Dr Illiassou Mainassara, Ministre de la Santé Publique © NigerInter.com

Dr IDI ILLIASSOU MAINASSARA: Un des ministres les plus combatifs du gouvernement

Dr IDI ILLIASSOU MAINASSARA est Médecin de formation, capacitaire en chirurgie de District, spécialiste en Gestion des services de santé avec vingt-sept ans d’expérience en matière de clinique et développement des services de santé en Afrique subsaharienne, particulièrement au Niger. Il a gravi tous les échelons de la pyramide sanitaire du Niger, du niveau opérationnel jusqu’au niveau tertiaire avec une solide expérience en matière de gestion de services de santé. Il fut un Acteur de la société civile et syndicaliste au sein du Syndicat des Pharmaciens, Médecins et Chirurgiens-Dentistes (SYNPHAMED). Dr IDI ILLIASSOU MAINASSARA a occupé plusieurs postes de responsabilité au Niger dont le dernier et l’actuel poste de Ministre de la Santé Publique du Niger qu’il occupe depuis Novembre 2016. Dans cette interview exclusive, il fait un état des lieux des actions de son département ministériel.

Niger Inter Magazine : Vous êtes médecin et ministre de la santé aujourd’hui. Comment se porte votre département ministériel ?

Dr IDI ILLIASSOU MAINASSARA : Je vous remercie d’abord de l’opportunité que vous m’offrez afin de nous entretenir. Mon département ministériel se porte bien ; pour améliorer l’état de santé des populations et conformément au PDS 2016-2021 (plan de développement sanitaire), beaucoup d’efforts ont été consentis :

  • Poursuite de la transformation progressive des Cases de Santé et CSI Type I en CSI Type II, la construction des hôpitaux de référence, des CSI et maternités et le renforcement des capacités des formations sanitaires.
  • Poursuite de la mise en œuvre du Plan de Développement des Ressources Humaines avec redéploiement des personnels ;
  • la fonctionnalité effective des Centres de santé de la Mère et Enfant ;
  • Création des hôpitaux des références
  • Le renforcement de la supervision, de l’inspection et du contrôle à tous les niveaux ;
  • L’amélioration de la prise en charge de la santé de la mère et du nouveau-né ;
  • Poursuite de la gratuité de la prise en charge de l’enfant de 0 à 5 ans, de cancer
  • L’approvisionnement des formations sanitaires en médicaments, consommables et réactifs, intrants alimentaires, vaccins ainsi que les ARV (Anti retro viraux) ;
  • La poursuite de la réorganisation de l’ONPPC, du SONIPHAR et le renforcement des capacités de contrôle du LANSPEX ;

Niger Inter Magazine : Nous sommes en pleine campagne agricole avec comme corollaire le paludisme à la fin de façon récurrente. Quel est votre bilan en termes de réduction de la mortalité lié au palu ?

Dr IDI ILLIASSOU MAINASSARA : La saison pluvieuse est une période favorable à la prolifération des moustiques, dont l’Anophèle vecteur du paludisme, avec comme conséquence les épidémies ou la recrudescence des cas de paludisme, notamment parmi les couches vulnérables que sont les enfants de moins de 5 ans, les femmes enceintes et les populations déplacées.

Deux plans stratégiques nationaux de lutte contre le paludisme ont été élaborés depuis 2011, dont le dernier, en cours de mise œuvre, couvre la période 2017-2021.

En l’absence d’une évaluation d’impact, je tiens à préciser que depuis que je suis à la tête de ce département il y a des signes forts qui indiquent une baisse des indicateurs de morbidité et de mortalité du paludisme. En effet, au cours des trois dernières années les statistiques sanitaires montrent une régression importante de l’incidence du paludisme dans la population générale, et chez les enfants de moins de 5 ans.

  • L’incidence du paludisme est passée de 473 cas pour 1000 habitants à 257 pour 1000 habitants entre 2016 et 2018.
  • Le taux de létalité hospitalière du paludisme qui passe de 2,03% en 2016 contre 1,89% en 2018.

