Tribune/Front Démocratique et Républicain, la grisaille des frondeurs

Le mardi dernier un nouveau front dénommé ‘’Front Démocratique et Républicain’’ a été créé par les structure suivantes : Cadre de Concertation et d’Actions Citoyennes de la Société Civile Nigérienne Indépendante (CCAC / SCNI) ; Front des Partis Politiques Non Affiliés pour l’Alternance Démocratique au Niger (FPNAD) ; Front de l’Opposition Indépendante (FOI) ; Front pour la Restauration de la Démocratie et la Défense de la République (FRDDR) à la MJC Djado Sekou de Niamey. Est-ce un autre machin de plus pour amuser la galerie ? Est-ce un club des frustrés ou un mariage forcé des révoltés ? Commentaire.

Pour le moment tout ce que l’on sait selon les ‘’frondeurs’’ : « Le Front Démocratique et Républicain vise les objectifs suivants : le retour à la légalité et à la normalité constitutionnelle ; le respect de l’Etat de droit et des valeurs démocratiques; la restauration de la forme républicaine de l’Etat et des valeurs de la République ; la sauvegarde de l’intégrité du territoire national et la préservation de la Souveraineté Nationale ; le respect des principes et des règles de la bonne gouvernance dans tous les domaines de la vie politique, économique, sociale et culturelle, notamment ; la protection des droits et libertés fondamentales ; la sauvegarde de la souveraineté populaire en particulier par l’organisation délections régulières, justes et transparentes conformes aux standards internationaux ; le respect des règles et principes prescrits dans le protocole additionnel sur la démocratie et la bonne gouvernance de la CEDEAO ; la promotion de la solidarité nationale et de la stabilité sociopolitique ; l’amélioration du cadre de vie par la sauvegarde de l’environnement ;».

Notre première observation c’est qu’en dehors de la présence du MPN Kiishin Kassa d’Ibrahim Yacoubou avec le statut d’observateur, tout ce beau  monde a constamment flirté sous la 7ème République. Nul doute que cela relève de la marque de fabrique de l’Opposition nigérienne adepte de la danse sur place. Chaque fois pour échapper à la lassitude et au désespoir, elle change de nom. Ses marques déposées aussi inopérantes qu’incongrues sont connues de tous : ARDR, COPA 2016, FRDDR puis FDR aujourd’hui. Ce sont là les différentes versions d’une seule et même chose à savoir l’Opposition et ses sbires tapis dans la société civile.  Son mariage avec la société civile (FRDDR) n’est pas soldé par un divorce à ce que l’on sache.

La constance de l’opposition nigérienne c’est l’inertie ou manque d’initiative pour assumer le rôle à elle dévolu par la loi fondamentale. L’Opposition et ses affidés tapis dans la société civile ont certes, par manque de stratégies de lutte et d’initiative, tenté à plusieurs reprises le vandalisme et la sédition. Mais face aux échecs incessants, au lieu d’être proactifs, ils ont tendance à adopter des postures nihilistes et irrationnelles.

C’est justement cela la recette politique du chef de file de cette Opposition, incapable d’assumer ses déboires judiciaires, il pense pouvoir forcer le destin. Dans son activisme irrationnel, le leader de Lumana FA vient de tenir des propos malheureux qui frise l’indécence et l’infamie. Comment un homme condamné par la justice de son pays et de surcroit en fuite oserait défier tout un peuple en disant qu’il sera le candidat d’un parti politique en 2021 ? En effet, les nigériens de tout bord (exceptés ses obligés) ont regretté cette bourde d’un leader de sa trempe. La question identitaire ne saurait être un moyen de lutte politique car les Nigériens sont conscients que ce qui les réunit est plus important que ce qui les divise. Qui plus est, en tant que musulmans  notre éthique nous renseigne que le plus noble d’entre nous c’est le plus pieux. Et concédons que Dieu seul sait parmi ses créatures que nous sommes qui le craint le plus.

Mais au-delà des apparences, ce jeu de quitte ou double auquel Hama Amadou voudrait s’adonner repose sur une mise en scène digne de celle de la maison mère du studio universel (Hollywood). Son discours traduit simplement son désespoir et son ressentiment du fait que sa cause n’a pas été entendue côté justice. Et c’est justement ce qui explique son attaque à l’encontre de celle-ci y compris la Cour de cassation où son pourvoi en cassation n’a pas prospéré.

Une approche non rationnelle de la lutte politique car nul ne peut se prévaloir de sa propre turpitude. En républicains, les Nigériens adhèrent au principe selon lequel nul n’est au-dessus de la loi. Si la justice nigérienne condamne Hama Amadou personne ne peut le laver.

Dans sa zone de confort depuis Paris, il a plutôt osé mettre de l’huile sur le feu en tirant sur les cordes sensibles. Une recette inopérante.

Hama Amadou sait très bien que le code électoral du Niger depuis le début de notre processus électoral ne rime pas avec les desiderata des citoyens en conflit avec la loi et qui plus est, déchus de leurs droits civils et politiques. On comprend justement que pour tout républicain, les propos tenus par Hama Amadou à l’occasion de l’anniversaire de Lumana Fa constituent une déclaration de guerre à tous les démocrates. C’est cette posture non dialogique qui explique le fait qu’ils ont déserté le Conseil National de dialogue politique (CNDP). Leur posture prouve à suffisance qu’ils sont à mille lieues de la lutte démocratique. Ils sont dans une logique putschiste hier comme aujourd’hui.

 En républicains on le sait, Hama Amadou comme un fauve blessé, joue son dernier baroud d’honneur. Machiavel nous a  avertis : « La soif de dominer est celle qui s’éteint la dernière dans le cœur de l’homme. »

Tiemago Bizo