Lettre ouverte à son Excellence Hama Amadou

Excellence,

Depuis votre départ inopiné du pays, je me pose de questions en tant que femme, en tant que nigérienne tout simplement. Mais l’annonce de votre retour au bercail par vous-même et vos partisans m’a motivée à vous adresser la présente.

D’emblée, je voudrais vous rappeler quelques principes qui nous (les femmes) tiennent à cœur dans nos rapports avec vous les mâles et secundo vous dire mon point de vue sur le sort des bébés stigmatisés (les vôtres et ceux des autres).

Excellence,

Contrairement à vous les hommes qui êtes attirés avant tout par la beauté chez une femme, en règle générale le critère d’une femme dans le choix de son homme c’est d’abord la sécurité. La sécurité d’abord au sens de protection. Et cela semble être l’ordre naturel des choses car nous sommes physiquement faibles rapport à vous les hommes.

Cette réalité vécue dans les sociétés primitives où les qualités guerrières, la force physique attirent les femmes vers les hommes est aujourd’hui encore la même : les femmes sont attirées par les hommes supposés les protéger sur tous les plans ainsi que leur progéniture.

Quand une femme qui comprend cela dit oui à un homme, c’est qu’elle a l’intime conviction que ce dernier est prêt à mourir pour elle. C’est pourquoi, je pense que votre décision de revenir au pays pourrait être une seconde chance pour séduire de nouveau vos épouses car je vous fais la confidence : lorsqu’un homme fui en laissant sa femme,  au féminin nous décodons comme message « Il n’est pas un mâle, ce n’est pas mon homme ».

Excellence,

Si je me réfère aux règles de la séduction, c’est juste pour vous dire ce que j’ai ressenti en tant que femme lorsque vous avez quitté le pays pendant que votre épouse Hadiza était en prison. En me mettant à sa place, j’ai imaginé combien c’est pénible et grave à la fois la situation de vos épouses.

J’ai suivi vos explications et vous avez même annoncé au monde le soutien de votre initiative par ma sœur éprouvée. Je n’en disconviens pas et loin de moi de me mêler dans les affaires d’un couple.  Je sais que par amour une femme est aussi capable de sacrifices extraordinaires.

Mais je vous demande, excellence, si le juge n’a pas été clément en accordant la liberté provisoire à Hadiza et les autres accusées, que serait votre état d’esprit ? Et dans ce cas que serait le sentiment de Hadiza  justement?

A lire aussi….LETTRE OUVERTE À MA SŒUR FACEBOOKEURE

Excellence,

En tant que femme, j’ai une pensée pour tous ces bébés blâmés, ces enfants qui ignorent tout présentement mais qui seront marqués à jamais de cette blessure. Et votre fuite n’arrange en rien les choses car si vous avez pensé au sort de ces enfants vous allez faire de votre possible pour que le plus rapidement du monde ce dossier se referme soit en faisant un test ADN soit en faisant face à la justice.

N’oubliez pas, excellence, en dehors de vos jumeaux, il y a plus d’une bonne dizaine d’autres enfants concernés dans cette affaire. Je pense que vous n’auriez simplement pas dû refuser de vous laver et aussi protéger ces bébés.

Je salue donc votre volonté de rentrer enfin au pays pour assumer votre destin au lieu de vous dérober de la justice. Si effectivement comme vous le dites, il est établi par la justice que vous êtes victime d’un complot politique alors cela vous grandira.

Je pense qu’en fuyant vous n’avez pas mesuré l’ambition qui est la vôtre à savoir devenir le président de tous les Nigériens. A mon avis, vous auriez accepté de vous-même de vous mettre à la disposition de la justice pour sauver votre honneur et celui de votre famille.

A lire aussi….LETTRE OUVERTE AU MINISTRE DE LA SANTÉ

Excellence,

Soyez alors un homme. Rentrez au pays. Cessez d’annoncer sur les medias que vous rentrez. Quand on veut rentrer chez soi, on rentre tout simplement car j’ai entendu Amadou Oumarou « Bonkano » dire que « celui qui a perdu son pays a tout perdu ».

Je sais que vous avez été très éprouvé par cette affaire mais il faudrait admettre vous vous êtes aussi fait violence vous-même en  prolongeant l’échéance de votre procès. Pourtant faire face à la justice c’est la seule condition pour bénéficier du soutien de votre parti qui vous a choisi comme candidat à la prochaine présidentielle.

Dans l’espoir d’avoir vos réponses à mes préoccupations, je vous souhaite un bon retour au pays. Et bonne chance au procès et aussi à l’élection présidentielle dont vous êtes le premier candidat déclaré.

Oumou Gado