Ce roman n’est pas fleuve, mais épais. Avec près de 270 pages, quel bonheur pour les lecteurs en quête de sensations littéraires ! Car le livre sent bon. Il y a le récit romanesque qui nous balance agréablement en campagne et en ville ; des personnages loufoques et attachants naïfs et sincères timorés et rêveurs… Le tout sous une plume alerte, balzacienne en tous points supérieure à son œuvre précédente forte de quelques 9 livres composés de nouvelles comme »misères et grandeurs ordinaires » (Editions Cheminante 2008 réédité en 2014), de recueils des poèmes »Le Cri inachevé » (Imprimerie Nationale du Niger 1984) et de prose »Talibo, un enfant du quartier » 1996. On commettrait un péché mignon en occultant sa nouvelle écrite en langue nationale zarma intitulée »wa sappé se » qui veut dire »Votez pour moi » en 2003.
Malgré tout, le livre donne des frissons surtout venant du titre »la Parenthèse du fleuve », éditions Tombouctou 2015 nous rappelle en effet l’un des chefs d’œuvre de l’écrivain et dramaturge congolais Soni Labou Tansi qui porte le titre, de » Parenthèse de Sang suivi de Je soussigné cardiaque (Hatier 1981). Mais en l’ouvrant aucune comparaison ne saute aux yeux. D’autant plus que l’un est une pièce de théâtre et l’autre un roman.
Près de huit chapitres composent ce roman dont les plus suaves sont »les rêves impossibles », »les enfants du macaroni », »secrets du village », »on a tirés sur cajou » et »les vents tournent ». On peut s’étonner d’ailleurs de ce qu’un roman soit divisé en chapitres. Le genre généralement s’en passe !
Barro le personnage central – on ose l’affirmer -, n’est autre que Adamou Idé lui même ; son mentor Siddo n’est autre que le professeur de lettres de l’université célèbre de vivant (il est décédé il ya une dizaine d’années). C’est d’ailleurs à ce dernier que le livre est dédié sous le libellé »A la mémoire de Siddo Issa qui fut arraché très tôt à notre affection ». Bref, pour tout celui qui connait Niamey et ses quartiers en l’occurrence Haro Banda et l’université où l’auteur décrit avec force détail la bataille sanglante entre forces de l’ordre et étudiants lors de la démocratisation du pays en 1990, comprend que l’auteur a triché… des réalités vécues. Que dire de plus que toutes les œuvres romanesques sont échafaudées sur ce dualisme de Rêve et Réalité.
La trame du roman est conduite par ce même Barro, étudiant brillant qui ambitionne »coute que coute » de devenir écrivain. Célèbre. Et il le deviendra surtout grâce au concours du professeur de lettres modernes Siddo.