La semaine dernière, le Conseil National de Dialogue Politique (CNDP), cadre de concertation par excellence des partis politiques, s’est réuni sous la présidence du Premier ministre, chef du gouvernement, Brigi Rafini, qui en est son président. La réunion a discuté des questions électorales en présence des responsables de la Commission Electorale Nationale Indépendante (CENI). Comme c’est devenu une règle, l’opposition a joué aux abonnés absents alors que nombreux pensaient que cette fois-ci elle allait rompre avec la politique de la chaise vide puisqu’il s’agit de parler des élections prévues en 2021. Comme on le sait, les élections constituent la raison d’être des partis politiques ; leur vocation étant de conquérir et d’exercer le pouvoir d’Etat par la voie des urnes.
Certainement que les partis de l’opposition montent les enchères en espérant que les marches et meetings de la société civile contre la loi de finances vont bientôt avoir raison du régime en place. Par conséquent, nul besoin de s’asseoir avec un pouvoir finissant.
Il n’y a pas que l’opposition qui a boycotté. Les partis dits non affiliés ont déserté la salle de réunion. Leur présence aurait peut-être intrigué, ce d’autant que les non affiliés s’affichent comme des partis satellites de l’opposition. Ils jouent aux opposants sans en assumer le poids de cette responsabilité. Mais pour beaucoup d’entre eux, participer aux élections est une perspective difficile à envisager voire même périlleuse parce qu’elle va permettre de jauger de leur poids électoral réel. C’est, aux yeux de certains, normal que ces partis s’en aillent : ils n’ont pas de familiarité avec la chose électorale.
Au fond, une réunion centrée sur les préparatifs des élections est une bonne initiative. Elle l’est d’autant que le processus électoral sera long en raison de l’exigence des partis notamment ceux de l’opposition d’organiser les prochains scrutins sur la base d’un fichier électoral biométrique. Or, un tel fichier prend non seulement du temps pour sa confection mais aussi consomme énormément d’argent. De l’argent qu’il faut puiser au trésor public dans un contexte de crise financière. De toutes les façons, le fichier biométrique n’est pas un antidote à la fraude électorale comme on l’a vu dans les pays qui l’ont expérimenté.
La chaise vide, dans le cas d’espèce, peut être assimilée à une pure diversion, à une stratégie de pourrissement. En tirant sur le temps, ces partis espèrent sans doute plomber le processus électoral car ils savent que les mandats du président de la République et des députés sont constitutionnels donc limités dans le temps par la loi fondamentale.
Tiemago Bizo