Alors que les élections sont bien derrière nous, malgré le retour de l’opposition parlementaire à l’hémicycle, l’on entend certains opposants proférer encore ne pas reconnaitre les institutions issues des dernières élections. Le parlement étant le temple de la démocratie, Le Républicain a suscité ce débat en interrogeant essentiellement sur les mêmes sujets d’actualité les honorables députés Kalla Ankaraou président du groupe parlementaire PNDS Tarayya et Lamido Harouna Moumouni député MNSD Nassara. Entretiens.
« S’il n’ y avait pas Boko Haram, s’il n’y avait pas la situation au Mali, s’il n’avait pas eu la situation en Lybie peut être que le budget de la défense aurait progressé normalement comme tous les autres, et on aurait fait des économies que l’on pourrait redéployer dans les secteurs économiques, dans le développement », déclare Kalla Ankouraou
Le Républicain : Honorable député vous êtes président du groupe parlementaire PNDS Tarayya à l’assemblée nationale. Récemment vous avez examiné et adopté la déclaration de politique générale présentée par le premier ministre Brigi Rafini devant le parlement. Et à cette occasion les députés de l’opposition avaient observé la politique de la chaise vide en quittant les lieux. Quelle est votre appréciation de l’attitude de vos collègues de l’opposition ?
Député Kalla Ankouraou : Il faut dire que s’agissant de cet événement, c’est dommage que ce soit arrivé à l’opposition. Nous qui étions à l’hémicycle nous savons que c’était sur un coup de tête, ils n’avaient pas prévu cette situation. Du moins ce n’était pas une décision concertée. Mais comme dans un mouvement de masse tout le monde suit, et nous avons compris qu’il y a eu du débordement. Et de ce point de vue-là, nous pensons qu’à la décharge de certains peut être qu’ils ne feraient plus cela. C’est dommage, parce qu’ils sont dans une totale contradiction. Parce que quand ils ont décidé de reprendre le travail parlementaire, après leur grève de non reconnaissance de ceci, de cela, ils ont dit qu’ils vont faire l’opposition à l’intérieur du parlement. Et puis quand il fallait faire le débat, argument contre argument ils sont sortis. Alors où se trouvent leur décision de faire le débat contradictoire, de faire l’opposition au sein du parlement ? C’est en cela que je dis que c’est arrivé comme ça, ils ne l’ont pas prévu. Beaucoup d’entre eux n’ont pas prévu ça, parce que je reconnais que depuis qu’ils sont là, on constate leur détermination à faire l’opposition au sein du parlement, à ne pas laisser des compartiments vides, à jouer leur rôle. Mais cet accident est arrivé pour beaucoup ils ne l’ont pas prévu, ils ont suivi. Donc c’est dommage pour ceux qui ont pris l’initiative de cela, j’allais dire qu’ils n’assument pas totalement la décision qui a été prise de rejoindre le parlement. C’est ça la vérité. C’est triste ! Quand vous n’êtes pas d’accord assumez-vous. Si vous n’êtes pas d’accord, vous ne venez pas ! Mais quand vous venez pour en même temps sortir chaque fois qu’il y a des débats, c’est que vous ne voulez pas vous assumez. Et c’est ça la vrai question qui se pose dans les rangs de l’opposition au parlement. Ils continuent à dire qu’ils ne reconnaissent pas les institutions, alors qu’ils ont voté des lois dans ce parlement. Ils ne sont pas à une contradiction près, c’est ce que je suis en train de dire, ils ne savent pas très bien quelle est l’attitude à adopter pour qu’ils soient cohérents sur tous les plans. C’est ça leur problème. Et pas qu’ils ne le savent pas. Ils ne peuvent même pas compte tenu aussi de certaines contradictions. On le sait désormais, ils ne peuvent pas avoir une attitude cohérente, donc ils vont continuer à jouer comme ça jusqu’à ce que l’abcès soit crevé. C’est difficile pour certains d’être toujours dans l’incohérence, on ne les reconnait plus, parce qu’on sait qu’il y a des cadres valables, des hommes politiques valables. Même si on n’est pas du même bord, on reconnait leur valeur en tant qu’hommes politiques. Mais qu’ils soient là en train d’être dans l’incohérence chaque matin, à droite, à gauche, on ne les reconnait plus. Et à cause de cela, moi je suis convaincu qu’ils ne peuvent pas rester trop longtemps dans ce balbutiement, dans cette incohérence. Ce sont leurs militants qui vont leur dire la vérité.
