« Le fichier électoral de 2016 peut être valable sous réserves de la mise en œuvre des recommandations à effets immédiats…» C’est la principale conclusion à retenir du général Siaka Sangaré président de la mission de l’Organisation Internationale de la Francophonie (OIF) chargée d’auditer le fichier électoral du Niger à la demande de la Commission électorale nationale indépendante (CENI) à l’occasion de la cérémonie de restitution de ses travaux ce 4 janvier à la Salle Sani Bako au ministères des affaires étrangères.
Cette rencontre a eu lieu en présence du ministre de l’intérieur, des partis politiques, de la société civile, des responsables religieux et le corps diplomatique. Après avoir remercié l’OIF et les membres de la mission, le président de CENI avait exprimé en amont toute la satisfaction de son institution pour un fichier fiable et accepté de tous.
L’essentiel du temps a été consacré à l’exposé de restitution des travaux de la mission par son président, le Général Siaka Sangaré. Ce dernier a rappelé comment son équipe avait procédé pour aboutir à ce résultat. En effet, ils ont passé au « peigne fin » tous les textes et manuels électoraux du Niger. Ce qui leur a permis d’apprécier les forces et les faiblesses du dispositif électoral du Niger.
Entre autres anomalies constatées, il y a la défaillance de l’état civil nigérien car seulement 7,2% des citoyens disposent des cartes nationales d’identité ce qui fait plus de 61 % de personnes ont été enregistrées sur la base de la présentation de la carte de famille alors que le reste c’est le témoignage. On peut noter également comme anomalies : 323 bureaux de vote sans électeurs, 39 229 électeurs non majeurs et des inscriptions multiples.
Parmi les forces du dispositif électoral du Niger, le Gl Siaka Sangaré a cité de bons textes inclusifs et consensuels ; dans 8 millions attendus d’électeurs en 2016, on a enregistré 7 millions 569 000 ; des efforts reconnus pour rapprocher les électeurs des bureaux de vote ; une bonne procédure des réclamations.
Les experts ont observés en substance les faiblesses suivantes du fichier du Niger : la non remise du récépissé aux électeurs leur permettant de faire des réclamations en cas d’omission ; l’absence des textes sur la gestion des âges des électeurs ; beaucoup de documents demandés à l’électeur nigérien ; le problème de la fiabilité des témoignages ; l’absence d’un identifiant unique par électeur.
Après quoi, les experts ont formulé des observations immédiates, à moyen terme et à l’endroit de l’OIF. S’agissant des recommandations immédiates :
- Extraire les 16 000 mineurs du fichier
- – supprimer les 323 bureaux de vote
- – la reprise de la numérotation des bureaux de vote
- Publication des listes électorales après traitement des anomalies
- -maintenir le comité des observateurs pour la mise en œuvre des recommandations
A moyen terme, les experts recommandent :
- L’élaboration d’un guide d’état civil
- Mise en place d’un guide pour le fichier biométrique
- Mise en place d’une structure permanente pour la gestion du fichier électoral
Concernant l’OIF, la mission recommande :
- Le maintien sur place d’un expert pour la correction des anomalies observées
- Accompagner le Niger avec un expert pendant tout le temps de la gestion du fichier électoral.
En conclusion, le général Siaka a déclaré que « « Le fichier électoral de 2015 peut être valable sous réserves de la mise en œuvre des recommandations à effets immédiats ».
Interrogé par nos soins, un membre de la CENI nous confie que les recommandations de la mission des experts peuvent être mises en œuvre en trois jours. Et d’ajouter que dans tous les cas, ces recommandations ont été faites en tenant compte des délais constitutionnels.
Il faut noter que selon les commentaires du Gl Sangaré le fichier du Niger est acceptable en ce sens qu’ils ont rencontré ailleurs des situations moins favorables pour un fichier fiable.
C’est ainsi que cette cérémonie a pris fin à la satisfaction de tous. Le Niger est en passe alors d’organiser comme par le passé des élections libres et transparentes avec l’accord de tous et de chacun. D’ailleurs, Ousseini Salatou porte-parole de l’opposition ARDR a affirmé juste après cette rencontre que « c’est le peuple nigérien qui a gagné ».
Elh. M. Souleymane