M. Djingarey Maïga

Djingarey Maïga:  »Il a manqué une politique cinématographique efficace »

Depuis cette nuit mémorable d’un soir du mois de juin 1952 où il entra pour la première fois dans une salle de cinéma à Gao, Djingarey Maïga n’a plus nourri qu’une passion : faire des films, devenir cinéaste. Il n’avait alors que 14 ans. Cet amour pour le cinéma, doublé d’une détermination inébranlable, a fini par faire de cet homme l’une des grandes figures du 7ème art nigérien. L’auteur de la série des  »Noirs » (le mot noir revient toujours dans les titres de ses films).

M. Djingarey Maïga a commencé le cinéma en 1965-1966 aux côtés de Moustapha Alassane, Jean Rouch et Jean-Pierre Olivier de Sardan. Ces deux derniers étaient alors chercheurs à l’Institut de recherche en sciences humaines. Assistant au début, Djingarey Maïga, participa au tournage des premiers films de Moustapha Alassane à savoir  »Aouré » (Mariage) et  »Le retour d’un aventurier ». Mais il fut définitivement engagé en 1968 après avoir quitté la Nigelec pour se consacrer uniquement au cinéma. En 1969, il participe au tournage de  »FVVA »(Femme, voiture, villa argent) de Moustapha Alassane, à Ouagadougou. C’est par la suite qu’il approche Jean Pierre Olivier de Sardan pour lui faire part de son intention de tourner un film. Ce qui fut fait en 1972 avec  »le ballon », un film sur le football nigérien.

En fait, dans ces années de gloire du cinéma nigérien, indique M. Djingarey Maïga,  »les cinéastes ont bénéficié de la disponibilité des moyens techniques à l’IRSH (caméra, table de montage, rampe de mixage, etc) qu’on trouvait rarement ailleurs dans les pays d’Afrique noire ». Ces matériels ont été acquis grâce à Boubou Hama, à la suite d’une de ses visites à l’IRSH. Il y avait également, souligne-t-il,  »la disponibilité et les appuis divers du directeur de l’IRSH, M. Djouldé Laya. Ce dernier les appuyait financièrement pour aller développer les pellicules en France. C’est grâce à ce matériel et à cet appui que j’ai tourné mon premier long métrage,  »L’étoile noire » (1h 20 mm).
Depuis lors, Djingarey Maïga se consacra résolument au cinéma. Il tourna successivement « Nuages noirs », « Aube noire », « Lueur noire », « Vendredi noir », et actuellement, nous a-t-il confié, il a en chantier un autre long métrage intitulé « Quatrième nuit noire » et qui traite de la corruption au Niger.

Pour Djingarey Maïga,  »les cinéastes nigériens manquent de moyens pour faire du cinéma, en l’absence d’une politique cinématographique à même d’impulser notre cinéma. Le Niger a des cinéastes, mais il a manqué un appui conséquent et constant.  »La seule fois où quelque chose a été fait, c’est quand le Président Kountché avait débloqué 20 millions de francs CFA pour encourager les cinéastes. Mais après, ce fut grand et long silence ».
Cependant, reconnaît M. Djingarey Maïga,  »on observe ces derniers temps quelques efforts du côté de l’Etat pour faire revivre le cinéma nigérien, car on a compris que le cinéma est non seulement un art, mais aussi une activité économique et commerciale qui peut générer beaucoup de ressources financières et des retombées dans beaucoup d’autres secteurs ».

C’est peut-être pour cela, estime Djingarey Maïga, que le gouvernement a décidé d’allouer une enveloppe budgétaire de 300 millions de francs CFA Sen vue de relancer le cinéma. Par rapport à la loi récemment votée sur la création d’un Centre national de la cinématographie, Djingarey Maïga pense que cette initiative risque de décevoir.  »On a vu des écoles de cinématographie qui ont déjà échoué. J’aurais préféré des appuis directs aux projets des cinéastes », déclare-t-il.

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