L’Opposition doit-elle jeter l’éponge ?

Elle a beau user des arguments prématurés de mauvais perdants, d’un vocabulaire excessivement plaintif pour se faire bonne conscience, rien n’y fait : elle est tenaillée par un rejet obsessionnel de la réalité et semble à bout de souffle. Motivée au mieux par la soif du pouvoir, au pire par les profits individuels qui se sont amenuisés, elle doute de tout, plongée dans une errance aveugle et sans déclinaison d’une ligne politique, consciente du fait que le peuple a certainement et pour longtemps, choisi ses dirigeants.

A en juger par quelques uns de ses actes, c’est comme si le régime devait s’en vouloir et s’excuser d’assumer correctement et pleinement le pouvoir ; comme si le gouvernement devait se reprocher d’exécuter proprement son programme, lui qui a fait son credo de prêter une oreille attentive aux désidératas du peuple, tout en gardant le magnifique caractère de celui qui peut pardonner de temps en temps, et faire également montre d’une solide rigueur dans la gestion. Cela peut ne pas plaire dans le camp adverse, bien qu’il soit légitime à ce camp d’en avoir assez de vivre dans l’opposition, son objectif premier étant la conquête et la gestion du pouvoir. Mais vouloir forcer la main à ceux qui gouvernent pour assouvir cette étonnante boulimie, contraindre le régime à n’abonder que dans le sens qu’elle voudrait, ceci est aux antipodes de la légitimité.

Maintenant que le peuple a finalement compris que certains mouvements n’étaient pas un fait du hasard ou encore de mystérieuses coïncidences de calendrier entre marches suivies de meetings, déclarations au vitriol et menaces, ce peuple pacifiste déborde de soutien pour le Président. Maintenant que la gouvernance est vécue exactement comme dans un pays redevenu tout à fait normal depuis presque cinq ans, celle qui s’oppose à tout, doit se pencher sur les échecs ayant émaillé ses complots et réfléchir sur ce qu’il lui reste désormais à faire en bien pour sauver la face. Cela lui sera plus utile que de perdre son temps à rechercher de minuscules erreurs inhérentes aux immenses réalisations, à fouiner dans l’Administration pour recenser des militants régulièrement relevés de leurs fonctions, mais dont elle veut faire des victimes de l’arbitraire.

Après son gaspillage d’énergie, d’encre et de salive, après cet acharnement infructueux dont elle a fait preuve, et enfin, après s’être efforcée maladroitement à être calife à la place du calife, comme Iznogoud, après donc cet égarement, son âme s’estompe. Pourquoi devons-nous nous attaquer à tout et même à ceux qui réussissent, nous « cannibaliser » entre nous, dénigrer le bien sans sourciller un tant soit peu, se cramponner dans une posture visant à diaboliser les efforts fournis par autrui, efforts jusque-là irréfutables ? D’où nous vient cette horrible tendance à vouloir faire croire, par-delà les frontières, que nous sommes dans un pays maudit? Mise à part cette ferme volonté de nuire à travers des allégations capricieuses sur le Fichier, la Cour Constitutionnelle et la CENI, il n’existe pas d’échecs suicidaires opposables à une Justice efficace, une Police efficace, une Administration qui fait du mieux qu’elle peut et un monde rural en plein développement.

L’opposition et les partis politiques qui la composent ne peuvent vivre ou plutôt survivre, s’ils refusent de cultiver l’esprit républicain par le respect de la Constitution et le respect de la règle de la majorité. On comprend aisément que certains hésitent à aller à la rencontre du peuple parce qu’ils ont de bonnes craintes de ne pas y aller. En fait, ils n’ont pas de meilleures propositions, autres que la polémique et l’agitation permanentes après avoir perdu presque tous leurs militants à l’aube des élections. Rien de positif ne pointant à leur horizon, ils préfèrent se résigner, seule façon de mieux se porter lorsqu’ils ne sont pas en mesure de faire leur propre diagnostic après une hécatombe. Leur attitude ne fera que renforcer cette résignation et les enfoncer davantage dans un coma profond, en attendant le coup de grâce en février prochain. Sachant que les nigériens ne voteront pas pour des partis à problèmes, des partis préoccupés par leur stabilisation à l’interne plutôt que par un programme à lui proposer, la population se demande si véritablement l’opposition existe encore, et si elle pourra glaner les quelques suffrages qu’elle se targue de comptabiliser comme acquis. Au vu de l’aura dont jouissent les dirigeants actuels, (il ne saurait d’ailleurs en être autrement), leur endurance et leur popularité ne souffriront pas pendent la campagne.

