DISCOURS DU MINISTRE D’ETAT, MOHAMED BAZOUM A L’OCCASION DE LA CEREMONIE DE LANCEMENT DU PRADEF

Mesdames et Messieurs,

Je me réjouis de l’invitation qui m’est faite pour prendre part à la Célébration du vingt-cinquième (25eme) anniversaire de l’UEMOA et de présider à l’occasion, la Cérémonie de lancement officiel du Programme Régional d’Appui à la Décentralisation Financière en Afrique de l’Ouest (PRADEF). Je voudrais à cet égard adresser au Président du CCT/UEMOA Monsieur ALBERT FRANCOIS AMICHA et à Monsieur ABDALLAH BOUREIMA, Président de la Commission de l’UEMOA, mes sincères remerciements pour cet honneur qui m’est ainsi fait.

Mesdames et Messieurs,

La cérémonie qui nous réunit aujourd’hui revêt une double portée symbolique.

  • D’abord parce qu’elle s’inscrit dans le cadre de la célébration du vingt-cinquième anniversaire de la création de l’UEMOA, notre Organisation d’intégration sous régionale de proximité.
  • Ensuite parce qu’elle traduit l’aboutissement d’un engagement pris par le CCT/UEMOA au terme de la réunion de Grand Bassam en novembre 2017, celui de « soutenir la mise en œuvre d’un programme régional ambitieux sur la décentralisation financière » devant donner un premier contenu consistant au « cadre stratégique de la décentralisation financière », adopté au cours de la même rencontre.

Mesdames, Messieurs, sur la même lancée, lors de l’atelier de programmation conjointe du PRADEF tenu les 13 et 14 septembre 2018 à Niamey, je relevais à l’attention des participants, l’enjeu majeur que constitue la décentralisation financière pour la viabilité de nos collectivités territoriales, mais également l’enjeu qu’elle représente pour notre avenir à tous, le bon fonctionnement des collectivités étant un des garants de la paix et du développement de nos territoires. Aussi, je les exhortais à faire tout ce qui est possible pour parvenir à un document de projet de qualité, réaliste et opérationnel qui servirait de guide pour l’action du CCT, au grand bénéfice de nos collectivités territoriales et des populations locales.

Au vu des résultats atteints, je puis affirmer que la rencontre de Niamey a tenu toutes ses promesses en ce qu’elle nous aura permis de disposer  d’un Document de Programme assorti d’un cadre logique, conformes aux ambitions affichées par le CCT, et cela,  au terme d’un processus qui aura été particulièrement participatif.

Monsieur le Président du CCT/UEMOA,

Mesdames et Messieurs les Membres du CCT,

Le Programme dont votre conseil est désormais porteur et que nous lançons aujourd’hui est un programme d’envergure régional à caractère tridimensionnel :

D’abord, il s’inscrit dans la perspective de la mise en œuvre du Cadre stratégique de la décentralisation financière du CCT-UEMOA dont la finalité est de « permettre aux collectivités territoriales de l’espace UEMOA de disposer des moyens pour concevoir, mettre en œuvre et évaluer leurs politiques publiques, améliorer les services aux citoyens, favoriser le développement économique local et renforcer l’intégration régionale » ;

Ensuite, il s’inscrit dans une dynamique d’élargissement géographique en ce qu’il concerne à la fois l’espace UEMOA et celui de l’Alliance Sahel incluant la Mauritanie et le Tchad, pour mieux prendre en compte les préoccupations sécuritaires que connaît cet espace. A ce titre, le PRADEF vise comme objectif général, « le renforcement de la décentralisation financière dans l’espace UEMOA étendu au Tchad et à la Mauritanie sur la base des orientations du Cadre stratégique et à partir de l’action du CCT-UEMOA ».

Enfin, le PRADEF se veut avant tout, un mécanisme communautaire de financement des collectivités territoriales, et comme tel, il trouve sa justification autour de quatre (4) principales nécessités dont celles de :

– contribuer au financement des investissements locaux en infrastructures et services de base liés à la forte croissance des populations des villes et des collectivités rurales ;

– structurer et dynamiser les marchés locaux en créant autant d’économies locales qui assurent un développement endogène ;

– participer à l’aménagement équilibré du territoire communautaire ;

– renforcer la capacité des collectivités territoriales à assurer des services publics de base comme facteur d’inclusion et de stabilisation, de paix et de sécurité.

Mesdames et Messieurs,

Comme vous le constatez, autour du PRADEF, il y a un enjeu qui relève du défi : celui de la mobilisation des financements additionnels pour les investissements locaux (infrastructures et services publics de base) et du renforcement des capacités des collectivités territoriales de l’espace UEMOA dans l’exercice de leurs compétences et la gestion de ces financements, de façon à leur créer des opportunités pour accéder à plus de subventions et d’emprunts.

