L’expression hausa « kuna bakin wake » traduit parfaitement ce jeu de quitte ou double, décidément l’option téméraire de Hama Amadou pour mettre fin à sa cabale d’un an. La légende rapporte que dans un royaume des ancêtres, un fils capricieux du roi avait pris gout de faire sa cavalcade quotidienne sur un jeune de son choix parmi les enfants du bas peuple. Lorsque le tour de Bakin Waké arriva, ce dernier avait pris soin de s’assurer que le grand bûcher du village était bien vif et même hyper vif.
Alors portant à son dos le fils du roi comme un cheval, Bakin Waké avait mis un terme à cette désobligeante chevauchée dans ce four public où ils périrent lui et son bourreau. Il libera ainsi les jeunes du village de l’abus du pouvoir. Et cet acte légendaire n’en finit pas d’inspirer les terroristes de tout acabit.
Mais, il y a lieu de préciser que Bakin Wake n’était pas en conflit avec la loi ou supposé l’être. De ce fait, c’est un révolutionnaire, un libérateur qui a mis en évidence la témérité dans sa version la plus achevée.
Ainsi donc, Hama Amadou est-il sur les traces de Bakin Waké ? Après avoir passé un an d’évasion et de défiance de la justice nigérienne, comment comprendre cette témérité subite ? Pourtant c’était lui-même qui a dit au monde entier que la témérité n’était pas une de ses meilleures qualités.
C’est désormais clair et limpide : demain Samedi 14 Novembre à 16 heures via Air France Hama Amadou atterrira à Niamey et entend se présenter au juge. Ce qu’il aurait pu faire en temps utile. Et maintenant ce serait trop tard puisque n’étant plus dans une situation normale d’un citoyen qui voudrait poser un acte volontariste. Le réflexe en amont de tout homme d’Etat lorsque son honneur et sa dignité sont en cause.
Deuxième personnalité du régime, Hama disparait dans la nature « sans laisser d’adresses ». Et pas seulement cela : il a passé son temps à vilipender son pays et ses institutions un an durant. Et maintenant se présenter devant la même justice qu’il a dénoncée, lui préférant la justice d’un autre pays, il y a là des limites franchies qu’aucun Etat sérieux ne saurait tolérer. Et nous ne doutons nullement que Hama rendra des comptes de ses actes.
Ce jeu du quitte ou double, ce choix politique de vouloir créer la chienlit dans le pays ne saurait prospérer car les révolutions et mêmes les révoltes ont besoin du bon sens et de la suffisante motivation pour mettre en branle le corps social et politique. Dans le cas d’espèce, s’embaucher dans une telle mésaventure, ce serait s’engager dans une sédition, une rébellion comme celle de n’importe quel vulgaire terroriste.
Prendre un tel risque c’est donc se mettre en conflit avec la République et ses lois. Et tous ces appels à la violence sur les réseaux sociaux et souterrains ne visent qu’à instaurer un état ténébreux dans l’espoir d’un raccourci du processus démocratique à trois mois des élections générales.
Et comme certains sont amnésiques, le cas burkinabè devait les convaincre que ce serait un coup d’épée dans l’eau de vouloir attenter à la stabilité des institutions à la veille des élections générales. Et pour amuser la galerie, on se rabat sur des subterfuges : les récusations légendaires des institutions chargées des élections et la mise en accusation du président de la République pour haute trahison !
Disons le tout net : il y a une véritable volonté de commettre une sorte de délit d’initié par l’opposition nigérienne. Pour avoir géré l’Etat, il est pitoyable et irresponsable de la part de ces leaders de vouloir frontalement défier l’Etat et exposer les citoyens nigériens qu’on prétend gouverner à des périls majeurs.
Non. A la vérité, la voie royale pour faire valoir ses prétentions c’est la quête du suffrage du peuple. Une opposition républicaine ne prêche l’alternance que dans et par les élections. Pour le cas spécifique de Hama Amadou : on le comprend car en se mettant dans la position d’outsider, il n’y a pas 36 solutions pour attirer l’attention sur lui que ce jeu de quitte ou double. Car Machiavel en creusant la psychologie humaine avait observé cette réalité : « La soif de dominer est celle qui s’éteint la dernière dans le cœur de l’homme. »
Ainsi donc l’opinion est fixée depuis hier. Comme un oracle : Hama Amadou arrivera demain. Il s’introduira au gnouf ! Et après ?
ems