Bazoum Mohamed, candidat du PNDS-Tarayya aux élections de 2021

Interview exclusive : Bazoum Mohamed  se prononce sur des questions brulantes d’actualité

Candidat investi du PNDS-Tarayya depuis le 31 mars dernier, Bazoum Mohamed assume cette responsabilité avec honneur et dignité. A travers cette interview exclusive,  c’est avec une aisance déconcertante qu’il a répondu aux questions d’actualité touchant le processus électoral, les allégations de ses adversaires et bien sûr la posture de son parti pour 2021. Le PNDS est bel et bien en ordre de bataille, nous a confié Bazoum Mohamed.

 Niyya Infos : Le 31 Mars dernier vous avez été investi candidat du PNDS pour l’élection présidentielle de 2021. Cette investiture a été un véritable plébiscite. Mais une certaine opinion continue à ressasser que votre candidature a été imposée et rien ne va plus au PNDS-Tarayya. Que répondez-vous ?

Bazoum Mohamed : Puisque vous dites à juste titre que mon investiture fut un plébiscite, s’il y a une opinion qui en pense du mal, c’est qu’elle n’est pas honnête. Que peut-on répondre qui soit vraiment utile à des personnes de mauvaise foi?

Niyya Infos : Le PNDS-Tarayya est donc bel et bien en ordre de bataille pour 2021 ?

Bazoum Mohamed : Parfaitement! Nous sommes en ordre de bataille pour cette échéance décisive pour note parti et pour notre pays. Nous avons déjà mis sur pied l’équipe qui est chargée de la coordination de la rédaction du programme électoral du candidat. Nous serons bientôt dans la mise en œuvre du programme des vacances des députés  et des ministres. Nous entamerons notre programme de la mise en place de nos structures de base à partir du mois de septembre. Nous définirons d’autres programmes au fur et à mesure des objectifs que nous nous serons assignés.

Niyya Infos : Le code électoral vient d’être adopté par l’Assemblée nationale avec quelques modifications considérées comme non-consensuelles par l’opposition politique. Pouvez-vous rappeler brièvement à nos lecteurs le processus qui a abouti à la révision du code électoral ?

 Bazoum Mohamed : La dernière modification du code électoral a été impulsée par une quête formulée par le parti MPN -Kishin Kassa. Elle portait sur 2 questions importantes: la composition de la commission électorale nationale indépendante (article 12) et la composition des bureaux de vote (article 80).
S’agissant de l’article 12, il prévoyait une CENI de 13 membres: un Président, un Vice-Président, un représentant des collectifs des associations de défense des droits de l’homme, une représentante des collectifs des associations féminines, 3 représentants des partis politiques de la Majorité, 3 représentants des partis politiques de l’Opposition et 3 hauts cadres de la Fonction publique représentant respectivement les ministères de l’Intérieur, des Finances et du plan.

Le MPN- Kishin Kassa fait un certain nombre de griefs à l’article 12. Il considère que les 3 représentants de l’administration centrale sont politiquement connotés et relèvent d’un même parti, le PNDS, pour ne pas le nommer.  Il considère que si la notion des blocs Majorité-Opposition a un sens en situation normale de gestion du pouvoir, en période électorale où les cartes sont rebattues et où chaque parti se bat pour son propre compte, ces Blocs perdent de leur pertinence. Il en tire une conclusion consistant à préconiser que chaque candidat à l’élection présidentielle ait son propre représentant à la CENI.
Ces griefs ont été pris en compte par le nouveau code électoral. C’est ainsi que les représentants de l’administration ont été relégués à un statut de membres de la CENI sans voix délibérative.
L’article 12 a été également été modifié de façon que chaque candidat à l’élection présidentielle dispose de son propre représentant à la CENI, de la date de la validation de sa candidature par la Cour constitutionnelle jusqu’à la proclamation par celle-ci des résultats du vote, au cas son parti n’a déjà pas un de ses militants parmi les représentants permanents des partis au titre des différents Blocs. Par ailleurs le nombre des représentants de Blocs de la Majorité et de l’Opposition est passé de 3 à 5 pour chaque Bloc. En outre les partis politiques non affiliés ont 2 représentants. Nous sommes ainsi passés d’une CENI de 13 membres à une CENI de 19.
On ne peut pas faire plus consensuel que ça. Les objections du MPN Kishin Kassa relatives à l’article 12 ont été totalement prises en compte. Mieux, l’article 14 du code relatif à la composition du bureau de la CENI a lui aussi été modifié dans la foulée. Au lieu que le bureau soit de 4 membres comme il l’était, il a été porté à 7, comprenant désormais un représentant de chacun des 3 Blocs, Majorité, Opposition et Non affiliés. Le MPN Kishin Kassa avait formulé des griefs contre l’article 80 du code relatif à la composition des bureaux de vote. Cet article disposait que les Présidents et Secrétaires des bureaux de vote sont désignés par les CENI locales sur présentation des dossiers des personnes volontaires, abstraction faite de leur affiliation politique. Il s’agissait de mettre fin à la pratique consacrée par le code antérieur qui consistait dans chaque commune à partager entre les candidats en lice les postes de Présidents et de Secrétaires des BV. Cette pratique avait été décriée parce qu’elle comportait l’inconvénient dû au fait que certains partis ont parfois sinon souvent tendance à responsabiliser des élèves qui n’ont pas les compétences requises pour la mission. Souvenons- nous qu’à l’occasion du 1 er tour de l’élection présidentielle de l’année 2016, ce n’étaient pas moins de 400 000 suffrages qui avaient été annulés parce que les formulaires des résultats des bureaux de vote étaient mal remplis. La réforme du code électoral de l’année 2017 a donc mis fin à l’ancienne rédaction. Selon le MPN Kishin Kassa, la nouvelle formule engageant les CENI locales à recruter les Présidents et Secrétaires des BV sur dossier sans implication des partis politiques va favoriser certains partis et en défavoriser d’autres. Nous avons entendu cette critique du MPN et le nouveau code a ramené l’ancienne écriture de cet article, toutefois amendée par une disposition supplémentaire faisant obligation aux partis politiques de présenter aux CENI locales des dossiers de leurs représentants contenant notamment un diplôme de BEPC.
Au total je pense que ces modifications apportées au code électoral suite au débat soulevé par le MPN Kishin Kassa sont heureuses. Elles vont contribuer à grandement améliorer notre loi électorale et c’est à l’honneur de ce parti. Comme quoi les débats sont toujours utiles.

