chefs traditionnels, de l’Eglise, du Programme des Nations unies pour le Développement (PNUD), de l’Union européenne et du National Democratic Institute (NDI).
A cette date, toutes les parties prenantes ont fait parvenir les noms de leurs représentants y compris les institutions internationales citées ci-haut sauf l’opposition. La raison de cette attitude de l’opposition a été donnée par le président du Front pour la restauration de la démocratie et la défense de la République (FRDDR), Amadou Ali Djibo dit Max dans une interview dans un journal de la place. Max indexe la dénomination du cadre de dialogue qui n’est pas à leur goût. En lieu et place, l’opposition aurait souhaité l’expression « Dialogue national inclusif ».
Il est vrai que Max n’était pas à la rencontre séparée avec l’opposition au cours de laquelle l’expression « Conférence des leaders » avait été avancée comme dénomination du cadre. En outre, Max exige que le président de la République signe un décret pour créer le cadre en lieu et place de l’arrêté pris par le Premier ministre. L’opposition minimise la portée de l’arrêté et veut impliquer le chef de l’Etat dans la mêlée politicienne. C’est la première fois qu’elle pose une telle exigence. Ce qui fait dire à certains qu’il y a anguille sous roche.
Sur la dénomination du cadre, il faut reconnaitre que le Premier ministre n’a rien inventé. Il n’a fait que rappeler ce qui a été retenu. En l’état, il n’a pas le pouvoir de changer la dénomination. Seul le cadre une fois installé pourrait non seulement changer le nom du cadre mais aussi redéfinir son agenda si c’est cela la volonté des acteurs politiques.
Rien ne justifie donc cette impasse dans le démarrage des travaux du dialogue si tant est que l’opposition est sincèrement ouverte au dialogue constructif dans l’intérêt du Niger.
Entre nous, qu’il s’agisse de « Conférence des leaders politiques » ou de « Dialogue national inclusif », ça change quoi à l’initiative pourvu que les parties prenantes s’entendent sur l’agenda. Et ça c’est déjà acquis. L’agenda c’est celui qui fait l’objet de préoccupations de l’opposition à savoir la tenue des élections, la Commission Électorale Nationale indépendante (CENI), le CNDP et l’accès aux médias publics.
Cette persistance de la politique de la chaise vide par l’opposition pose problème. Elle risque de conforter la thèse de ceux qui croient que l’opposition fait le dilatoire en faisant un pas en avant deux pas en arrière parce qu’elle n’a nulle intention de participer aux élections prochaines en raison de la perte de confiance en soi de ses principaux dirigeants.
Les Nigériens croient au dialogue politique autant que le gouvernement, la majorité et les non affiliés. Il reste à l’opposition de jouer sa partition sinon l’échec de ce dialogue lui sera imputé.
Tiémogo Bizo