Le 29 mai 2019, pendant que le Président nigérien était en visite de travail dans le Golfe arabique, le Journal français Le Point publiait un article polémique : « Afrique : Derrière les partenariats économiques, la stratégie militaire » (https://www.lepoint.fr/…/pays-du-golfe-afrique-de-nouveaux-…). Une « analyse » totalement « contre-journalistique », basée uniquement sur des insinuations, plutôt que sur des faits réels. « Les négociations sont menées discrètement », avance le journal français pour argumentation.
Le 14 juin, se basant sur les mêmes « insinuations », un autre Journal Français, Mondafrique, va plus loin et titrait pompeusement : « Le Président Issoufou accueille une base émiratie au Niger ». (https://mondafrique.com/le-president-issoufou-accueille-un…/). Et sans vergogne d’ajouter : « Les discussions entre les Emiratis et les Nigériens ont été longues et difficiles, mais elles sont désormais sur le point d’aboutir ». Voila pour les FAITS qui sous-tendent l’information. Malheureusement, comme ont pu le relever nombre de scrutateurs, à la lecture de ces « articles hexagonaux », aucune date, aucun lieu, aucun document, n’y figure pour les corroborer…
Indignation et colère !
« L’information » elle, on s’en doute, a embarrassé voire choqué plus d’un nigérien, y compris au sommet de l’Etat. « Jusqu’où s’arrêtera Mahamadou Issoufou ? » S’interroge à juste titre Le Canard en Furie. Déjà avec les autres « bases », le président nigérien n’a pas encore fini de solder son contentieux avec ses compatriotes et voilà qu’une autre arrive… Sur les réseaux sociaux et dans les fadas, tant à Niamey qu’à l’intérieur du pays, l’incompréhension et l’indignation sont à leur comble.
Egalement, l’opinion africaine a été scandalisée par cette information qui présente le continent comme un « no man’s land » dirigé par des « irresponsables ». La presse maghrébine s’est faite l’écho de cette indignation généralisée, dans une série d’articles les uns plus horrifiés que les autres. « Une base israélienne aux portes de l’Algérie », lance le journal algérien en ligne PressTv en signe d’Alerte générale. « Pourquoi les Emirats Arabes implantent une base militaire à nos frontières », s’interroge l’Algériepatriotique ? « Une base militaire émiratie aux frontières du Maghreb », tente d’ameuter le média marocain 360afrique.com.
Démenti catégorique !
Au Niger, malgré les festivités de l’UA en vue, l’atmosphère reste fortement polluée par « l’affaire émiratie ». « Qu’avez-vous fait à Doha ? ». C’est la question que nous avons posée tout de go à Kalla Ankouraou, Ministre des Affaires étrangères, en visite privée à Maradi. Sa réponse a été cinglante et catégorique : « Rien de tout ce qui se raconte ! Il n’a jamais été question d’une quelconque présence militaire émiratie dans notre pays ».
Joint au téléphone, Kalla Moutari, ministre de la Défense nationale explique que techniquement, la chose est impossible : «… En aucun cas nous ne pouvons accepter la présence de « mercenaires » sur notre territoire… Pour ma part je vous dis que c’est une affaire que nous avions apprise dans les journaux… »
Alors d’où pourrait provenir cette terrible « infox » qui fait la bonne affaire des opposants ? A relire les articles FRANÇAIS qui ont « lancé le pavé », des articles qui ressemblent à tout point de vue, dans leur forme, à des « notes de la DGSE », cela rappelle étrangement la bonne vieille stratégie du « fait accompli » utilisée par la France dans ses ex colonies africaines, particulièrement au Niger.
La France toujours peu élégante ?
Pour bien comprendre cette méthode peu amicale, il suffit de regarder ce qui se passe sur le terrain. La réalité est que, actuellement, les troupes françaises stationnées au Djado, ont il ya quelques jours seulement, plié bagage pour le Nord Mali, … dans le silence le plus complet. C’est cet endroit stratégique que convoiteraient les émiratis bourrés de frics, directement à portée de la Lybie pour soutenir le Général Haftar, indiquent les commentateurs.
On sait surtout qu’en ce moment, la France a besoin de beaucoup d’argent pour soutenir sa « présence » en Afrique et qu’il lui arrive même de sous-traiter, sous la barbe des nigériens, la présence d’autres forces étrangères au Niger. C’était déjà le cas avec les américains, les allemands,… avant que ceux-ci n’aient leurs propres « tickets ».
Au vue des éléments en leur possession, nombreux sont les analystes nigériens qui se demandent, si la France n’a pas déjà « vendu » la base de Madama aux émiratis et qu’elle cherche désormais à utiliser tous « lobbys » possibles pour « contraindre » les autorités nigériennes à accepter « l’état de fait ».
El Kaougé Mahamane Lawaly, Le Souffle de Maradi.