Billet : Kidal et son statut !

Faisons un peu d’histoire pour rappeler que Kidal a connu des rébellions armées qui ont rythmé la vie politique malienne entre 1962 et 2012. En 1991, à la suite de la deuxième rébellion armée, des accords de paix ont été signés à Tamanrasset, en Algérie, qui ont inspiré le processus de décentralisation au Mali. Dans la foulée, la circonscription administrative de Kidal a été créée par décret. Puis, il y a eu les accords d’Alger après la rébellion de 2006. Puis encore, la naissance du Mouvement National pour la libération de l’Azawad (MNLA) en 2011. Puis enfin, des actions militaires engagées par le MNLA et le Mouvement Ansar Dine qui ont été le déclencheur de la guerre au nord du Mali : Kidal est tombé dans les mains des insurgés, le 30 mars 2012.

Depuis lors, l’administration et l’armée maliennes ne sont plus présentes dans cette partie du Mali. L’une des revendications du président Issoufou Mahamadou, c’est justement que l’Etat malien reprenne ses droits à Kidal parce que cette région n’est pas un Etat à part entière. Le contrôle de cette région par des groupes armés ne doit plus être de mise.

Tout comme les éléments terroristes ne doivent plus être en terrain conquis, en faisant de Kidal leur sanctuaire pour diverses activités criminelles. C’est aussi cela que le président Issoufou a posé comme problème. Or, on le sait bien, cette situation de ni paix ni guerre ne profite nullement aux populations de Kidal.

L’influence des éléments terroristes dans cette zone n’est pas non plus un gage de sécurité pour les populations de Kidal qui n’aspirent qu’à vivre dans la paix, la sécurité et la cohésion.

Or, un territoire contrôlé par des éléments armés et des éléments terroristes est un véritable no man’s land qui nuit à la sécurité du Mali et des Etats voisins dont le Niger.

Il faut aussi relever deux problématiques. Il s’agit d’une part de déterminer le rôle joué par certaines puissances occidentales dans le fait que l’armée malienne n’arrive pas à rentrer à Kidal.

Deuxièmement, on n’a pas une idée nette sur les interrelations entre les groupes signataires des accords d’Alger, les autres mouvements armés et les groupes terroristes en raison du fait que tous partagent le même espace territorial.

En dénonçant le statut de Kidal, le président nigérien ne vise pas les communautés locales mais les éléments terroristes qui se replient à Kidal pour menacer la paix et la sécurité des pays voisins. Il refuse tout autant la balkanisation du Mali dans un contexte où l’on parle d’unité du continent.

De bonnes sources, l’on apprend que le chef de l’Etat a multiplié les rencontres avec des leaders d’opinion des régions voisines du Mali pour leur donner la bonne information et prévenir toute espèce de contagion au regard des manifestations de rue organisées à Kidal contre le Niger et son président.

Le chef de l’Etat et ses interlocuteurs restent sur la même longueur d’ondes sur la nécessité de la préservation de la paix et de la sécurité dans notre pays et au Sahel. C’est cela le plus important.

Que ceux de la diaspora malienne et ceux qui tirent profit du statu quo opposés aux propos du chef de l’Etat nigérien cessent alors de souffler sur les braises.

Tiémogo Bizo