A la faveur d’une main tendue par le Premier Ministre Brigi Rafini, le dialogue politique inclusif a repris au Niger depuis le 1er Octobre 2018. Toutes les tendances politiques ont répondu présents à la réunion du Conseil National du Dialogue Politique (CNDP) convoquée par le Premier Ministre. Ils proviennent de la Majorité Présidentielle, des Non Affiliés et de l’Opposition Politique. Ils viennent de poser les jalons d’un véritable dialogue. Il est permis d’espérer. Pourvu que les uns et les autres mettent en avant l’intérêt général au-dessus des intérêts singuliers et privés.
Une certaine partie de l’Opposition Politique, unie dans le Front pour la Restauration et la Défense de la Démocratie et la République (FRDDR) a quelque peu hésité avant de rejoindre la table dressée pour la révision du Code Electoral, objet de ces assises. Peut-être se serait-elle rendue compte que le dialogue ainsi engagé est à tout point de vue inclusif ou était-ce la volée de bois vert qu’elle essuya suite à une correspondance qu’elle adressa au Premier Ministre, correspondance dans laquelle elle posait des revendications avant toute participation à quelque dialogue avec la Majorité ?
L’un dans l’autre, le contexte ici créé ne permet aucun dilatoire. Le dilatoire dont elle est la championne, cette fois-ci, ne lui a pas servi pour rester dans son extrême posture de refus de dialogue. Unanimement condamnée, son absence, aucunement n’allait porter atteinte à la crédibilité de tout ce qui sera issu des assises du Conseil, étant donné que tous les bords sont représentés. C’est, donc, dans son intérêt bien compris et dans celui du pays, que le FRDDR a fini par faire amande honorable pour se représenter au milieu de ses paires sur la table du dialogue. Le dialogue comme les nigériens savent si bien le faire quelque soit la situation sociopolitique dans laquelle est plongé le pays.
Sous d’autres cieux, des situations semblables aux nôtres ont conduit les hommes dans le fracas des armes, la scission et même la sécession. Bien sûr que des âmes mal intentionnées peuvent être mêlées à notre peuple paisible, mais, nulle part au Sud du Sahara l’on dispose d’un outil de rassemblement des sensibilités politiques à la forme et à la ressemblance du CNDP nigérien.
C’est vrai qu’il n’a pas d’assise constitutionnelle, mais il est l’arme grâce à laquelle les hommes politiques nigériens parviennent à instaurer la confiance entre eux et créer une atmosphère de sérénité dans le pays. Il a été mis en place par notre pays en vue de prévenir et de gérer des conflits électoraux. C’est l’organe de concertation par excellence de toutes les sensibilités politiques au Niger qui, dans ce cas d’espèce, leur permet d’apaiser le climat politique avant, pendant et après chaque processus électoral.
Dans une optique consensuelle, le CNDP étudie et valide en amont tous les textes électoraux avant de les transmettre au parlement pour que celle-ci en fasse le débat et les adopte. Tous les textes contenus dans le Code Electoral sont son œuvre.
A l’approche des élections présidentielles et législatives de 2016 par exemple, les modalités du vote par témoignage ont créé beaucoup de divergence entre les partis politiques. Certains partis ont considéré celles-ci comme une voie ouverte à la fraude le jour du vote. Et le fait qu’elles n’aient pas été prévues par les dispositions du Code Electoral a davantage compliqué la situation. Alors, « le CNDP, à défaut du consensus sur la question, a demandé à la CENI de trancher » tel qu’exposé dans le ‘’Rapport d’Evaluation du Processus Electoral du Niger en 2016’’.
Sur le même sujet, ledit Rapport poursuit : « la CENI, constatant que le droit de vote étant né de l’inscription de ces électeurs par témoignage et la distribution des cartes par le même procédé, a estimé qu’il fallait permettre à ceux-ci d’exercer leur droit par leur identification par témoignage. Le Conseil d’Etat saisi par le Premier Ministre a émis un avis favorable. Le Président de la CENI, après avoir soumis la question à la plénière qui a approuvé l’identification par témoignage, a pris un arrêté (Nº 67̸P̸CENI du 15-02-2016) suivant les modalités d’identification des électeurs inscrits par témoignage tout en prenant des garde-fous pour éviter toute fraude. Un des partis politiques a attaqué l’arrêté devant la Cour Constitutionnelle mais la Cour a rejeté le recours et l’identification par témoignage s’est imposée ».
Du 29 Juillet 1991, date du début de la Conférence Nationale à nos jours, les dissensions entre les partis politiques ont occasionné l’interruption du processus démocratique par les militaires à trois reprises au Niger. Qu’à cela ne tienne, cela ne peut être mis qu’à l’actif de l’apprentissage de notre pays dans sa marche sur le chemin de l’instauration d’une démocratie fiable où la bonne gouvernance, la souveraineté du peuple, la justice et l’égalité seront bien ancrées.
En matière de règlement et de gestions des conflits électoraux, que d’expériences acquises par notre classe politique depuis la mise en place du CNDP en 2004. Toutes les élections apaisées qu’a connues notre pays procèdent de la capacité de nos hommes politiques à s’entendre à travers cet instrument d’union et de consensus, devenu une référence en Afrique Subsaharienne. Cadre de débats démocratiques et de transparence, il répond à toutes les sollicitations d’un ou de plusieurs partis. Il est animé par des acteurs de tous bords dont la seule conviction est la nécessité du renforcement du dialogue politique au Niger.
En un mot comme en mille, nous disons simplement que les nigériens ont toutes les raisons d’espérer qu’un consensus se dégagera au sortir des travaux du comité paritaire mis en place par nos braves acteurs politiques pour examiner le Code Electoral. Nos hommes politiques nous ont fait frôler le pire souvent mais se sont toujours ressaisis pour montrer à la face du monde qu’ils ne sont capables que du meilleur.
Bassirou Baki Edir