Le Niger et le Nigéria : deux pays frères et amis

Dans un article publié le 9 janvier 2019 sous la signature de Abubakar Uba Mohammed, intitulé : « La République du Niger sape-t-elle les intérêts du Nigeria ? », l’auteur s’en est pris gratuitement au Gouvernement de la République du Niger sur fond de contrevérités et d’allusions fallacieuses.
De prime abord, l’article soulève deux observations de forme. La première, c’est que le titre est libellé sous forme interrogative. Ce qui prouve que l’auteur n’est pas certain des affirmations, du reste gratuites, contenues dans son article. S’il était certain, il aurait été plutôt affirmatif. La deuxième, c’est que l’article n’est étayé d’aucune preuve formelle. C’est dire que n’importe qui, pourvu qu’il soit animé de l’intention de nuire à nos bonnes relations, pourrait se permettre de faire des affirmations tout à fait fantaisistes.
Ainsi, le Gouvernement de la République du Niger, fermement attaché à la liberté de la presse et d’opinion, n’aurait pas réagi à cette publication conformément à ses principes de tolérance vis-à-vis des opinions émises par des tiers y compris celles les plus impertinentes si l’article incriminé, ne tendait pas à abuser de la bonne foi des lecteurs et à les induire en erreur. Jamais la fraternité et la solidarité entre les peuples nigérien et nigérian, entre les Gouvernements nigérien et nigérian n’ont été démenties parce que notre destin est intimement lié. Ce qui touche le Nigeria touche le Niger et inversement.
Il ne saurait donc être question pour le Gouvernement de la République du Niger de s’immiscer dans le choix du peuple nigérian souverain à l’élection présidentielle de février 2019. Ce n’est ni dans ses principes ni dans ses méthodes. Le peuple nigérian est un peuple averti, et parfaitement conscient des enjeux démocratiques au point où rien ni personne ne peut influencer son choix en faveur d’un candidat ou d’un autre, d’une tendance politique ou d’une autre.
Manifestement, l’auteur de l’article ne connait pas la réalité démocratique du Nigeria qu’il prétend défendre. Tout comme il ne connait pas le niveau et la qualité des relations entre nos deux peuples, entre nos deux Gouvernements encore moins entre nos deux Chefs d’Etat, leurs Excellences ISSOUFOU MAHAMADOU et MUHAMADU BUHARI. Est-il nécessaire de rappeler que le Président Buhari a fait l’honneur et l’amitié au peuple nigérien en marquant de sa haute présence les festivités du 60è anniversaire de la proclamation de la République du Niger tenues le 18 décembre 2018 à Zinder ?
Est-il nécessaire aussi de rappeler que le Président de la République, Son Excellence ISSOUFOU MAHAMADOU a toujours répondu présent, de manière spontanée, aux différentes cérémonies organisées par le Nigeria ?
Contrairement aux allégations de l’auteur de cet article, les hommes d’affaires et les entreprises du Nigeria sont totalement libres d’investir au Niger et de rapatrier leurs bénéfices parce que non seulement ils sont chez eux au Niger mais aussi parce que le Gouvernement de la République du Niger travaille depuis bien longtemps à créer un climat des affaires attractif et sécurisant pour les investissements nationaux ou étrangers. Beaucoup d’hommes d’affaires et d’entreprises du Nigeria en ont fait l’heureuse expérience à l’exemple de Dangote qui approvisionne le Niger en ciment et qui exploitera désormais le ciment de Keita, au nord du pays, ou encore de Dahirou Mangal qui assure depuis quelques années le transport des pèlerins nigériens aux Lieux Saints de l’Islam à partir du Niger. Ils sont donc les témoins vivants de ce qu’au Niger, les investissements sont bien protégés parce que nous avons créé un environnement juridique et judiciaire adéquat à cet effet. Il y a tant d’autres exemples assez parlants des investisseurs nigérians au Niger ou des commerçants nigérians qui assurent l’approvisionnement de notre pays en produits divers. Le long de notre longue frontière commune, les populations entretiennent de liens de famille que des affabulations contenues dans cet article ne sauraient ébranler.
C’est le Nigeria qui fournit à notre pays l’essentiel de ses besoins en énergie électrique.
Il y a à peine 6 mois, nos deux Chefs d’Etat ont signé un mémorandum d’entente pour la réalisation d’infrastructures énergétiques communes, comme des oléoducs et des raffineries pour le bonheur de nos populations.
Il est bien évident, et cette règle s’applique aussi bien aux Nigériens qu’aux non Nigériens, les prestataires qui sont défaillants dans l’exécution des clauses des conventions qu’ils signent avec l’Etat du Niger, sont invités à tirer les conséquences de leur incapacité à honorer leurs engagements. Le règlement de tout contentieux se fait à l’amiable conformément à la réglementation en vigueur au Niger.
L’auteur de cet article confond, malheureusement, certains intérêts particuliers aux intérêts du Nigeria.
C’est ainsi qu’il cherche insidieusement à jeter l’opprobre sur les bonnes relations entre le Niger et le Nigeria, leurs Gouvernements et peuples respectifs en se basant sur des arguments spécieux. Il perd bien son temps car ces relations se renforceront davantage parce que nous avons des défis communs comme la lutte contre les terroristes de Boko Haram où grâce à la conjugaison de nos ressources humaines et matérielles, nous avons réussi la montée en puissance de nos Forces conjointes. Nous vaincrons Boko Haram comme nous avions remporté le combat, ensemble avec le Gouvernement fédéral du Nigeria, contre ceux qui rêvaient de la partition du Nigeria vers la fin des années 1960.
Il doit être aussi clairement entendu que nos principes sont fondés sur le bon voisinage entre deux pays liés par l’histoire, la géographie et les échanges.
Il est donc totalement erroné de laisser croire que le Gouvernement encore moins le Président de la République du Niger a entrepris une démarche visant à s’immiscer dans le processus électoral du Nigeria.
Au regard de tout ce qui précède, le Gouvernement de la République du Niger dément catégoriquement les allégations contenues dans l’article publié par le journal Opinion (Nigeria) sous la signature de Abubakar Uba Mohammed. Il réaffirme sa ferme volonté à travailler davantage, comme il l’a toujours fait, au renforcement des relations entre nos deux peuples qui partagent une même communauté de destin.
Nous osons espérer que ce démenti sera porté à la connaissance de vos lecteurs, dans les mêmes formes que l’article incriminé, pour rétablir la vérité conformément aux principes qui gouvernent la profession de journaliste.
Le Ministre Porte-Parole du Gouvernement de la République du Niger
ABDOURAHAMAN ZAKARIA