Le Président de la République, SEM Issoufou Mahamadou, Président en exercice de la Conférence des Chefs d’Etat et de Gouvernement de la CEDEAO, a regagné Niamey samedi soir, 14 septembre 2019, venant de Ouagadougou, au Burkina Faso, où il a présidé le même jour les travaux du Sommet extraordinaire de cette organisation régionale sur le terrorisme.
Cette conférence élargie aux Chefs d’Etat du Tchad et de la Mauritanie, a pris des « décisions très fortes », entre autres, le renforcement des capacités dans plusieurs domaines et l’adoption d’un plan d’action 2020-2024 et de mobilisation des ressources financières en vue de faire face d’urgence au terrorisme dans la région.
Le sommet a été sanctionné par un communiqué final. Peu après, une conférence de presse conjointe a été animée par le Président de la CEDEAO et celui du G5 Sahel, SEM Roch marc Christian Kaboré.
Avant de répondre aux questions des journalistes, SEM Issoufou Mahamadou a remercié le Président du Burkina Faso pour l’accueil chaleureux et fraternel qui a été réservé à la délégation du Niger et aux autres délégations ayant participé à ce sommet.
Le Président de la CEDEAO a aussi salué tous les Chefs d’Etat qui ont participé de manière active aux « débats très riches » sur les menaces du terrorisme, du crime organisé et des conflits inter communautaires, qui pèsent sur la région.
« Les débats nous ont permis de prendre des décisions très fortes qui portent sur le renforcement des capacités opérationnelles et de renseignement, au niveau national comme au niveau des Forces Conjointes, afin de faire face de manière efficace aux menaces », a indiqué le Chef de l’Etat.
« Nous avons insisté sur la nécessité de mutualiser les capacités opérationnelles et de renseignement », a-t-il dit, ajoutant que le sommet a également décidé du renforcement la gestion des contrôles aux frontières, du contrôle des armes et des produits sensibles.
« La lutte contre le financement du terrorisme a occupé une place centrale dans nos échanges en particulier la lutte contre le trafic des drogues ». Il en est de même de « la promotion de la communication et du dialogue intercommunautaire », a-t-il ajouté.
La conférence a adopté un plan d’action 2020-2024 et de mobilisation des ressources financières pour lutter contre le terrorisme.
D’ores et déjà, les Chefs d’Etat de la CEDEAO ont décidé de contribuer à hauteur d’un milliard de dollars US à la lutte contre le terrorisme.
« Pour mobiliser le maximum de capacités de lutte contre le -terrorisme, nous avons demandé de renforcer les capacités non seulement des Armées Nationales des Forces de Défense et de Sécurité, des Forces Conjointes mais également de la MINUSMA », a-t-il précisé.
«Mais nous voulons qu’un mandat plus offensif soit confié à la MINUSMA. Et nous lançons un appel au Conseil de Sécurité des Nations Unies afin que ce mandat offensif puisse permettre à la MINUSMA de contribuer à la lutte contre le terrorisme », a souligné SEM Issoufou Mahamadou.
Avec un effectif de 12. 000 hommes, la MINUSMA, dotée d’un mandat offensif, permettrait de créer un rapport des forces évident dans la lutte contre le terrorisme, a –t-il estimé.
« La Communauté Internationale a des devoirs vis-à-vis du Sahel. Elle ne doit pas détourner son regard du Sahel », a-t-il insisté, rappelant que c’est la Communauté Internationale qui est à la base de la crise libyenne dont nous subissons les conséquences, aussi bien dans le Sahel qu’au bassin du Lac Tchad .
« La Communauté internationale a le devoir de participer à cette lutte pour sauvegarder ce bien public mondial que constituent la sécurité et la paix », a-t-il affirmé.
Il faut donc un « mandat robuste » pour la MINUSMA afin qu’elle puisse participer à la lutte contre le terrorisme.
« Nous n’avions pas aussi oublié la situation en Libye. Quand cette crise libyenne a été déclenchée en 2011, nous étions contre mais on ne nous a pas écoutés et on n’a pas pris les mesures nécessaires pour assurer, comme on l’a souvent dit, le service après-vente en Libye », a poursuivi le Chef de l’Etat.
La Libye a été « somalisée », l’Etat a été dissous, il y a un chaos à cause duquel toutes les armes accumulées dans ce pays ont été pillées et circulent dans le Sahel et au bassin du Lac Tchad entre les mains des terroristes. .
« Nous ne sommes pas responsables de cette situation. La responsabilité incombe à la Communauté Internationale qui ne doit donc pas détourner son regard du Sahel et du bassin du Lac Tchad », a-t-il dit.
Elle doit assumer ses responsabilités et c’est pour cela que nous demandons sa participation non seulement au financement de la lutte, mais également qu’elle dote la MINUSMA d’un mandat offensif, a encore insisté le Président Issoufou Mahamadou.
La situation en Libye nécessite une solution urgente et nous avons demandé la mise en place d’un Envoyé Spécial Conjoint ONU-Union Africaine, a-t-il ajouté.
Outre le niveau militaire, où la lutte contre le terrorisme est militaire à court terme, nous savons qu’à moyen et long terme, c’est le développement qui permettra de vaincre définitivement le terrorisme, a-t-il expliqué.
« Nous avons évoqué ces questions de développement, a-t-il dit, notant que le G5 Sahel a un Programme Prioritaire pour les zones frontalières fragiles soumises aux exactions des terroristes. »
« Là également, nous lançons un appel à la Communauté Internationale pour qu’elle soutienne les actions de résilience et de développement dans ces zones fragiles. Nous avons salué aussi le Partenariat pour la Sécurité et la Stabilité du Sahel, initiative prise récemment au Sommet du G7, par le Président français et la Chancelière d’Allemagne », a affirmé le Président de la CEDEAO.
Répondant à une question relative à la création d’une nouvelle force pour lutter contre le terrorisme, le Président Issoufou Mahamadou a affirmé qu’il ne s’agit pas de trouver un substitut aux forces existantes actuellement sur le théâtre des opérations (Armées Nationales, Force Conjointe du G5 Sahel, Force Conjointe Mixte Multinationale dans le bassin du lac Tchad, Force Barkhane, MINUSMA).
«Notre objectif est de renforcer, dans l’immédiat, ce qui existe », renforcer les instruments qui sont en place, renforcer les capacités opérationnelles et de renseignement des Etats et des Forces Conjointes et mener des opérations rapides pour soulager les populations des zones terroristes confrontées aux terroristes, a expliqué SEM Isoufou Mahamadou.