ARDR/FPR : du procès d’intention à la mise en accusation…

C’est Euripide qui a dit : « Les ruses et les machinations ténébreuses ont été imaginées par les hommes pour venir en aide à leur lâcheté ». Cette opinion sied bien avec l’attitude de l’opposition nigérienne. Incapable d’initiatives historiques, L’ARDR/FPR opte décidément pour la quête d’un raccourci en demandant purement et simplement la mise en accusation du président de la République en prétextant une affaire de droit commun.

Nous sommes en précampagne électorale. Tous les moyens sont bons pour détruire l’adversaire. Les électeurs ne sont pas dupes. Les nigériens de tout bord sont d’avis que la  lumière soit faite sur cette rocambolesque affaire de trafic de devises. Tout esprit épris de justice et de bonne gouvernance ne saurait cautionner une telle aberration. Le gouvernement doit dire aux nigériens ce qui sait exactement passé.

Mais de là à en faire un usage politicien, il y a des limites à ne pas franchir. Pour tout observateur critique du discours politique, au-delà du contexte favorable au jeu politicien, il faut dire qu’à travers cette initiative, l’opposition voudrait faire diversion face à l’impasse dans laquelle elle s’est plongée. En effet, obligée d’affronter la réalité électorale après avoir trainé dans la boue la Cour Constitutionnelle avec laquelle elle est tenue de composer, l’ARDR/ FPR voudrait se couvrir la face par cette fuite en avant.

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La sentence est sans appel : « En tout état de cause, le Front Patriotique et Républicain (FPR) considère que le Président Issoufou Mahamadou n’est plus digne de la confiance placée en lui par le peuple nigérien. » A en croire les opposants actuels, le scandale c’est le propre du gouvernement la 7ème République oubliant leur gestion tumultueuse de 10 ans où les journalistes et autres mal pensants gardaient prison en lieu et place des gens qu’ils dénonçaient.

N’est-ce pas le monde à l’envers lorsque certains de nos opposants assez « civilisés » avaient accompagné Tandja sur toute la ligne dans son parjure ? N’est-ce pas le monde à l’envers que ceux qui ont détourné l’argent destiné à l’école, à la famine, à la santé des nigériens s’érigent en justiciers et donneurs de leçons sans vergogne ? N’est-ce pas le monde à l’envers pour ces opposants assez « civilisés » et fiers d’avoir dans leur rang des trafiquants de bébés (présumés) ? On le voit, le scandale, ARDR/FPR ne connait pas.

A la vérité, l’ARDR/FPR a juste changé de fusil d’épaule : passer du très  chronique procès d’intention de concassage de leurs partis à cette demande de mise en accusation du président Issoufou. Ce dernier disait d’ailleurs à Jeune Afrique à propos de ce procès d’intention : « Il n’y a pas de concassage. J’ai proposé un gouvernement d’union nationale. Certains partis l’ont accepté, d’autres pas, et j’ai décidé de travailler avec ceux qui le voulaient bien. Si des partis politiques se sont divisés, leurs directions en porte l’entière responsabilité. »

C’est cela le vrai débat.  C’est cela le dilemme entre l’opposition actuelle et le président de la République. N’est-ce pas absurde qu’un berger impute à une tierce personne la dispersion de son troupeau ? On le sait les arguments de l’opposition ne résiste pas à l’analyse du moment où politiquement c’est une contradiction dans les termes  de prétendre que votre adversaire a divisé votre association politique. Et le paradoxe c’est que ces opposants ou adversaires à Issoufou ne se gênent même pas à le chanter comme des perroquets à travers le monde.

Dans cette lancée, on se rend compte véritablement que l’opposition nigérienne ne donne aucune impression de prendre les prochaines élections au sérieux. Du moins elle fait mine de ne pas être très engagée. Et pourtant, lorsqu’on fait face à un adversaire qui a un bilan même si vous semblez le dénigrer, il y a de quoi prendre des précautions car il se trouve que ce sont les nigériens qui vont juger les actions des uns et des autres.

Le président sortant se délecte lui au moins : « J’ai un programme je le mets en œuvre. Ceux qui me critiquent aujourd’hui n’en ont aucun. » Et c’est le grand défi ainsi lancé à l’ARDR/FPR. Comment ce regroupement pourrait-il convaincre les nigériens qu’ils constituent une alternative plus crédible qu’Issoufou Mahamadou ? Qu’est-ce qu’ils allaient mettre en avant : leur gestion passée ou leur opposition amorphe face à l’opposant historique qui a su faire rêver tout le peuple ?

C’est dire que l’ARDR/FPR doit faire face à cette réalité pendant qu’il est temps. Une opposition républicaine n’a d’autre recours que les élections pour se faire valoir pas une quête d’un raccourci qui ne peut que retarder notre peuple qui n’entend pas que ses acquis soient remis en cause. C’est en acceptant résolument à aller aux élections que les nigériens apprécieront la bonne foi et la qualité républicaine de notre opposition. C’est en ce moment seulement que les nigériens diront avec Feu Sogolo : « Jama’a yan kalo, ko wa fadu ace an kasai ». Autrement dit, que le meilleur gagne !

Tiemago Bizo