Tribune : Base ou logistique militaire…

Finalement il n’y aura pas de base militaire allemande au Niger ! C’est très officiellement dit par le PR qui apparemment était exaspéré par l’intoxication ou disons-le tout net du procès d’intention de quelques-uns. Mais qu’est-ce qu’une base militaire ?

Selon Wikipédia : « Une base militaire est un site – terrains, bâtiments, équipements – voué aux besoins des armées et géré par les militaires qui généralement y logent et y travaillent en dehors des opérations extérieures. En vertu d’accords entre États, certaines grandes puissances disposent de bases en dehors de leurs frontières. Les bases militaires sont les points de coordination et de départ des interventions des armées ».

 La logistique militaire quant à elle : «  est l’ensemble des actions qui visent à soutenir les opérations des forces armées. Pour l’OTAN, la logistique est la « science de la planification et de l’exécution de déplacements des forces armées et de leur maintenance ».

Et précise L’encyclopédie libre : « Base militaire est un terme générique. Selon la spécialisation du lieu et l’époque, il peut avoir le nom d’arsenal, base aérienne, base navale, base sous-marine, garnison, armurerie, fort, caserne, quartier, camp …. ».

Le Président Issoufou parle de centre logistique. Et dans sa mise au point face à l’intoxication ambiante, l’opinion publique était informée que cette coopération militaire s’inscrit en appui aux forces internationales (MINUSMA) opérant au Mali voisin. Les 650 militaires allemands seront au Mali pas au Niger. Malgré cette précision officielle la polémique continue via les réseaux sociaux. Et d’aucuns soutiennent que bientôt s’installeront des bases militaires chinoise et russe au Niger, une façon de pourfendre le régime en place qui fait peu de cas de la souveraineté nationale, selon eux.

C’est dans la même lancée que ces pourfendeurs ont fait croire à l’opinion publique qu’il y aura des centres de rétention des migrants au Niger sur financement allemand. Ce qui est archifaux.  De sources autorisées, contactées par nos soins,  il n’y aura pas non plus de centres de rétention des migrants au Niger. Le seul centre qui existe c’est celui de l’Organisation Internationale pour les Migrations(OIM) qui est loin d’être un centre de rétention. Bien au contraire. L’OIM accompagne les migrants pour les secourir et préserver leur dignité. C’est ainsi que cette Organisation accueille les migrants en désolation. Elle leur offre des services (nourriture, logement, formation). Elle aide au rapatriement de ceux qui souhaitent retourner chez eux.

Quant au Niger, il n’emprisonne pas les migrants. Ils sont libres de rentrer au Niger mais avec le défi sécuritaire actuel tous ceux qui se laissent prendre sans passeports dans le grand Nord se font prendre et rapatrier à Agadez. Et là ce sont des infractions régulières constatées de la part des candidats à l’immigration et de leurs transporteurs. Et selon notre source, les migrants pris en flagrant délit sont justes ramenés à Agadez et ceux qui le souhaitent sont orientés vers l’OIM.

Et notre source d’ajouter, le ministère de l’intérieur veille au respect de la libre circulation des citoyens de la CEDEAO. Dans ce sens d’ailleurs deux commissaires de police (Torodi et Makalondi) et des policiers viennent d’être sanctionnés pour avoir instauré une sorte de trafic pour rançonner les migrants de l’espace CEDEAO. Et les autorités en charge du ministère de l’intérieur entendent poursuivre l’investigation pour stopper le traitement dégradant que subissent les ressortissants de notre espace communautaire.

On le voit, l’agitation autour des questions des bases militaires et centres de rétention ne sont que des machinations et intoxications savamment orchestrées par quelques-uns pour ameuter les nigériens en leur disant que le président est en train de vendre la souveraineté du Niger.

Mais entre nous quelle est la pertinence de ces supputations dans un monde où aucun pays ne peut à lui tout seul se mettre à l’abri du terrorisme ? Notre pays peut-il vivre en autarcie ? Les défis actuels n’imposent-ils pas aux Etats plus de coopération militaire ?

Nous avons un vaste territoire avec des moyens très limités. Si justement les autorités de la 7ème République ont eu ce reflexe des années 60, le Niger coincé entre des foyers d’insécurité allait connaitre la situation du Mali voisin. Ce n’est pas un hasard si malgré ce contexte, notre pays a su préserver l’essentiel en dépit de quelques actes isolés contre nos Forces de défense et de Sécurité.

C’est dire, à notre entendement,  qu’il n’y a aucun problème d’engager notre pays dans une coopération militaire avec les autres pays pourvu que nos intérêts puissent prévaloir. Ce qui est propre à toute coopération c’est le donner et le recevoir. Nos plus hautes autorités l’ont martelé à plusieurs reprises : sans les renseignements que nous procurent les français et les américains on serait aveugle. Et la guerre contre le terrorisme fait appel à plus de stratégies et de renseignements de sorte que vouloir se mettre entre les quatre murs en ignorant les autres serait cruellement suicidaire.

Au regard du contexte d’insécurité où se situe le Niger nul doute que les prouesses de nos FDS et des autorités de la 7ème République sont à saluer. Libre à chacun d’y croire. Mais les faits sont têtus. La méfiance face au danger terroriste a des limites.

Le seul manquement des autorités de la 7ème République c’est bien le déficit de communication. En démocratie les grands enjeux nationaux doivent être largement débattus soit à travers les medias soit au temple de la démocratie qu’est le parlement. Et nous osons espérer que le président Issoufou a pris acte de l’exigence de transparence des nigériens dans la gestion des questions de sécurité notamment …celles de base ou logistique militaires.

Elh. M. Souleymane