Le programme de la Renaissance prenant en compte les aspirations du peuple, a fini par convaincre même les plus septiques à se rendre à l’évidence et accepter d’accompagner le Gouvernement afin que ces aspirations se concrétisent et se développent dans la paix. Tenter à coups d’intrigues, de sabotages et de jérémiades d’empê- cher aux dirigeants de défendre leur bilan, de défendre légitimement leur pouvoir, de défendre la Constitution, et surtout tenter de les pousser à aller vers sa violation, c’est méconnaitre la vigilance qui sous tend les actions qu’ils posent. C’était pour sa propre lubie que les opposants se sont fixé dans l’esprit, que les socialistes ne savent pas imposer l’ordre, la discipline et la bonne gouvernance : mais ils ont tôt fait de déchanter.

Nous avions toujours pensé que le comportement de l’ancienne opposition, aujourd’hui au pouvoir, allait servir de boussole et que la page de l’opposition destructrice était à jamais tournée. Nous avions pensé que toute opposition serait responsable et apporterait objectivement sa participation à l’édification de la Nation. Nous avons maintenant peur de croire que nous nous étions trompés. Nul ne peut nous transformer en amnésiques et nous obliger à oublier que dans ce pays, un Président pour lequel nous avions beaucoup de respect, a préféré dissoudre illégalement une Cour Constitutionnelle, ne pouvant remplacer ces membres en cours de mandat. Nous connaissons la suite et au demeurant, il avait à ses côtés de fidèles lieutenants qui, aujourd’hui encore, reviennent à la charge avec cette dé- goûtante exigence. Assurément que de nos jours, plus personne ne peut inciter à la haine ou à la violence et rester tranquille. Ceux qui s’évertuent à exprimer l’intention de tout mettre sens dessus-dessous, doivent régulièrement avoir à l’esprit, que les Tribunaux et les Cours Internationaux n’existent pas que pour les autres. Cette Opposition ou le reliquat de sa dislocation après le départ de ceux qui ont pensé que bâtir ensemble le Niger est mieux que de le détruire, cette opposition donc, voyant se profiler les résultats des prochaines élections, a peut-être compris et retenu, qu’elle doit faire son deuil du pouvoir, que plus rien ne peut désormais entraver la seconde accession de Mahamadou Issoufou au prestigieux fauteuil, Inch’Allah.

Contrairement à ce que prédisent les défaitistes d’en face, cette réélection sera un éclatant renouvellement de confiance qui marquera la gratitude des nigériens pour les changements positifs qu’ils ont vécus pendant ces cinq années de premier mandat. Des changements qui les ont totalement ôtés du doute et du souci du lendemain, qui avaient auparavant caractérisé leur vie au quotidien. Dieu aime ce pays, et c’est pour cela qu’Il a aidé le président de la République pour toutes ces réalisations à travers le pays et pour la réussite du mandat qui tire vers sa fin. Il a par ces réalisations, vidé la réserve d’occasions et d’arguments qu’auraient saisi et dont auraient pu user ses adversaires pour le déstabiliser. Pour avoir beaucoup bâti, pour avoir concrètement amélioré la vie des nigériens et conquis leur adhésion, son parti l’a désigné comme candidat aux élections présidentielles et il est certainement parti pour vaincre par la plus belle des manières.

Innocent Raphael (Le Républicain du 12 Novembre 2015)