Ces résultats sont les fruits des multiples efforts déployés par l’Etat et les partenaires dans la lutte contre le paludisme.

A titre d’exemple 14 531 787moustiquaires imprégnées d’insecticides de longue durée d’action (MILDA) ont été distribuées gratuitement en campagne de masse et en routine entre 2011 et 2019 ;

– Depuis 2016, environ plus de 4 millions d’enfants de 3-59 mois reçoivent un traitement chaque année dans le cadre la chimio prévention du paludisme saisonnier (CPS) ;

– Plus de 10 000 000 tests de diagnostic rapide (TDR) du paludisme acquis entre 2011 et 2019, dont 5 149 981 TDR en 2019.

Par conséquent, 100% des cas suspects de paludisme bénéficient d’un diagnostic biologique, ce qui permet d’améliorer la prise en charge et la gestion rationnelle des médicaments.

Plus de 36 387 229   doses de traitement du paludisme ont été acquises entre 2011 et 2019 pour la prise en charge des cas de paludisme.

-Plus de 9 000 000 de doses de Sulfadoxine Pyriméthamine (SP) ont été acquises     pour la prévention du paludisme chez les femmes enceintes.

Niger Inter Magazine : Les enfants sont la cible la plus vulnérable du paludisme. Quelles sont les mesures prises par votre gouvernement pour réduire la mortalité infanto juvénile ?

Dr IDI ILLIASSOU MAINASSARA : Le gouvernement a souscrit à plusieurs initiatives sous régionales et internationales dans le cadre des Objectifs du millénaire pour le développement. Le plan stratégique national de lutte contre le paludisme 2017-2021 est aligné sur les objectifs du PDS en vue de contribuer à la baisse de la mortalité, en particulier la mortalité des enfants de moins de 5 ans, qui constitue une priorité pour le gouvernement. Dans cette perspective, avec le soutien des partenaires, le Ministère de la santé s’investit dans la mise en œuvre de stratégies efficaces de prévention et de prise en charge du paludisme qui ciblent directement ou indirectement les enfants de moins de 5 ans. Il s’agit, entre autres, des interventions visant :

– L’amélioration de la prévention du paludisme chez les enfants de moins de 5 ans, dont :

– La distribution de moustiquaires imprégnées d’insecticides (MILDA) aux enfants de moins d’un an dans les formations sanitaires.

– La distribution des moustiquaires imprégnées d’insecticide (MILDA) à travers des campagnes de masses et en routine en vue d’assurer la couverture universelle de cette mesure de lutte anti vectorielle.

– L’adoption de la stratégie de la chimio prévention du paludisme saisonnier (CPS) pour les enfants de 3-59 mois. Cette stratégie qui consiste à administrer 4 cycles de traitements anti paludiques à un mois d’intervalle pendant la saison pluvieuse ou saison de forte transmission du paludisme. Environ plus de 4 millions d’enfants vivant dans 61 districts sanitaires éligibles bénéficient de cette intervention chaque année.

– L’amélioration de la qualité de la prise en charge du paludisme

– Depuis le début de notre mandat, nous travaillons avec l’ensemble des partenaires et des organisations locales telles que l’ONPPC pour rendre disponibles les tests de diagnostic rapide et les médicaments antipaludiques jusqu’au dernier kilomètre, à savoir au niveau du centre de santé, de la case de santé ou du relais communautaire.

– A cela il faut ajouter la gratuité des soins antipaludiques pour les enfants de moins de 5 ans dans le but de minimiser l’impact de la barrière financière sur l’accès aux soins.

– Le gouvernement s’est également engagé à renforcer les compétences des agents de santé sur la prise en charge correcte des cas de paludisme.

– Enfin, afin de juguler les problèmes d’accessibilité géographique aux soins que connaissent certaines de nos populations, nous travaillons depuis plusieurs années à mettre en place et renforcer la stratégie de prise en charge des cas de paludisme à domicile (PECADOM) versus (iCCM) chez les enfants au niveau communautaire.