Et je pense que c’est une très belle DPG, c’était une occasion de voir au fond par rapport à tout ce que le gouvernement a fait pendant le premier mandat. Est-ce que nous maintenons le cap, ou nous améliorons certains compartiments. Regardez comment le secteur de l’eau est passé en termes de moyens du simple au double d’un mandat à un autre. Ça veut dire aussi qu’on tire des leçons quelque part ce n’était pas suffisant bien sûr ça va être au détriment d’autres choses. Mais enfin dans la mesure où nous avons tiré des leçons que ça fait partie des problèmes N° 1 du Niger, il fallait prendre la mesure et que ça se répercute dans la déclaration de politique générale du gouvernement, tout comme ça s’est répercuté dans le programme du candidat Mahamadou Issoufou. Cette DPG était importante. J’ai vu qu’ils ont envoyé à la presse des explications de vote, alors qu’ils n’ont pas voté. Une explication de vote c’est ce que vous avez dit devant le peuple, devant la représentation nationale, et là vous mettez ça dans la presse pour une meilleure lecture, mais pas quelque chose que vous n’avez pas lu ou dit. Ça n’a aucun intérêt et ça n’a même pas de légitimité.
Le Républicain : Pour revenir justement à vos collègues de l’opposition qui considèrent que la tension de trésorerie actuelle est liée à la débâcle générale inhérente à une mauvaise gestion des socialistes. Cette situation, est disent-ils ce qu’ils ont exactement prévu. Alors que répondez-vous ?
Député Kalla Ankouraou : Attendez ! Moi je fais la différence entre ce que font certains milieux de l’opposition responsable et les bla bla de n’importe quel opposant en mal d’assise populaire. Je ne m’en occupe pas, car je trouve que c’est vulgaire. Par contre je crois sérieusement aux critiques qui pourraient être faites au parlement par les groupes parlementaires de l’opposition. Pour parler du contexte actuel, Il s’agit, il est vrai, de difficultés de trésorerie ponctuelles inhérentes à tout régime, même pas au Niger dès lorsqu’il s’agit de périodes post électorales. C’est clair dans le monde entier c’est comme ça et ça se règle en 3 ou six mois. C’est passager, c’est ponctuel. Ce n’est pas accidentel. C’est prévu. Parce que pendant six mois les gens ne travaillent pas assez. Vous avez une CENI qui demande beaucoup de moyens, mais c’est la démocratie. Et il faut lui permettre d’organiser ces élections. Mais aussi, il y a eu une période électorale doublée d’insécurité sur le terrain à l’Est de notre pays. Il fallait aussi combattre cette insécurité. Et tout cela a un coût. Par conséquent qu’est-ce qu’il y a de surprenant qu’il y ait quelques difficultés de payer la dette intérieure. Mais les salaires sont toujours payés le 25ème jour du mois. Si c’était une véritable crise on ne paierait pas de salaire. Je comprends qu’il y ait quelques soucis pour ce qui est de pécules des contractuels, il y a toujours un retard, mais cela est lié au problème de dépôt de leurs listes, de redéploiements de moyens dans toutes les zones, même là où vous n’avez pas de régies financières, qui apportent suffisamment de moyens pour faire ce payement-là sur place. Voilà donc comment le problème se pose. Et évidemment cela a coïncidé également avec le renouvellement de l’accord que nous avons avec le FMI et la Banque Mondiale. Le temps de signer ces accords, parce qu’on était aux élections, cela ne permettait pas de recevoir les appuis budgétaires qui étaient attendus en temps réel. Et parlons-en ! Parmi ces opposants qui gueulent, il y en a qui ont tout fait pour torpiller un accord avec le Fmi et la Banque Mondiale. On le sait. Et ils