Nous sommes le peuple, nous sommes le pouvoir.

A un mois de la présidentielle, c’est avec grand espoir que je lance cet appel à tous les électeurs nigériens appelés aux urnes. Chers compatriotes, je vais à travers ces paragraphes vous transmettre des réflexions qui pourront aider à choisir le meilleur pour le Niger. Etre chef d’Etat, vous le savez, c’est de la haute responsabilité, engageant l’honneur et l’avenir du peuple. Pourtant, à la vue du nombre des partis qui sont sortis de terre en 2015, ce poste semble être à la portée de monsieur tout le monde. Certes, cet accroissement des prétendants au fauteuil présidentiel, pourrait aussi signifier la prise de conscience positive de la génération montante. De toute façon, je ne mettrai pas ici en cause le droit constitutionnel d’être candidat à la présidence. Que tout volontaire présente son dossier, aux nigériens de choisir.

Le choix justement, voici une manœuvre bien délicate.

Dans quelques semaines, les 15 candidats enregistrés vont se présenter à l’élection présidentielle. Cette élection n’a rien de nouveau bien sûr. Depuis 1993 les nigériens sont allés aux urnes 5 fois pour élire leur président. Mais cette fois ci, nous pouvons saisir ces élections pour faire un choix fondé. Si nous le voulons, nous pouvons  décider d’élire le meilleur candidat. Meilleur pour quelles compétences ? Quel profil doit-il avoir ? Comment le découvrir ? Voici les questions problématiques.

Quand on décide de participer à l’élection présidentielle, pour être à la tête de 19 millions de nigériens, pour prendre en main le destin de ce peuple, un peuple à la voix mal entendue, qui crie plusieurs décennies durant à son émergence ;  c’est qu’on se sent capable, homme qu’il faut. Tout candidat pense incarner les qualités et les compétences du chef d’Etat. Or, une compétence est observable, contextuelle et mesurable. Après le passage de plusieurs figures à la présidence du Niger depuis l’indépendance, je pense que nous pouvons déterminer les compétences, et évaluer les programmes socio-économiques qui permettent de faire progresser ce pays. Ainsi il est de notre devoir de recruter la bonne personne et lui confier cette haute responsabilité.

Choisir le bon candidat, le meilleur d’entre plusieurs prétendants, est POSSIBLE. Ils nous disent tous « de façon gratuite et déclarative » qu’ils ont un programme, qu’ils ont de la vision, qu’ils sont patriotes. Alors ! Que le postulant expose son programme au peuple, et se prépare à le défendre. Tout doit se passer maintenant en temps de campagne, pas une fois élu.

 

Plus jamais d’intermédiaire, plus jamais de souffrance, laissons les candidats s’affronter.

Avant de rentrer dans mes propositions permettant de trier les mauvais profils et les programmes de type « coquille vide », je souhaiterai, pour le bien du Niger, que certaines pratiques partisanes soient abandonnées et que chacun puisse revoir ses raisons d’adhésion à un parti politique. Nous avons longtemps servi d’intermédiaires entre les candidats qui s’affrontent pour le fauteuil présidentiel, certains au détriment de leur de vie. Trop c’est trop, plus aucun nigérien ne souffrira pour un politicien, ni ne se sacrifiera. Laissons-les s’affronter entre eux, de façon intelligente, respectueuse, visionnaire et apaisé, devant tous les électeurs, dans des débats télévisés en direct. Notre rôle d’électeurs à tous, serait alors d’observer, d’analyser finement les intentions de chacun, sa personnalité, son programme, sa capacité à le défendre, sa fiabilité, sa faisabilité et son importance pour les nigériens. Et voilà les bonnes bases sur lesquelles, notre futur président doit être élu.

Nous sommes le peuple, nous sommes le pouvoir. Mais sachez que notre pouvoir n’est pouvoir que seulement en l’espace de ces quelques jours qui précèdent les élections. Une fois les élections passées, notre pouvoir est transféré aux élus. Alors faisons preuve des hommes rationnels et choisissons le candidat qu’on ne regrettera pas.

Le débat, observons, analysons et fondons nos intentions de vote.

Maintenant la question qui attend réponse est évidement de savoir comment pousser les candidats vers ces débats télévisés. Cela peut sembler à priori difficile, si l’on croit les relations tendues qui les lient les uns aux autres. Il faut noter également que s’affronter face à face de manière apaisée, c’est une des rares habitudes des politiciens nigériens. Mais nous sommes le peuple, les électeurs, nous pouvons les y forcer. Nous avons une jeune génération plus intelligente que jamais. Guérissez-la des microbes de haine et de rage inspirés par des politiciens, poussez-la à l’objectivité et vous verrez une génération capable de changer intelligemment les choses. Une première idée serait d’enclencher et de signer des pétitions pour médiatiser nos souhaits de voir tous les candidats sur les plateaux. Nous pouvons également nous rapprocher des candidats susceptibles de vouloir participer à ces débats pour qu’ils en fassent la promotion. Car, sachez-les, provoquer leurs adversaires à débattre devant le peuple de leurs idéologies et programmes respectifs, pourrait être vu comme un argument de campagne qui serait bien accueilli par la génération consciente du Niger.

Ces débats devraient idéalement avoir lieu dès le premier tour, pour permettre des votes rationnels, et de scruter dans le moindre détail la posture de chaque candidat présidentiel. Mais si pour une raison de temps, nous n’y arrivons pas, il faudrait que les finalistes au second tour s’affrontent. Des animateurs indestabilisables choisis par leur talent, leur objectivité devraient diriger ces échanges. Ces débats peuvent, bien entendu, être diffusés et commentés dans les langues nationales dans la mesure du possible pour qu’un maximum d’électeurs soit atteint.

En espérant vos contributions de nature à permettre à notre cher pays, le Niger, d’avoir à sa tête un homme compétent et visionnaire.

OUSMANE LOKO