Toutes ces mesures, qui sont accompagnées d’activités de communication pour le changement de comportement à l’endroit des populations, dont les adultes en charge des enfants, contribuent à réduire la morbidité et la mortalité infanto juvénile.  Ces efforts seront poursuivis dans le cadre de la mise en œuvre du plan stratégique national de lutte contre le paludisme 2017- 2021.

Niger Inter Magazine : Comment le Niger contribue-t-il à la campagne zéro palu ?

Dr IDI ILLIASSOU MAINASSARA : Le Niger est partie prenante de l’initiative des pays du Sahel pour l’élimination du paludisme. Du reste une large attention a été consacrée à cette initiative au cours de la conférence de l’Union Africaine que notre pays a abrité du 4 au 8 juillet 2019. Le Niger participe à l’élaboration du plan stratégique sous régional pour l’élimination du paludisme sous l’égide de Roll Back Malaria et de l’Organisation mondiale de la santé. Ce plan stratégique sous régional sera ensuite adapté au contexte du pays pour sa mise en œuvre.

Dans l’attente de la finalisation de ce plan, le Niger a identifié le site pilote de Tabala, dans le district sanitaire de Filingué pour le lancement de l’initiative zéro palu à travers la mise en œuvre de plusieurs interventions et activités dont :

  • La sensibilisation des communautés
  • La formation des agents de santé et des comités villageois de santé
  • La lutte anti larvaire à travers l’assainissement et la destruction des gîtes larvaires
  • Le renforcement des interventions clés
  • Le renforcement de la surveillance (entomologique et épidémiologique)
  • Cette initiative sera lancée en juillet 2019 pendant la compagne CPS,

Il faut rappeler à ce niveau le rôle éminemment important joué par la première Dame HADJIA AISSATA

ISSOUFOU Marraine de la lutte contre le paludisme au Niger, Ambassadrice de la campagne zéro palu je m’engage pour les pays du sahel et présidente de la fondation GURI VIE MEILLEURE. Son engagement au côté des actions du gouvernement sous l’impulsion de Son Excellence ELHADJ ISSOUFOU

MAHAMADOU Président de la République, Chef de l’Etat a permis de renverser les tendances.

Niger Inter Magazine : Une des prouesses de votre gouvernement c’est l’érection des hôpitaux nationaux de référence. Niamey, Maradi puis Tahoua…. A vous en croire l’Etat gagnerait une contrepartie sur le volet évacuation sanitaire. Est-ce à dire que toutes les régions du Niger auront des hôpitaux de référence ?

Dr IDI ILLIASSOU MAINASSARA : Le renforcement de la qualité de l’offre de soins spécialisés est une préoccupation constante des autorités sanitaires et c’est à ce titre que le chef de l’Etat dans le cadre de la mise en œuvre de son programme de la renaissance a entrepris la construction et l’opérationnalisation d’hôpitaux de troisième niveau de référence à Niamey, Maradi et bientôt à Tahoua. Ces hôpitaux ont été dotés d’équipement de pointe pour fournir des prestations pour lesquelles les patients étaient auparavant évacués vers l’extérieur du Niger.

La contrepartie que gagne l’Etat à travers l’opérationnalisation de ces hôpitaux est d’abord la satisfaction d’offrir des soins de qualité à la population, puis vient ensuite la réduction du cout des évacuations sanitaires. A titre illustratif, après un an de mise en œuvre, 372 patients qui auraient dû être évacués à l’extérieur, ont été pris en charge à l’Hôpital Général de Référence par le biais des campagnes médicales. Ces opérations ont permis de faire économiser à l’Etat du Niger environ 3 Milliards de CFA en une année d’exercice.

Niger Inter Magazine : Est-ce à dire que toutes les régions du Niger auront des hôpitaux de référence ?