savent que tout le monde le sait. Mais, Dieu merci les missions sont venues, elles ont apprécié le développement économique de notre pays et la situation financière, les aspects macroéconomiques, ils ont dit que c’est bon on va signer un nouvel accord. Et, mieux, les Etats-Unis aussi ont dit que l’économie du Niger est bonne, le développement économique se poursuit, et toutes les conditions pour bénéficier du MCC ont été respectées et on va le signer dans quelques jours. C’est environ 450 millions de dollars. Donc, les critiques ne sont pas fondées dans la mesure où, quand on est de bonne foi, tout le monde sait qu’il s’agit de situations qui concernent tous les pays du monde. Ces critiques ne sont pas fondées parce qu’il ne s’agit pas d’une situation liée à une mauvaise gestion, sinon on n’aurait pas tous ces accords avec les institutions financières internationales qui sont plus rigoureuses que ces gens qui parlent.
Le Républicain : Un autre aspect, est ce que la situation sécuritaire a un impact sur cette tension actuelle de trésorerie ?
Député Kalla Ankouraou : Vous avez écouté le ministre de la défense qui le disait l’autre jour. De 2011 à aujourd’hui le budget de la défense a été multiplié par 15. S’il n’y avait pas Boko Haram, s’il n’y avait pas la situation au Mali, s’il n’avait pas eu la situation en Lybie peut être que le budget de la défense aurait progressé normalement comme tous les autres, et aurait fait des économies que l’on pourrait redéployer dans les secteurs économiques, dans le développement. Mais la sécurité n’a pas de prix. C’est comme l’alimentation. Pour ces deux choses on peut tout faire. Il ne faut pas que les nigériens meurent de faim, et il ne faut pas que l’insécurité empêche aux compatriotes d’aller au travail, d’aller et venir. Et ça a un prix. Mais il faut le faire. Heureusement que nous avons les ressources qui permettent de le faire. Et il faut aussi prendre en charge l’éducation, la santé, les autres secteurs. Tout ça ce n’est pas gratuit.
Le Républicain : quelle est votre analyse de la situation de la sécurité dans la région de Diffa considérée également par l’opposition et la société civile comme mal gérée ?
Député Kalla Ankouraou : L’opposition peut dire ce qu’elle veut. Mais ce qui est dommage, c’est qu’au moins sur ce sujet on aurait dû s’asseoir pour parler. Du reste les députés de la région de Diffa, tous partis confondus ont compris cela. Ils ont rencontré les autorités, ils en ont parlé. Quand il y a eu le déplacement sur le terrain il y avait des députés de la majorité et de l’opposition qui sont allés avec le ministre d’Etat, ministre de l’intérieur pour voir pendant trois jours la situation réelle sur le terrain et aussi compléter les mesures qui ont été déjà prises afin qu’il y ait la paix et une bonne prise en charge des déplacés. Le problème n’est pas seulement de mettre fin aux attaques de Boko Haram, mais il faut aussi gérer les déplacés. Et regardez le Nigeria, qui a l’armée la plus puissante de la sous-région et qui n’a pas pu venir à bout de Boko Haram. Ils sont en train de faire du bon travail, mais ils n’y sont pas arriver à bout de Boko Haram qui a eu le temps de se réarmer, de recruter des gens. C’est vrai qu’il y eu des déboires lors de la dernière attaque de Bosso, c’est vrai qu’il y a eu des morts. Il faut savoir qu’est ce qui s’est passé, il faut apporter des remèdes, des corrections s’il le faut. Tout ça dépendra des enquêtes qui ont été diligentées. Mais on contrôle notre pays, pas un seul mètre carré n’est occupé par une puissance extérieure ou une nébuleuse quelconque. Notre pays a toute