« Au Niger, la culture est le parent pauvre des dynamiques nationales. Le budget public alloué à ce secteur reste faible. Les structures culturelles publiques et privées du pays sont limitées et peu dynamiques. Les acteurs culturels sont peu soutenus et très peu impliqués dans des actions de promotion des droits humains et de la démocratie. Il n’existe pas encore des synergies entre Organisation de la société civile (OSC), acteurs culturels, médias et organismes éducatifs en vue d’utiliser la culture comme levier de changement social et de promotion de la démocratie et des droits humains… En plus, dans notre pays, les femmes et les jeunes, bien qu’ils soient majoritaires, sont sous représentés dans les instances décisionnelles et leurs préoccupations peu prises en compte dans les politiques publiques ; Même disposant de droits reconnus et de compétences avérées, ces catégories sociales ne peuvent pas souvent occuper certaines places ou exercer des rôles donnés, parce que sujets à des préjugés sexistes et générationnels».
C’est par ces mots que M. Albert Chaibou, journaliste à l’Association Alternative Espaces Citoyens, a inauguré la conférence de presse tenue le vendredi 26 août dernier, à l’espace Franz Fanon de ladite association. Une conférence de presse, tenue sous la présidence de M.Moussa Tchangari, secrétaire général d’AEC, et qui a enregistré la présence des représentants des organisations de la société civile, des acteurs culturels, des médias, des organismes éducatifs et qui a porté sur le thème : « Culture pour le changement : participation citoyenne des femmes et des jeunes au Niger ». Selon le conférencier, c’est pour inverser cette tendance et accroître le rôle et la place de ces deux groupes dans la société démocratique nigérienne en construction, que, Alternative Espaces citoyens, en partenariat avec Afrique Fondation Jeunes et Oxfam, ont initié en 2014 le projet objet de la conférence de presse, avec notamment le soutien de l’Union européenne et Nak Karitativ.
Ensemble, ces structures ont ainsi mis en place une plateforme multi acteurs, afin non seulement de contribuer à l’élaboration et à la mise en œuvre des textes juridiques et de documents de politiques sectorielles relatifs à la culture, à la jeunesse et à la femme, de développer une stratégie de financement des événements culturels, mais aussi et surtout de fédérer les acteurs en vue de réclamer une allocation budgétaire plus importante au développement culturel. Deux autres activités phares sont inscrites à l’agenda de ce projet, à savoir la réalisation d’une série TV de 52 épisodes sur la participation politique des femmes et des jeunes, et le Forum des festivals culturels du Niger.
« l’organisation du forum des festivals culturels du Niger se justifie par un triple souci : d’abord, le souci de créer un espace de convergence, ouvert et inclusif, entre diverses initiatives culturelles développées en des endroits différents du pays, parfois sans aucun lien entre elles ; ensuite, le souci d’offrir à tous les groupes cibles du projet un espace annuel de rencontres, de débats sur des problèmes et défis communs, de formulation de propositions et initiatives d’actions collectives ; enfin le souci d’offrir au public nigérien de voir se déployer dans un seul espace, divers festivals ayant traditionnellement lieu dans des endroits différents », a indiqué Albert Chaibou, avant d’annoncer que les deux éditions du forum auront lieu à Niamey et dureront trois jours , « chaque édition parrainée par une femme africaine célèbre, avec au moins deux invités internationaux qui partageront leurs expériences avec les acteurs nigériens.
Le forum attribuera trois prix pour récompenser les œuvres culturelles les plus créatives et les plus engagées dans la promotion de la démocratie, et surtout valorisant le rôle et la place des femmes et des jeunes ». Le coanimateur de la conférence de presse, Arimi Abba Kiari, a, pour sa part procédé à une présentation de la série TV intitulée « Délou », actuellement en étalonnage à Ouagadougou au Burkina Faso et dont la promotion se fera justement au cours de la première édition du forum, prévue en octobre 2016.
Gorel Harouna (Le Républicain No 2092)