Dr IDI ILLIASSOU MAINASSARA : L’implantation des hôpitaux, comme celle de toutes les structures sanitaires se fait en fonction des priorités définies dans les documents de planification du ministère de la santé publique. La carte hospitalière qui est un sous ensemble de la carte sanitaire nationale, permet de prévoir et de susciter les évolutions de l’offre de soins. A cette fin, elle est arrêtée sur la base d’une estimation des besoins de la population et de leur évolution, compte tenu des données démographiques des modifications de la demande et des progrès des techniques médicales et après une analyse quantitative et qualitative de l’offre de soins existante tout en restant dans les limites imposées par le contexte économique.

Niger Inter Magazine : Pourquoi ne pas développer les cases de santé pour l’accès aux soins primaires par la majorité des Nigériens ?

Dr IDI ILLIASSOU MAINASSARA : La case de santé (CS) est une structure de premier niveau de la pyramide sanitaire située au-delà de cinq (5) km d’un CSI qui a pour mission d’assurer au niveau communautaire les prestations de soins curatifs, préventifs, promotionnels et de gestion définis dans le Paquet Minimum d’Activités (PMA).

La population couverte par la CS varie de 2500 à 5000 habitants. Actuellement plus de 2400 cases de santé sont fonctionnelles sur l’ensemble du territoire.

Ce chiffre démontre la reconnaissance du rôle important de la case de santé et l’engagement du Gouvernement à développer les Soins de santé Primaires à travers ce système. Du fait de sa proximité avec les populations, la case de santé présente un potentiel pour l’accès aux soins et pour le renforcement de l’équité et de la participation communautaire.

Plus de de 2.000 agents de santé communautaire ont été formés par mon département ministériel dans le cadre du renforcement des activités de la prise en charge intégrée des maladies de l’enfant. Depuis la case de santé s’est vue attribuer un important rôle particulièrement dans la réponse aux demandes en soins curatifs de base.

Le renforcement de la Case de Santé a permis à ce niveau de répondre à 40% de la demande qui se présente aux services de santé contre 48.5% pour le CSI qui tous deux totalisent 88.5% de la demande pour une norme internationale de 80% pour ce premier niveau. L’objectif pour les prochaines années est de permettre aux services de santé du premier niveau (CSI + Cases) de répondre à plus de 80% de la demande en soins adressée aux services de santé. La case de santé, dont le réseau est plus important, pourra ainsi répondre à près de 50% de la demande.

Afin de renforcer le rôle important que joue la case de santé dans la prise en charge de la demande des soins des enfants de moins de 05 ans, le MSP a engagé une réforme en 2010 afin de développer une approche communautaire intégrée autour des cases de santé dont l’objectif est d’améliorer la qualité et l’efficience des prestations à la base par une participation communautaire effective.

La mise en œuvre de cette réforme a permis une redéfinition du statut de la case de santé par l’adoption d’un nouveau paquet d’activité pour tenir compte des nouveaux défis de santé relatifs à la santé néonatale infantile et maternelle.

Le défi à relever ici est celui des ressources humaines qualifiés qui permettra la prise en compte des données de ce niveau dans le système national d’information sanitaire. C’est dans ce cadre que mon département ministériel est en train de procéder à une transformation progressive des cases de santé en CSI type II et cela conformément aux engagements pris par le Président de la République.

Niger Inter Magazine : D’aucuns pensent que les prix de ces établissements (hôpitaux de référence) sont prohibitifs au commun des citoyens. Que répondez-vous ?

Dr IDI ILLIASSOU MAINASSARA : Les tarifs des hôpitaux nationaux sont uniformes dans la majorité des cas. Il existe quelques disparités pour certaines prestations qui sont nouvellement fournies au Niger. La tarification est fonction de plusieurs paramètres dont les intrants utilisés, les équipements, les Ressources Humaines, l’environnement de travail etc. ; pour les structures publiques, tous ces éléments ne sont même pas pris en compte dans la détermination des tarifs des prestations étant donné que l’Etat contribue au fonctionnement par l’allocation d’une subvention d’équilibre, et aujourd’hui tous les centres de santé publiques sont subventionnés par l’Etat au Niger.