son intégrité, c’est déjà bien. Nous sommes aidés par des amis, nous allons les aider, nous avons des accords avec eux ça c’est de bonne guerre. La constitution permet d’avoir ces accords-là. Aujourd’hui c’est la mutualisation des moyens et des efforts, pour que chaque Etat ressente moins le fardeau d’un conflit. C’est tout ! Si nous voudrons faire tout seul, c’est peut-être par 30 ou 40 qu’il faudra multiplier notre budget. Nous avons eu des succès, nous avons un moment chassé Boko Haram, nous sommes allés jusqu’au Nigéria, pour empêcher qu’ils mettent pied au Niger, et ce qui fut le cas pendant une bonne période. Mais pendant tout ce temps, les gens n’ont rien dit de tout cela, et maintenant on en fait toute une montagne de la dernière situation. Ceux qui font ces critiques-là ne réfléchissent pas trop. S’il n’y avait pas une bonne gestion des hommes et du matériel, s’il n’y avait pas un engagement de tout le monde, on n’aurait pas tenu pendant deux ans. S’ils veulent ils peuvent eux-mêmes mener leur enquête et faire des recommandations au gouvernement, puisqu’ après tout la sécurité c’est l’affaire de tous, s’il y a insécurité personne n’est épargné. Certains ont compris et ils sont très responsables. Mais pour d’autres tout ce que vous allez faire pour le Niger est sombre.
Le Républicain : On se rend compte que depuis les dernières élections, malgré l’existence du CNDP, la situation n’est pas reluisante concernant le dialogue entre pouvoir et opposition. En tant que président du groupe parlementaire PNDS Tarayya quelles seraient selon vous les conditions d’un dialogue politique avec l’opposition au Niger?
Député Kalla Ankouraou : Il ne faut pas que les gens confondent ce que doit être le dialogue politique. Le dialogue politique à mon avis et quand on l’a conçu c’est pour essentiellement trois choses. Premièrement, que toutes les élections soient faites avec la contribution et la participation de tous les partis politiques, de toute la société civile et de tout le monde. Il ne faut pas que ça soit une affaire du gouvernement seul. Et cela a été respecté depuis 1992-93. Toutes les préparations des élections ont été faites par toute la classe politique et par consensus et tous les acteurs de la vie nationale. Deuxième chose, le problème de sécurité n’est pas le problème d’un gouvernement seul. C’est une affaire de tout le monde, et c’est une affaire de tous les nigériens. Et on devrait avoir un dialogue à ce niveau, mais dans un dialogue vous ne pouvez pas prendre quelqu’un qui pour la moindre déconvenue sur le terrain, il en fait une montagne. Ça c’est décourager le militaire. S’ils font ça pour montrer qu’ils aiment le Niger mieux que nous, ils se trompent. Et troisièmement, en terme de programme le président s’est présenté avec son programme, d’autres l’ont fait peut-être. Et chacun est élu sur la base de son programme, qu’il applique. L’opposition lutte, tout ce qui n’est pas bon qu’elle le dise, c’est ça l’opposition. Nous avons fait ça pendant longtemps, plus de vingt ans, nous savons ce que c’est. Donc il n’y a rien de miraculeux. Mais l’unité du pays, il est important de la préserver. Il faut exorciser tous les excès qu’il y a eu pendant la campagne. Il faut que les gens comprennent que si le pays périclite, c’est tout le monde qui en pâtira. Les grands présidents de ce pays ont montré qu’ils savent faire le combat que nous devrons mener. En leur temps personne n’osait faire les choses qu’on fait aujourd’hui.
Le Républicain : Les opposants disent qu’il y a des prisonniers politiques, est ce que ça ne pourrait pas être un obstacle au dialogue ?