Il me plaît à cet égard de relever l’option de nos principaux Partenaires Techniques et Financiers (PTF) de s’aligner sur les objectifs du PRADEF. Je me réjouis du soutien dont bénéficie déjà ce programme de la part de la Coopération Suisse, de la Commission de l’UEMOA et du Fonds Mondial pour le Développement des Villes (FMDV) qui ont contribué à son élaboration, ainsi que de l’intérêt manifesté par plusieurs autres partenaires dont l’Agence Française de Développement (AFD), la Coopération Allemande et l’UNCDF pour participer à son financement.

Dans le même registre, je me réjouis de la signature de la convention de partenariat entre l’Association Marocaine des Présidents des Conseils Communaux (AMPCC) et le Conseil des collectivités territoriales (CCT/UEMOA) lors des dernières Africités tenues à Marrakech.

Je relève enfin pour m’en féliciter, la prédisposition d’esprit des partenaires à contribuer au financement de ce Programme, et les invite à aller dans le sens de l’harmonisation de leurs stratégies, leurs procédures et leurs approches d’intervention au profit des collectivités territoriales. Je les appelle aussi à inclure la promotion de la coopération transfrontalière entre collectivités territoriales dans leurs appuis, afin d’accompagner nos pays à mieux organiser le développement des zones frontalières et faire ainsi face aux défis de la migration irrégulière, ainsi qu’aux effets qu’elle génère.

Mesdames et Messieurs,

Ainsi que vous l’aurez constaté, la présente cérémonie qui consacre le lancement officiel du Programme Régional d’Appui à la Décentralisation Financière en Afrique de l’Ouest (PRADEF), au-delà de son caractère symbolique, représente un moment fort et une étape supplémentaire dans le processus de notre intégration sous régionale.

C’est donc cet élan que nous devons imprimer à notre Union et à ses organes spécialisés dont le CCT, pour accroître son efficacité, en prenant notamment en compte les problématiques de coopération transfrontalière et d’aménagement du territoire, de paix et de sécurité.

A ce stade de mon propos, je me tourne vers les représentants des collectivités territoriales pour les inviter à plus d’initiative et de rigueur, afin d’être à la hauteur des enjeux de la mise en œuvre du PRADEF. En effet, les collectivités territoriales de l’espace UEMOA doivent se saisir de l’opportunité qu’offre la mise en œuvre de ce Programme pour contribuer au niveau local, à relever les grands défis que sont :  le climat, la paix et la sécurité, le développement économique et l’emploi des jeunes, la réduction des inégalités, les migrations et la gouvernance.

Vous devrez donc être en mesure de proposer au financement du PRADEF des projets structurants dont l’impact aura un effet multiplicateur aussi bien sur l’intégration régionale que sur le développement de nos pays. Cela devrait se traduire entre autres, par la réalisation d’infrastructures à rayonnement transfrontalier, pouvant favoriser un développement économique local, l’amélioration sensible des conditions de vie des populations et promouvoir la paix et la sécurité au sein de nos espaces périphériques objets aujourd’hui de menaces de tous genres.

C’est dire, Mesdames et Messieurs que, l’étape décisive et exaltante de la mise en œuvre du PRADEF qui commence à partir de cette date anniversaire, doit  être considérée comme celle de l’affirmation et de la reconnaissance du rôle que doivent jouer nos collectivités territoriales dans la construction de notre espace communautaire, un espace qui se veut un havre de paix, de cohésion, de solidarité et d’intégration. Nous devons tous ensemble créer dès maintenant les conditions,  pour donner plus de chance de succès à ce Programme.

Mesdames et Messieurs,

Je voudrais réitérer mes remerciements à tous ceux qui ont œuvré à l’aboutissement de cet important Programme et ceux qui se sont déjà annoncés pour contribuer à son financement.

 Mes remerciements vont particulièrement à l’endroit de la Coopération Suisse, de la Commission de l’UEMOA et du FMDV, qui ont bien voulu accompagner techniquement et financièrement le processus de son élaboration.

Je réaffirme ici, une fois de plus,  notre attachement aux processus de décentralisation en cours dans les Etats  membres de notre Union et  notre engagement à ne ménager aucun effort pour soutenir pleinement et accompagner le CCT/UEMOA dans sa noble et exaltante mission, et dans la mise en œuvre de ce Programme.

J’invite donc nos différents partenaires intéressés par les questions de décentralisation et de développement des collectivités territoriales à appuyer ce Programme désormais officiellement lancé.

 

BON ANNIVERSAIRE A L’UEMOA,

BONNE ET HEUREUSE ANNEE A TOUTES ET A TOUS,

JE VOUS REMERCIE.

j’ai présidé à Ouagadougou la cérémonie de lancement du programme régional appui a la décentralisation financière en Afrique de l’ouest (pradef)

ouagadougou, le 10 janvier 2019