Niger Inter Magazine : Récemment à l’occasion des Sommets de l’UA à Niamey, votre ministère, la première dame et la société civile avaient initié une campagne anti cancer et les maladies respiratoires. Quelle est votre perspective pour inverser la tendance ?

Dr IDI ILLIASSOU MAINASSARA : Le cancer constitue aujourd’hui un véritable problème de santé publique en Afrique de façon générale et en particulier au Niger, ce qui a amené le gouvernement à prendre des décisions importantes dans le cadre de l’amélioration de la santé de la population surtout en ce qui concerne les groupes cibles constitués des femmes et des enfants.

Cette décision est la prise en charge gratuite des soins de santé pour certaines cibles, il s’agit de :

– La gratuité des soins aux enfants de 0 à 5 ans,

– La gratuité de la césarienne ;

– La gratuité de la prise en charge des cancers gynécologiques et autres,

– Les évacuations sanitaires,

– Les gratuités ciblées (paludisme par la chimio prophylaxie saisonnière chez les enfants et le traitement présomptif intermittent chez les femmes enceintes, la consultation prénatale et post natale, la consultation des nourrissons sains, la prise en charge du Sida, la tuberculose, les maladies tropicales négligées etc.…)

Pour améliorer la santé de notre population et rendre effective la pratique de cette gratuité, des efforts considérables ont été fournis par le gouvernement avec l’appui de ses partenaires dont la construction du centre national de lutte contre le cancer,

Pour le centre national de lutte contre le cancer qui sera bientôt totalement opérationnel, la chimiothérapie est déjà effective, la radiothérapie viendra compléter le paquet complet de prise en charge totale de toutes les formes des cancers dans les semaines à venir. D’ores et déjà l’appareil de cobaltothérapie est disponible et sera installé incessamment.

L’accélérateur linéaire des particules de dernière technologie pour la radiothérapie qui est actuellement dans le processus d’acquisition à travers l’AIEA.

Donc le cancer constitue pour nous une réelle préoccupation du fait de sa forte prévalence et de son taux élevé de mortalité ainsi que la complexité de sa prise en charge et du lourd tribut qu’engage cette maladie en termes de charges financières, économiques, psychosociales surtout dans nos pays en développement.

Comme vous le savez, souffrir d’un cancer c’est endurer et supporter des soucis, des peines, des douleurs pour le malade, sa famille et la communauté.

C’est pour toutes ces raisons que nous nous engageons à combattre cette terrible maladie afin de protéger nos populations en général et en particulier nos femmes et leur assuré une meilleure prise en charge en cas de survenue.  Au Niger d’énormes efforts particuliers ont été consentis dans le cadre de la lutte contre le cancer. Parmi ces efforts, je citerais entre autres :

  • Notre volonté politique, dont la lutte contre la maladie constitue une des priorités, contenue dans le programme de la renaissance du Niger ;
  • La mise en place du registre de cancer au Niger ;
  • La ratification de la convention- cadre de l’OMS pour la lutte anti-tabac en 2005 ;
  • L’adoption par l’Assemblée Nationale du Niger de la loi N° 2011-16 du 08 août 2011, portant création d’un Etablissement public à caractère administratif dénommé « Centre National de Lutte contre le Cancer » ;
  • La construction et l’équipement en partenariat avec l’Agence Internationale de l’Energie Atomique (AIEA) du Centre National de Lutte contre le Cancer ;
  • L’arrêté n°016/MSP/SG/DGSP du 25 janvier 2012 portant création du Programme National de Lutte contre les Maladies Non Transmissibles dont le cancer ;

Le cancer occupe une place de choix dans nos documents de référence ; j’ai nommé la politique sectorielle de la santé et le Plan de Développement Sanitaire 2017- 2021.