Député Kalla Ankouraou : Est-ce qu’ils savent c’est quoi un prisonnier politique ? J’en doute. Vous sortez manifester sans autorisation, mais vous avez contrevenu aux lois de la République et le code pénal prévoit ça. Et cela n’a rien à voir avec la politique. Vous cherchez à stopper un régime par des voies non démocratiques, le code pénal l’a également prévu, ce n’est pas politique ça. Mais quand vous allez battre campagne quelques soit les insultes que vous allez proférer, ça c’est politique personne ne vous emprisonne, le peuple va nous départager dans l’urne. Mais quand vous prévoyez de prendre des armes ou quand vous prenez des armes comme certains prévenus, ce ne sont pas des prisonniers politiques. Vous savez, parler de prisonniers politique ça émeut les gens qui sont je ne sais où, qui sont loin des réalités du Niger. Mais ceux qui connaissent le Niger savent que le Niger ne peut pas faire des prisonniers politiques. Nous sommes devant beaucoup de pays pour ce qui est de la liberté de la presse, de la liberté tout court, on a amélioré nos rangs dans la lutte contre la corruption.
Le Républicain : Selon vous le dialogue est à jour, il n’y a pas d’entrave au dialogue politique au Niger ?
Député Kalla Ankouraou : C’est une réalité. Le dialogue est à jour, mais on demande même s’ils veulent à ce qu’ils viennent pour qu’on discute sur comment faire un gouvernement d’union nationale, ou un gouvernement plus ouvert, que celui qui est actuellement là. Nous avons tendu la main, ils ont refusé, ils ont dit non, celui qui est élu là, n’a qu’à laisser la place on va faire une transition, c’est la seule condition. Est-ce que c’est sérieux ! Même pour le respect de la démocratie, certains termes ne doivent plus être prononcés par ces gens-là. Mais ils ont décidé de reprendre leur rang à l’assemblée nationale, ils sont libres de dire ce qu’ils pensent, de critiquer notre conduite des affaires de l’Etat aujourd’hui, nous n’avons pas peur des débats. Mais nous ne voulons pas des choses qui n’ont rien à voir avec la démocratie. Il faut qu’ils s’adaptent. Il fut un moment où on avait décidé que chaque mois le leader de l’opposition va voir le président pour discuter des problèmes de la nation, ça ne nous a pas empêché de venir au pouvoir. Nous sommes prêts à les recevoir mais à condition qu’ils soient une opposition normale, comme on a montré le chemin.
Alors que les élections sont bien derrière nous, malgré le retour de l’opposition parlementaire à l’hémicycle, l’on entend certains opposants proférer encore ne pas reconnaitre les institutions issues des dernières élections. Le parlement étant le temple de la démocratie, Le Républicain a suscité ce débat en interrogeant essentiellement sur les mêmes sujets d’actualité les honorables députés Kalla Ankaraou président du groupe parlementaire PNDS Tarayya et Lamido Harouna Moumouni député MNSD Nassara. Entretiens.
« La mauvaise Gouvernance, l’organisation des élections présidentielles et législatives où l’argent du contribuable nigérien a largement servi à l’achat des consciences, la corruption, la gabegie et les détournements des ressources publiques ont eu pour effets l’assèchement du Trésor public », déclare Lamido Haro
Le Républicain : Honorable député, l’opposition a boycotté la Déclaration de Politique Générale (DPG) du Premier ministre alors que c’était une tribune pour vous pour apprécier et dénoncer les tares et manquements du plan gouvernemental sur 5 ans. Que répondez-vous à ceux qui reprochent à l’opposition parlementaire d’avoir fait un ratage?