Niyya Infos : Un parti comme le MPN Kiishin a vu toutes ces doléances prises en compte dans la révision du code électoral. Mais aujourd’hui ce parti passe pour être le chantre de la défense de l’article 8 après le Lumana FA. Comment expliquez-vous une telle attitude ?

Bazoum Mohamed : J’imagine que ce parti considère qu’il s’agit là de la plus haute stratégie politique de sa part. Au départ, selon toutes les déclarations publiques de ses dirigeants, son combat portait sur les règles d’organisation des élections. Il a amplement eu gain de cause à la faveur de la modification du code électoral que son combat a provoquée. Par la suite il a changé de perspectives en faisant des concessions à ses nouveaux alliés, assumant ainsi une stratégie bien éloignée des questions électorales.

Niyya Infos : En substance qu’est-ce qui a changé dans le dispositif électoral nigérien ? ?

Bazoum Mohamed : Ce qui a fondamentalement changé à cet égard c’est le caractère biométrique du fichier électoral. Avec l’ancien registre, des personnes fictives pouvaient disposer de cartes d’électeurs et voter, même plusieurs fois. Avec le nouveau code, seules des personnes réelles en âge de voter se feront enrôler et disposeront d’une carte d’électeur comportant leur photo et leurs empreintes digitales. Ce sera seulement de telles personnes qui voteront, sans aucune possibilité de le faire plus d’une fois.

Niyya Infos : Vos adversaires politiques font de votre présence aux commandes du ministère de l’intérieur une obsession et de votre démission une exigence. Quel commentaire vous suscite ces allégations ?

Bazoum Mohamed : Il s’agit de la part de ces partis d’une simple posture. Ils savent que je n’ai rien à voir avec le recensement électoral qui est une affaire exclusive de la CENI.
La loi prévoit qu’un ministre candidat à un poste électif de niveau national démissionne 2 mois avant le scrutin. Le jour où je n’aurais pas respecté cette disposition je serais en infraction au regard de la loi. En effet, ayant fait le choix de confier l’organisation des élections à une administration autonome, nous sommes tenus de tirer toutes les conséquences de cette option. Personnellement ma conscience est tranquille car je ne vois aucun rapport entre mon travail de ministre de l’Intérieur et ce que  fait la CENI. Au demeurant en France où c’est le ministère de l’intérieur qui est chargé de l’organisation des élections, je me souviens qu’en 2007 le candidat à l’élection présidentielle Nicolas Sarkozy n’avait démissionné de son poste de ministre de l’Intérieur que moins d’une semaine avant le début de la campagne électorale. Moi, qui n’ai rien à voir avec l’organisation des élections, l’opposition veut que je démissionne 2 ans plutôt!

Niyya Infos : Présentement certains partis politiques ont des crises internes. Comme sous le premier mandat du Président Issoufou, d’aucuns accusent le PNDS-Tarayya d’être responsable de ces discordes internes à ces formations politiques de l’opposition et de la majorité. En tant que Président du PNDS-Tarayya avez-vous une réaction ?


Bazoum Mohamed
 : S’il suffit d’être à l’opposition pour qu’un parti au pouvoir s’ingère dans vos affaires intérieures et vous déstabilise, le PNDS aurait été concassé 1000 fois entre 1996 et 2011. La stabilité d’un parti politique, sa cohésion et son unité sont déterminées avant tout par le socle sur lequel il est bâti et par la façon dont sa gouvernance est assurée. Les crises internes aux partis ont à voir avec leur propre histoire ainsi qu’avec la façon dont ils sont gérés. Si un parti est victime de malformation génétique, les effets s’en feront sentir avec sa croissance. Si un parti politique est le résultat de rencontres aléatoires, son destin est d’éclater très vite. Les partis les plus résilients aux épreuves du temps sont ceux qui sont bâtis sur une plate-forme claire, solide et saine, adossée à des valeurs. C’est le cas du PNDS. Les partis les plus fragiles et qui résistent le moins au temps sont ceux qui sont issus de calculs personnels, réfractaires, par conséquent, à toute forme de synthèse viable.
Conclusion, le PNDS n’est pour rien dans les soubresauts que peuvent connaître d’autres partis politiques.

Niyya Infos : Le Niger vient d’organiser avec brio les Sommets de l’Union Africaine. Une des victoires éclatantes c’est le défi sécuritaire qui a été relevé. En tant que Ministre de l’intérieur chargé de la sécurité publique, quel commentaire faites-vous de cette prouesse ?


Bazoum Mohamed
 : J’ai été très fier du travail réalisé par les forces de défense et de sécurité à l’occasion du sommet de l’Union africaine. Elles ont fait preuve de méthode et de rigueur. Elles ont été d’un professionnalisme qui force l’admiration. Elles ont fait honneur à notre pays et je leur en rends hommage.

Interview réalisée par Tahirou Garka et Abdoul Aziz Moussa

Niyya Infos N°15