A ce niveau également il faut saluer l’engagement de la première Dame DR LALLA MALIKA ISSOUFOU, Marraine de la lutte contre le cancer au Niger , présidente de la fondation TATALI IYALI sous l’impulsion de laquelle la plus grande conférence Africaine sur le cancer à été organisée en marge du sommet de l’UA 2019 , cette conférence a connu le plus grand succès qu’on ne puisse imaginé , à l’occasion de laquelle les chefs d’Etats Africains se sont engagés à mener un combat contre cette terrible maladie. Le Niger à travers son Président a pris un engagement majeur de continuer à investir dans tous les domaines de la santé en général et en particulier dans la lutte contre le cancer.

Niger Inter Magazine : La part du budget national pour la santé est un indice sur l’intérêt qu’accorde un gouvernement à la santé publique. Quel commentaire faites-vous de la situation du Niger ?

Dr IDI ILLIASSOU MAINASSARA : Si nous tenons compte de la déclaration d’Abuja et du Programme de la Renaissance Acte 2 qui recommandent d’allouer respectivement 10 pour cent et 15 pour cent du Budget National au secteur de la Santé, malgré les défis sécuritaires et autres, le gouvernement a consenti beaucoup d’efforts pour améliorer la santé de la population.

Ainsi le budget alloué à la santé a connu une amélioration, il est estimé en 2019 à 10%.

Niger Inter Magazine : La place de notre pays dans les domaines de la santé et l’éducation en matière d’Indice de développement humain (IDH) n’est pas reluisante. Que faites-vous pour améliorer le record du Niger ?

Dr IDI ILLIASSOU MAINASSARA : L’IDH est un indicateur composite, qui prend en compte trois dimensions du développement :

– la santé et la longévité, mesurées à travers l’espérance de vie à la naissance ;

– le niveau d’éducation, mesuré par la durée moyenne de scolarisation pour les adultes de plus de 25 ans et la durée attendue de scolarisation pour les enfants en âge d’aller à l’école ;

– le niveau de vie, mesuré à travers le revenu national brut (RNB) par habitant.

Concernant la santé, les indicateurs clés contribuant à l’amélioration de la santé des populations en lien avec l’espérance de vie à la naissance au Niger ont connu des progrès significatifs de 2015 à 2018.

Ainsi, la couverture sanitaire (Population ayant accès aux CSI dans un rayon de 5 km) au plan national est passée de 48,47% en 2015 à 50,63% en 2018.

En outre, le taux d’utilisation de la contraception moderne a connu une avancée significative passant de 24,18% en 2015 à 32,31% en 2018. Cela grâce aux efforts de l’État et ses partenaires pour assurer la disponibilité et la gratuité des produits contraceptifs.

Par ailleurs, les couvertures des différents antigènes du Programme Elargi de Vaccination(PEV) ont progressé selon les enquêtes d’ouverture réalisées en 2010, 2013 et 2017.

Toutes ces interventions plus haut citées (constructions des infrastructures, PF, PEV…) et bien autres (activités des programmes Maladies Tropicales Négligées, paludisme, Nutrition…) ont contribué à une baisse significative de la mortalité infanto-juvénile.

Il faut noter que l’espérance de vie à la naissance est fortement déterminée par la mortalité des enfants de moins de 5 ans. Celle – ci qui baisse de manière très significative depuis 1990 au Niger, est à l’origine de l’amélioration de l’espérance de vie dans notre pays selon les projections démographiques élaborées et publiées par l’Institut National de la Statistique qui l’a estimé en 2017 à 64,5 ans.

Cependant, selon le rapport du PNUD sur l’IDH 2017, l’espérance de vie à la naissance aurait baissé entre 2016 et 2017. En effet, le pays aurait connu une baisse de son espérance de vie à la naissance de 61,9 ans en 2016 à 60,4 ans en 2017 (soit une baisse de 1,5 an).

Il faut dire que cette baisse est surprenante car l’espérance de vie à la naissance est un indicateur qui ne baisse de manière importante que lorsque le pays est confronté à des catastrophes ce qui n’a pas été le cas pour le Niger.