Député Lamido Harouna Moumouni : Absolument non ! L’attitude de l’opposition a été dictée par les circonstances dans lesquelles la DPG a été présentée à l’Assemblée Nationale. A cet effet, nous avons rendu public un communiqué pour dire les raisons qui nous ont poussés à ne pas assister à cette cérémonie qui consacre un simulacre de vœux pieux, quand on sait que tous les secteurs de notre pays se portent très mal. A toutes fins utiles, je vous transmets les commentaires que le Groupe Parlementaire RD-HANKURI-NASSARA-TABATT a faits sur la DPG.
Du reste, les discussions sur la DPG ont conforté notre position car chaque Député inscrit n’a disposé que de 3 mn pour ne chanter finalement que les louanges du régime.
Le Républicain : La guerre coute très chère. C’est admis universellement. Et selon le régime en place la guerre contre Boko Haram a un effet réel sur la tension de trésorerie actuelle. Quel apport pourrait faire l’opposition parlementaire pour accompagner l’effort de guerre?
Député Lamido Harouna Moumouni : La guerre coûte chère. Même si cela est universellement admis, il n’en demeure pas moins que l’utilisation qui en est faite des ressources financières, en particulier, tranche d’avec l’orthodoxie qui sied en pareille circonstance. La guerre à elle seule, n’explique pas la tension de trésorerie actuelle. La mauvaise Gouvernance, l’organisation des élections présidentielles et législatives où l’argent du contribuable nigérien a largement servi à l’achat des consciences, la corruption, la gabegie et les détournements des ressources publiques ont eu pour effets l’assèchement du Trésor public. L’opposition parlementaire, consciente de son rôle de contrepoids dans la gestion du pouvoir peut aider par des critiques objectives et avisées, si elles sont prises en compte par la majorité, à mieux cerner la problématique de l’insécurité dans notre pays en général et dans la région de Diffa, en particulier. En outre, elle contribuera, le cas échéant, à toute prise de décision (adoption de lois, diplomatie parlementaire, sensibilisation, etc) qui sera conforme à l’intérêt général de notre pays.
Le Républicain : En tant que député national et ressortissant de Diffa quelle analyse faites-vous de la situation sécuritaire dans cette région?
Député Lamido Harouna Moumouni : Nous n’avons eu cesse de le dire, la situation sécuritaire et humanitaire de la région de Diffa est désastreuse. Les activités économiques connaissent depuis, pratiquement deux ans, un ralentissement, voire un arrêt du fait cumulé de l’insécurité et des sécheresses successives. Le poivron, jadis appelé l’or rouge et le poisson constituaient les principales activités économiques pour les populations riveraines du Lac Tchad et de la Komadougou Yobé. La production et la commercialisation de ces produits rythmaient les activités économiques et sociales et résorbaient le chômage des jeunes. L’interdiction de production et de commercialisation de ces produits a porté un coup dur à l’économie locale. Pire les marchés de Kinsha-indi et de Gagamari sont interdits de fréquentation.
Le Républicain : Comment selon vous venir à bout de Boko Haram au Niger et dans la sous-région ?
Député Lamido Harouna Moumouni : Cela nécessite des actions concertées se basant en particulier sur les renseignements. Agir beaucoup et parler moins. Concevoir des stratégies d’occupation des jeunes afin de tarir les bases de recrutement de la nébuleuse. Faire réoccuper par l’armée toutes les îles abandonnées par les populations, à la demande du Gouvernement. La concertation et la collaboration entre tous les pays concernés par la guerre imposée par Boko Haram sont plus que nécessaires.
Le Républicain : selon vous quelles sont les conditions de possibilité d’un dialogue politique entre pouvoir et opposition au Niger ?
Député Lamido Harouna Moumouni : Le cadre légal et réglementaire définit les rapports entre le Pouvoir et l’Opposition. Le CNDP en est l’illustration parfaite d’un cadre de concertation où tous les problèmes politiques sont discutés et des positions consensuelles dégagées. Toute autre démarche n’est qu’un saut dans l’inconnu.
Propos recueillis par Elh. M. Souleymane et Souley Moutari