Ce dimanche 10 juin 2018, s’est déroulée une grande conférence au Palais des congrès de Niamey. Animée par trois éminents conférenciers à savoir Cheikh Youssouf Hassane Diallo, Cheikh Boureima Abdou Daouda et Cheikh Ali Bensalah Hamouda à l’initiave du Ministère de la Renaissance Culturelle des Arts et de la Modernisation Sociale (MRCAMS).
En effet, c’est en collaboration avec le ministère de la communication et celui en charge des affaires religieuses que cette importante table ronde a été organisée dans le cadre de la renaissance culturelle qui vise à promouvoir les valeurs et à combattre les antivaleurs au Niger, comme l’a si bien rappelé le ministère de la Renaissance culturelle, M. Assoumana Malam Issa. Ce dernier a déclaré : « Pour mieux combattre un fléau, il faut le connaitre. Pour ce faire, il nous faut avoir un argumentaire religieux ».
Trois communications sous la modération de Dr Moutapha ont constitué le menu de cette conférence à savoir :
– l’obligation de la recherche de la richesse et interdiction de la mendicité professionnelle en Islam par Cheikh Boureima Daouda;
– la solidarité en Islam par Cheikh Ben Salah Hamouda et l’engagement citoyen en Islam par Cheikh Youssouf Hassane Diallo.
Dans la première communication, Cheikh Boureima Abdou Daouda a dans un exposé très détaillé mis en évidence la nécessité pour tout musulman de chercher la richesse licite et également l’interdiction de mendier sur la base du Coran et de la sounna du prophète Mohamed (SAW).
Cheikh Boureima a dit que la meilleure richesse est celle qui se trouve dans les mains d’un homme pieux notamment celui qui sait en faire un bon usage. Dans ce sens : « le plus aimé d’Allah est le plus utile aux autres », a rappelé Cheikh Boureima A. Daouda. Il a renseigné l’assistance que parmi les 5 nécessités absolues que sont la vie, la raison, l’honneur, la raison et la richesse, cette dernière constitue une condition essentielle pour les autres. Ce qui fait dire le conférencier qu’il n’y a pas d’indépendance sans richesse licite, autrement dit sans travail, sans projet ou occupation qui permet au croyant de se prendre en charge. Il est question ici selon Cheikh Boureima de travailler pour se prendre en charge et être utile aux autres et à la communauté en général. Mais la richesse n’est pas une fin en soi, ce n’est qu’un moyen, a dit Cheikh Boureima.
En substance, Cheikh Boureima a expliqué que l’éthique musulmane n’encourage pas la mendicité. Bien au contraire et en atteste ce hadith rappelé par Cheikh Boureima : « Celui qui s’ouvre la porte de la mendicité, Allah lui ouvre la porte de la pauvreté ». La mendicité n’est autorisée qu’à une catégorie de personnes éprouvées et de façon temporaire selon Cheikh à la différence de ceux qui en font une profession dans notre société.
Quant Cheikh Ali Bensalah pour parler de la solidarité en islam, il a bien voulu rappeler le contraste de notre monde où certains ne dorment pas parce qu’ils ont faim au même moment où d’autres n’arrivent pas à dormir parce qu’ils ont trop mangé ! En effet, dans ce monde où selon une étude de 2017, 1% de la population mondiale détient les 82% des ressources disponibles, la solidarité s’avère une vraie gageure.
Pour un monde plus solidaire, Cheikh Ben Salah a pour sa part, à la lumière des versets du coran et des hadiths, rappelé la nécessité d’être solidaire, de partager et les bienfaits du don pour la vie profane et spirituelle du croyant. Cheikh Ben Salah a déclaré qu’il est interdit de mendier lorsqu’on a de quoi manger pour 24heures. Tout comme Cheikh Boureima, Cheikh Ali Bensalah a insisté sur la nécessité pour le croyant de servir les autres car a-t-il précisé : « Le croyant le plus aimé d’Allah est le plus utile aux autres ». « Donner prolonge la vie et prévient les mauvaises fins », sont entre autres enseignements de l’islam. Toutefois, Cheikh Ali Ben Salah a dit qu’il importe de savoir que la richesse comme la pauvreté ne sont que des épreuves pour le croyant.
Pour sa part, Cheikh Youssouf Hassane Diallo, traitant de l’engagement citoyen, a dit que celui-ci doit commencer par la solidairté dans nos foyers, nos voisins jusqu’à l’échelle de la communauté. Pour le conférencier Cheikh Y. H. Diallo ‘’l’engagement citoyen consiste à s’acquitter de ses devoirs non pas parce que la loi le demande mais parce qu’on doit rendre compte à Dieu’’. Pour mieux illustrer cette notion d’engagement citoyen, Cheikh Youssouf Hassane Diallo a rappelé le devoir du musulman selon le prophète d’agir face au mal ou ce qui est détestable par sa main, sa langue ou son cœur selon sa position. Selon l’éthique musulmane c’est un ordre pour le musulman de rechercher l’ordre, la quiétude et le bonheur de la société. Pour ce faire, il doit développer son potentiel, se perfectionner. Il y a également des domaines où l’engagement citoyen a besoin de l’engagement collectif pour s’exercer comme par exemple le combat contre l’usure. Il faut un système de financement collectif pour se mettre à l’abri de l’usure, a dit Cheikh Youssouf Hassane Diallo. Parlant justement de l’engagement citoyen, Cheikh Youssouf H. D a déclaré que ‘’l’amour de la patrie fait partie intégrante de la foi’’ selon un savant musulman.
Après ces brillantes communications de ces éminentes personnalités de la communauté musulmane du Niger et un fructueux échange avec l’assistance, les ministres de la Communication M. Habi Mahamadou Salissou et le ministre de la Renaissance Culturelle des Arts et de la Modernisation Sociale, M. Assoumana Malam Issa ont réitéré l’engagement des plus hautes autorités du Niger à promouvoir les valeurs et à combattre les antivaleurs pour une véritable renaissance culturelle au Niger. Le ministre de la renaissance culturelle a dit que son ministère entend bien mettre en œuvre les recommandations de l’atelier sur la mendicité pour combattre ce fléau au Niger.
Elh. M. Souleymane