Suite à la publication de ce rapport, une série de mesures a été prise par le Président de la République pour qui l’amélioration des conditions de vie des populations reste une préoccupation et une grande priorité pour le Gouvernement du Niger :

  • la création du Dispositif Institutionnel chargé du suivi de l’Indice de Développement Humain du Niger (IDH) avec pour mission essentielle de contribuer à améliorer de manière significative le niveau l’IDH du Niger.
  • La demande de réexamen de la situation du Niger adressée instruction à l’Administrateur du PNUD par lettre N°0033/PM du 22 mars 2019.

Dans sa réponse, l’Administrateur du PNUD a par lettre N°004.RR.2019 PRO/303/PNUD du 29 mars 2019 indiqué que les données sur l’espérance de vie utilisées dans le calcul de l’IDH publié en 2018 sont issues du rapport révisé sur les perspectives démographiques mondiales et que la baisse de l’espérance de vie à la naissance pourrait être liée à une faible couverture des données d’état civil, particulièrement dans l’inscription des naissances. Il souligne néanmoins, que pour l’année 2018, les données sur la mortalité des enfants de moins de 5 ans issue de l’EDSN 2012 seront utilisées. Toutefois, il n’a pas donné de réponses claires sur la baisse de l’espérance de vie à la naissance entre 2016 et 2017.

Niger Inter Magazine : A travers les réseaux sociaux vous avez la réputation d’être un bon ministre parmi les membres de l’équipe gouvernementale. Est-ce que l’impact d’une bonne communication ou bien la touche de l’ancien syndicaliste qui entend booster une bonne cause étant aux affaires ?

Dr IDI ILLIASSOU MAINASSARA : Merci de l’information, ça c’est votre appréciation, et je vous en remercie.

Conformément aux orientations du Programme de Renaissance du Président de la République Son Excellence Issoufou MAHAMADOU, aux axes d’interventions prioritaires dans la Déclaration de Politique Générale du Gouvernement, mon département ministériel s’est attelé à la mise en œuvre de plusieurs actions visant à améliorer l’état de santé de nos populations.

Ainsi, pour traduire cette volonté affichée du Chef de l’Etat et du Gouvernement à faire de la promotion de la santé de nos concitoyens, une priorité nationale, le Ministère de la Santé publique s’est doté de plusieurs documents stratégiques dont un Plan de Développement Sanitaire (PDS) 2016-2021 assorti d’un Plan de Travail Quinquennal (PTQ) de la même période, d’un Cadre de Dépenses Sectorielles à Moyen Terme (CDSMT) et d’un compact pays.

Entant que Médecin connaissant le système de santé, je ne peux qu’apporter ma contribution à l’amélioration de la santé de la population Nigérienne.

Mon principal sentiment a été celui de la gratitude et de la reconnaissance au Président de la République pour m’avoir confié cette mission.

Niger Inter Magazine : Qu’est-ce qui vous tient à cœur que vous voulez faire au ministère de la santé que vous n’avez pas encore réalisé ?

Dr IDI ILLIASSOU MAINASSARA : Je rêve de voir entre autres :

  • La mise en œuvre effective de la couverture sanitaire universelle
  • L’utilisation rationnelle des Technologies de l’Information et de la Communication par le secteur de la santé (E-Santé) qui pourrait contribuer au renforcement du système national de santé.
  • Le développement et le suivi des mutuelles de santé ;
  • La création d’un fonds social de santé.

Niger Inter Magazine : A vos heures perdues, citez au moins deux loisirs qui occupent votre temps ?

Dr IDI ILLIASSOU MAINASSARA : La lecture et la télévision.

Niger Inter Magazine : Quel est votre dernier mot ?

Dr IDI ILLIASSOU MAINASSARA : Nous avons besoins de compréhensions, de soutiens de tous pour mener a bien cette mission combien délicate. Merci du fond du cœur pour cet entretien qui j’en suis sûr a apporté un plus dans le cadre de la sensibilisation sur les actions que nous menons pour une meilleure santé de nos populations.

Interview réalisée par Abdoul Aziz Moussa

Niger Inter Magazine N° 023