Hama Amadou reste et demeure sur la ligne de départ du second tour. C’est un fait. Il n’a pas officiellement notifié son désistement jusqu’à l’expiration du délai règlementaire hier à 23h30. Mieux, selon RFI ces avocats ont confirmé le maintien de sa candidature pour la présidentielle du second tour du 20 Mars prochain.
Pourtant depuis hier, l’opinion attendait de la COPA, la conduite à adopter suite à mot d’ordre de suspension au processus électoral. Nous écrivions juste après ce fait accompli : « Sauf qu’il y a un mais. Le hic, c’est qu’il ne suffit pas pour la COPA d’annoncer son désistement. Ils doivent notifier à la Cour Constitutionnelle cette nouvelle donne. C’est en ce moment seulement qu’on passera à l’étape suivante : le constat que les trois leaders de la COPA déclarent forfait pour qu’Ibrahim Yacouba soit sollicité pour préserver l’essentiel. Et c’est là que l’opinion jugera si l’opposition ne joue pas au dilatoire. Cette mauvaise idée de tout reporter à l’expiration du mandat d’Issoufou pour la mise en place d’une éventuelle transition. »
Cette mauvaise inspiration paresseusement empruntée à Moussa Tchangari. Mais à l’évidence, on se rend compte qu’il y a une illusion de perspective entre l’option de la COPA et le vœu du candidat Hama Amadou. Il y a comme qui dirait, Hama Amadou vient de se démarquer du petit jeu de ses copains de la COPA.
Et son choix crédite l’information de Bazoum selon laquelle, la COPA vise le désistement de Hama juste pour un autre membre. Et cette attitude rappelle un peu leur contentieux de 2011 lorsque Hama avait trahi l’ARN. Une cuisine interne en quelque sorte. Du moins cela tient jusqu’à ce que la COPA apporte la preuve du contraire.
Il faut dire que pour les observateurs, c’est la seconde fois que Hama Amadou vient d’administrer un cinglant désaveu à l’encontre de la COPA 2016 depuis la fin du premier tour des élections.
La première fois : alors que la COPA annonçait le rejet des résultats dès l’entame de leur publication par la CENI, Hama Amadou avait adressé comme Issoufou Mahamadou un message reconnaissant les résultats et par conséquent affirmé sa disposition à poursuivre la course. Et depuis la COPA avait affiché un profil très bas. Et c’était très gênant puisque leur rejet était assorti d’une menace.
La deuxième : au moment où le monde entier attend un communiqué de désistement de Hama Amadou, il a feinté la COPA qui vise logiquement le boycott actif du second tour. Du moins à lire entre les mots la déclaration de la COPA : « Par conséquent, l’Opposition politique réunie au sein de la COPA 2016:
1. Décide de se retirer du processus électoral en cours ;
2. Demande à ses représentants de se retirer de la CENI et de tous ses démembrements ;
3. Demande aux Députés Nationaux, militants des partis membres de la COPA de cesser toutes activités au sein de l’Assemblée Nationale ;
4. Demande à ses militantes et militants, sympathisantes et sympathisants de se mobiliser sur l’ensemble du Territoire pour les éventuels mots d’ordre à venir.
En tout état de cause, devant le déni de droit dans lequel se trouve notre pays la COPA tient le Président Issoufou Mahamadou et la Cour Constitutionnelle pour seuls responsables de la dégradation de la situation socio-politique au Niger ».
Il va sans dire que dans cette logique, la COPA n’entendait nullement laisser le processus électoral se dérouler normalement. Toutefois, il y a lieu de se demander à quoi rime cette attitude contre-productive de la COPA à l’endroit de son candidat Hama Amadou ? Les copains (pardon compagnons) de Hama ne voudraient-ils pas participer au financement de ce second tour ?
La COPA dans cette incohérence ne joue-t-elle pas sa crédibilité ? En revenant à la charge sur ses récusations de la Cour constitutionnelle contenues dans son fameux livre blanc, en accompagnant Hama Amadou au second tour va-t-elle reconnaitre une éventuelle défaite ?
Autant dire que la COPA a raté une belle occasion de se concentrer sur l’essentiel. Elle a surtout perdu un temps précieux pour la campagne de son candidat. Il y a à notre humble avis une illusion de perspective : Hama Amadou n’est pas revenu au Niger simplement pour faire la prison. Il est revenu tenter sa chance d’être président de la République. Il a eu l’occasion. Personne ne peut arrêter son ardeur à aller jusqu’au bout. Et les conditions dans lesquelles il se trouve sont inspirantes. Qui hésiterait à la tentation de passer « de la prison à la présidence » ?
Elh. Mahamadou Souleymane